"L’argument avancé par Anne-Marie Payet sur la densité de population en métropole et à la Réunion ne tient pas car ici les débits sont surtout concentrés en centre-ville", selon Eric Tsang-King-Sang du syndicat des Tabac-presse de la Réunion.
Le syndicat est passablement agacé par les amalgames qui semblent persister dans l’esprit des politiques. "Ce n’est pas en réduisant le nombre de débits de tabac que vous réussirez à réduire le nombre de fumeurs. Je crois qu’Anne-Marie Payet est en croisade contre tout", résume pour sa part le syndicaliste qui revendique 80 adhérents, dont une moitié est directement menacée. "Pour réduire la consommation, seul le prix influencera les comportements".
"Pour une professionnalisation de la vente de tabac"
Loin d’abandonner l’idée d’une réforme peut-être nécessaire dans le milieu des vendeurs, Eric Tsang-King-Sang concède cependant que son syndicat, et même depuis le premier coup d’essai de l’amendement Payet, c’était en 2008, a toujours été "pour une professionnalisation de la vente de tabac", car dit-il "il ne s’agit quand même pas d’un produit comme un autre".
Il prend pour preuve ce qui peut se faire pour l’alcool avec des stages pour les vendeurs, histoire de les professionnaliser: "Le choix de la licence a été effectué mais ça aurait pu être celui des stages par exemple".
Parlant au nom des tabac-presse de l’île et beaucoup moins pour les boutiquiers "car notre syndicat n’y est pas réellement impliqué", Eric Tsang-King-Sang précise les conséquences d’une application non graduée de la mesure. "Pour les points de vente en galerie commerciale, il faut savoir que le tabac représente 40 à 50% de leur chiffre d’affaires". Pour lui, le Loto ou les jeux ne pourront pas combler ce manque à gagner.
L’antériorité de la mesure en métropole
Egalement en ligne de mire du syndicat, la stricte application de l’amendement en l’état: "Si vous interdisez la licence à tout débit se situant à moins de 200 mètres des écoles, des églises… il ne vous reste plus grand monde". En matière de comparaison, celle de la métropole est souvent invitée dans le discours du professionnel. "Anne-Marie Payet a fait du copier-coller par rapport à la métropole", métropole où "l’équivalent de la licence existait déjà avant que n’intervienne les interdictions. Ici, licence et interdiction tomberont en même temps". Il n’y a pas cette "antériorité de la licence", fustige le syndicaliste.
Enfin, concernant le point mis en avant par la sénatrice sur le caractère renouvelable de la licence qui se fera annuellement et non plus une fois pour toute, ce qui constituerait une manne supplémentaire pour la collectivité départementale, le syndicat des Tabac-presse reste perplexe. "Une licence chaque année c’est aussi une multiplication de la gestion administrative des licences, donc un coût pour le Département". Bref, un cercle vicieux dont les syndicalistes auront l’occasion de reparler très prochainement. Selon quelques indiscrétions, une réunion autour des élus du Conseil général se tiendrait ce jeudi.