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Lettre ouverte de Monique Orphé à Jean-Louis Lagourgue

La députée de la 6e circonscription, Monique Orphé, répond à travers une lettre ouverte à Jean-Louis Lagourgue, après le débat sur la CINOR et la polémique sur le projet "La vallée de l'innovation", implanté sur la plaine Gillot. "Aurais-je dû fermer les yeux sur un projet qui apporte une réponse à un défi majeur de notre société : la lutte contre le chômage et pour lequel nous avons une obligation de tout mettre en oeuvre ? A entendre M. Lagourgue, la Députée que je suis ne devrait pas s’exprimer sous prétexte d’élections municipales à venir ? Et si possible me taire jusqu’en 2015 voire 2017. C’est mal me connaître", souligne Monique Orphé.

Ecrit par – le dimanche 07 juillet 2013 à 15H49

La réponse de M. Lagourgue par voie de presse (lire notre article [ici]urlblank:http://www.zinfos974.com/Pour-Lagourgue-Annette-veut-placer-ses-pions-pour-maitriser-le-foncier-sur-le-bassin-Nord_a58673.html?com , ndlr) au débat qui a eu lieu le jeudi 27 juin à la CINOR n’a guère convaincu d’où la raison de cette lettre ouverte.

« Sur la forme, sombrer dans l’inélégance par l’utilisation de propos injurieux n’apporte rien aux débats et ne permettra pas de masquer certaines vérités. Sur le fond, aucune réponse sérieuse et crédible n’a été apportée à mon questionnement sur l’absence de mise en oeuvre d’un projet déterminant pour la CINOR alors qu’un consensus existe à ce sujet au-delà des clivages politiques et territoriaux.

Je rappelle à M. Lagourgue qu’il ne s’agit aucunement d’un projet communal mais d’un projet intercommunal. En effet depuis 1999 les communes de Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne ont délégué leur compétence économique à la CINOR et c’est de cette collectivité que relève toute initiative dans ce domaine. Et d’ailleurs c’est tout le sens de la création d’une Communauté d’Agglomération puisque le développement économique et l’aménagement du territoire en sont des compétences obligatoires partout en France avant même les questions d’environnement, de déchets. D’ailleurs, cet échelon a démontré sa pertinence pour mener à bien des projets d’ampleur et, dans la décentralisation acte 3, son rôle devrait être renforcé.

Je m’étonne qu’après en avoir été à deux reprises le Président, vous en soyez vous-même encore à des réflexes municipaux et vous n’ayez pas encore saisi tout l’intérêt de cette structure qu’est la CINOR. Vos réactions et leur niveau montrent que vous avez encore beaucoup de mal à en comprendre la portée.

C’est d’abord en tant qu’élue communautaire mais aussi en tant que députée de la circonscription qui recouvre ces territoires que je suis intervenue. Je me suis posée la question de savoir ce qui a poussé l’ancien Président de la CINOR cité en objet, maire de la commune concernée, à ignorer une note interne datée du 1er Mars 2011 et qui proposait d’impulser une nouvelle dynamique économique sur notre bassin d’emplois. Cette note de nos services de la CINOR, très précise, décrit la démarche et les procédures à mettre en oeuvre pour la création d’une nouvelle zone d’activité intercommunale.

« La vallée de l’innovation », puisqu’il semble se poser la question, est un projet inscrit dans le Schéma d’Aménagement Régional arrêté en 2011 par la Région. Il a été repris par le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) qui doit être arrêté en fin d’année par les élus communautaires dont je fais partie. Il concerne une zone stratégique puisque se situant sur 60 hectares de la Plaine de Gillot. Dans son Plan local d’Urbanisme (PLU) le maire de Sainte-Marie a inscrit 0 hectares pour l’aménagement de ce projet. Ce qui accroît encore plus mon inquiétude.

Or, ce projet est considéré selon les termes utilisés dans ces documents d’urbanisme comme « un projet phare destiné à favoriser certains créneaux de développement économique ». Il doit renforcer l’attractivité économique des territoires situés dans le bassin de la CINOR, un bassin qui depuis 2008 souffre d’un manque de dynamisme caractérisé au profit des zones de Cambaie et de Pierrefonds.

Mon attention a été attirée, à la lecture du document établi par les services internes de la CINOR, sur le potentiel d’emplois que ce projet pouvait générer : 5 900 emplois quand on sait que la Nouvelle Route du Littoral va générer 2400 emplois pour un investissement de près de 2 milliards.

Il relevait du bon sens que M. Lagourgue, à qui les services avaient adressé cette étude, réagisse non seulement en tant que Président de la CINOR mais également au titre de sa fonction de 1er Vice-Président de la Région, collectivité qui est le chef de file en matière de développement économique. Il aurait dû commander une étude de faisabilité et la soumettre aux élus de la CINOR. Et c’est vrai que tout est à faire aujourd’hui car nous avons perdu 2 ans. C’est une attitude impardonnable pour notre Département confronté à une baisse de l’activité économique et à un chômage massif (30 % dont 60 % chez les jeunes).

Je me suis vu remettre ce document il y a un mois à la suite du débat qui a eu lieu en mars dernier en Conseil de la CINOR et je n’ai pas manqué d’interroger tout de suite l’ancien Président sur l’absence de volonté politique de l’exécutif sur ce projet. Je lui ai rappelé que la création de l’emploi relève du secteur marchand, que les entreprises nous alertent sans cesse sur leur difficulté à obtenir du foncier pas cher pour installer leurs activités, que la situation des jeunes chômeurs devient intenable.

Et j’ai proposé au nouveau Président de commander rapidement une étude pour faire avancer ce projet. Aurais-je dû fermer les yeux sur un projet qui apporte une réponse à un défi majeur de notre société : la lutte contre le chômage et pour lequel nous avons une obligation de tout mettre en oeuvre ?

A entendre M. Lagourgue, la Députée que je suis ne devrait pas s’exprimer sous prétexte d’élections municipales à venir ? Et si possible me taire jusqu’en 2015 voire 2017. C’est mal me connaître.

Nos concitoyens attendent de leurs élus des initiatives destinées à résoudre les grands problèmes qui se posent à nous. La population de la CINOR qui compte aujourd’hui plus de 190 000 habitants passera à plus de 240 000 en 2030. Comment allons-nous demain les accueillir ?

Gouverner c’est Prévoir. La « vallée de l’innovation » est un projet d’aménagement ambitieux destiné à répondre à l’attente de nos jeunes sur notre territoire intercommunal. Notre responsabilité d’élus est de privilégier l’intérêt général sur l’intérêt particulier. C’est cette attitude responsable et solidaire que j’attends du maire de Sainte-Marie vis-à-vis de ses deux partenaires que sont Sainte-Suzanne et Saint-Denis. »

Monique Orphé

 

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