La Possession, le 24 juin 2014
Monsieur,
Je suis la Présidente du Collectif pour la Protection de la Grande et de la Petite Ravine des Lataniers à la Possession, un site naturel à la biodiversité exceptionnelle, protégé à divers titres :
– Espace de continuité écologique au SAR
– Espace boisé classé, relique de forêt semi-sèche
-ZNIEFF de type 1 et 2 ou vivent des espèces très rares, protégées parfois même en voie de disparition.
Un espace naturel jusque-là préservé mais le Conseil Régional dans le cadre de la NRL a tout de même tenté de faire modifier le Schéma Départemental des Carrières (SDC) pour pouvoir y inscrire ce site en tant que site d’extraction de roches massives. Heureusement par un arrêté du 18 avril dernier la Préfecture a refusé cette modification sur proposition de la DEAL, de la SREPEN et avis de la CDNPS.
Pour autant, la Région s’acharne à vouloir détruire ce site exceptionnel, confirmant dernièrement dans la presse que, malgré la décision du Préfet, elle n’abandonnait pas ce site d’extraction quitte à passer par une procédure plus longue en modifiant le SAR lui-même.
Dans le même temps elle annonçait abandonner deux autres sites d’extraction pourtant inscrits au schéma des carrières et moins impactant sur le plan écologique.
Loin des préoccupations de préservation de la biodiversité et quitte à détruire les derniers spécimens de certaines espèces végétales ou animales, la Région n’y voit qu’un lieu stratégique, proche du chantier de la NRL… Mais millions d’euros et autres mesures de compensation ne ramèneront jamais à la vie les espèces en voie de disparition décimées pour la volonté d’une poignée d’êtres humains.
Sur le site internet de votre fondation, vous indiquez vous-même que la biodiversité constitue un « ensemble qui assure le bon fonctionnement des écosystèmes. La disparition d’une espèce a le même effet qu’une maille coupée dans un pull-over : tout se détricote. »
Dans le Schéma de cohérence territorial –SCOT- du TCO approuvé le 8 avril 2013 on peut lire que « La survie d’écosystèmes relativement intacts dans les Mascareignes dépend donc de leur conservation à long terme sur l’île de La Réunion.
Le taux d’endémisme très élevé explique que le patrimoine biologique de La Réunion soit reconnu au niveau mondial. Le nombre d’espèces endémiques par km² y est trois fois plus élevé qu’à Hawaï et cinq fois plus qu’aux Galápagos. Dans l’Ouest de La Réunion, l’inventaire des espaces naturels à intérêt écologique avéré au travers de l’identification et description des zones naturelles d’intérêt faunistique et floristique (ZNIEFF) a abouti à la reconnaissance de près de 27 000 ha à ce titre, partagés à peu près à moitié entre celles respectivement de catégories 1 et 2. Les zones naturelles d’intérêt faunistique et floristique inventoriées en catégorie 1 sont celles qui présentent un intérêt biologique remarquable tandis que celles de la catégorie 2 sont constituées de grands ensembles naturels riches, peu modifiés mais où l’intensité de la biodiversité est moindre. »
Notre île est une boîte à bijoux de biodiversité, la Ravine des Lataniers reconnue en ZNIEFF de type 1 et 2 en fait partie! Il est temps de se réveiller, de réfléchir sur le long terme, pour notre île, pour la Planète, pour nos enfants, plutôt que de les sacrifier et sacrifier notre environnement exceptionnel pour des gains à courts termes plus qu’incertains.
Lors d’un discours adressé au gouverneur Isaac M. Stevens en 1854, un chef amérindien nommé Seattle a dit quelque chose qui malheureusement est toujours d’actualité : «Lorsque le dernier arbre aura été abattu, le dernier fleuve pollué, le dernier poisson capturé, vous vous rendrez compte que l’argent ne se mange pas ».
Espérant obtenir votre soutien dans notre combat pour la préservation de ce site et de sa biodiversité.
Bien à vous.
Stéphanie GIGAN
Présidente du Collectif pour la Protection de la Grande et de la Petite Ravine des Lataniers
Email : lataniers974@gmail.com
