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Lettre ouverte à Monsieur Henri Ribot

Monsieur, c’est avec un vif intérêt que j’ai suivi, dans la presse locale (Courrier des lecteurs), vos récents échanges avec Monsieur Jean Noël Payet à propos d’éléments de débat électoral dans le cadre des élections départementales 2015 sur le territoire du Tampon. En ma qualité de citoyen averti, je me permets de vous faire part […]

Ecrit par ?Imrhane MOULLAN – le jeudi 26 mars 2015 à 15H00

Monsieur, c’est avec un vif intérêt que j’ai suivi, dans la presse locale (Courrier des lecteurs), vos récents échanges avec Monsieur Jean Noël Payet à propos d’éléments de débat électoral dans le cadre des élections départementales 2015 sur le territoire du Tampon.

En ma qualité de citoyen averti, je me permets de vous faire part de mes humbles observations :

1- Le respect dû aux anciens fait partie de mon éducation et de mes valeurs ; aussi, je ne souhaite pas interférer sur la polémique liée à l’âge du maire en place, qui vous oppose à Jean Noël Payet.

2- Par contre, vous signez votre courrier de réponse en votre qualité d’ « ancien directeur général des services du Tampon », alors même que vous êtes sorti de votre paisible retraite au lendemain des élections municipales 2014, et que vous êtes, pour quelques jours encore au moins, employé de la commune du Tampon avec des missions en réalité équivalentes à celles d’un membre de cabinet du maire, du fait de la profonde confiance et de la loyauté sans faille, qui vous lient de longue date à Monsieur André Thien Ah Koon.

Je suis sincèrement scandalisé par la caution morale que vous tentez de donner à votre discours en signant de cette qualité noble (et vous êtes unanimement reconnu par vos pairs comme ayant été un DGS exemplaire autrefois), alors même que votre engagement politique actuel ne saurait être un gage d’objectivité de votre propos ! Vous dénoncez ainsi une présumée « manœuvre politicienne de dernière heure liée au contexte électoral » de ce Monsieur Jean Noël Payet, et en même temps vous tenez une position d’imposture identique vis-à-vis du lecteur et électeur lambda !

3- S’agissant de la question des moyens financiers de la commune du Tampon, vous imputez, à la lecture de votre courrier, cette responsabilité exclusivement aux maires précédents. Ce faisant, vous occultez complètement la profonde crise économique, financière et budgétaire qui atteint notamment toutes nos collectivités territoriales, contexte très difficile qui n’existait pas, vous le savez très bien, avant la démission de ses mandats, en 2006, de Monsieur Thien Ah Koon suite à sa condamnation judiciaire pour des faits peu glorieux.

Vous oubliez, et ce n’est pas involontaire, la baisse drastique et sensible des dotations de l’Etat aux collectivités locales qui, après avoir été gelées en valeur de 2011 à 2013 (d’où une diminution en volume du fait de l’inflation), ont sensiblement diminué depuis 2014 (et cela s’accentuera fortement chaque année jusqu’en 2017) sur décision du gouvernement actuel.

A l’instar de toutes les collectivités territoriales de France et d’Outre-Mer, Le Tampon est concerné par cette diminution de ses recettes de fonctionnement. Pourtant, la soi-disant gestion rigoureuse du maire actuel et de son équipe pour « redresser les comptes » se traduit dans les faits par des animations coûteuses à outrance depuis 6 mois, avec une communication de masse (panneaux 4×3, insertions dans les journaux, internet et Facebook, …) et un budget conséquent, en particulier quasiment tous les week-end depuis le mois de janvier jusqu’à fin mars 2015, soit au lendemain des élections !

Est-ce ainsi que l’on se serre la ceinture dans une « situation bloquée » ? En engageant des sommes choquantes aux yeux de l’opinion publique pour des évènements somptuaires portés directement par la commune, ou en allouant des subventions importantes pour certaines manifestations organisées a priori par des associations, dans le cadre de l’opération globale « Lé Ô, lé là », toutes comportant de manière visible le logo de la Ville (et accessoirement les numéros de téléphone des services communaux même lorsque les porteurs de projets sont sur le papier des associations), vous ne pouvez ignorer que de tels agissements peuvent poser problème au regard de la loi électorale qui interdit toutes nouvelles manifestations communales (fussent-elles camouflées via des associations para-municipales) et la promotion de la gestion d’une collectivité par ses élus dans les mois qui précèdent une élection, avec des sanctions prévues par le code électoral allant de l’annulation du scrutin à l’inéligibilité des candidats, en passant par le rejet des comptes de campagne et leur non remboursement …

En effet, le caractère massif et répétitif de ces actions nouvelles pour la plupart, très probablement à seule visée électoraliste, ne manquera pas d’interpeller et le Juge de l’élection utilement saisi, et le cas échéant le Juge pénal, sans oublier la Chambre Régionale des Comptes dans le cadre d’un prochain contrôle de la gestion de votre collectivité. En parlant de cette dernière, dont vous évoquez l’intervention (en 2012), permettez-moi de rappeler aux lecteurs et électeurs qu’elle a agi ponctuellement dans le cadre de sa mission de contrôle budgétaire uniquement (refus de vote du compte administratif, donc impossibilité de reprise du résultat excédentaire, d’où un budget primitif en déséquilibre lors de la même séance du conseil municipal), et non dans le cadre d’une mise sous tutelle – qui n’a jamais existé – de la commune du Tampon. Il faut cesser de radoter en renvoyant vaguement à ces vieilles histoires à dormir debout, il faut cesser de vouloir faire peur en tentant de ranimer les vieux démons de l’inconscient collectif tamponnais ! Nous ne sommes plus des enfants, et ce qui a pu trompé une fois ne trompe plus !

4- Enfin, vous vous interrogez sur la place des jeunes et demandez instamment « où sont-ils ? » ? Nous sommes là Monsieur Ribot, tapis dans l’ombre, travaillant sans relâche, tant par nos activités professionnelles que dans le cadre de nos activités bénévoles, pour que les choses bougent dans le bon sens au Tampon et à la Réunion, pour accompagner au mieux l’évolution de notre société, de ce monde qui se transforme avec une rapidité fulgurante.

Nous avons appris à apprendre, nous apprenons sans cesse, chaque jour qui passe ; lorsque le moment sera venu, lorsque les fruits seront mûrs, alors nous sortirons du bois. Notre société, que vous qualifiez sans vergogne de l’expression « en perte de valeurs » comme si c’était une vérité universelle, connait certes de profondes mutations à un rythme qui s’accélère sans cesse. Nous n’en sommes pas moins sans foi ni loi, bien au contraire : nos jeunes ont bien plus de principes sur le plan moral que vous ne semblez le sous-entendre.

Non, notre société n’est pas  » en perte de valeurs  » ! Je m’inscris en faux contre de telles allégations, contre ceux qui agitent le drapeau rouge pour mieux se faire passer comme de mythiques sauveurs ! Je suis en colère Monsieur Ribot. En colère, car j’estime qu’il n’y a pas de  » perte de valeurs « , mais un changement dans la hiérarchie des valeurs : celle-ci évolue en fonction notamment des époques, des lieux, des cultures, … La hiérarchie des valeurs diffère ainsi selon les sociétés. Et à l’intérieur d’une même société, la hiérarchie des valeurs diffère d’un groupe à un autre, d’un individu à un autre, en fonction de l’éducation familiale, des intérêts moraux et matériels, de la catégorie socioprofessionnelle, des croyances religieuses et philosophiques, des générations …

Si la hiérarchie de vos valeurs n’est pas la même que la mienne, ou celle des autres jeunes, je n’en respecte pas moins vos valeurs et leur ordre de priorité. Mais j’attends de tout un chacun qu’il respecte celles des autres, des anciennes comme des nouvelles générations ! Pour conclure, je vous rassurerai Monsieur Ribot en vous indiquant qu’il existe des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, dont la motivation est intacte, voire décuplée, malgré des lames de fond de l’Histoire comme le populisme dont le spectre resurgit malheureusement lors des périodes de crises, qu’elles soient économiques, sociales ou politiques. Vous aurez tôt ou tard l’occasion de le vérifier par vous-même, c’est tout le mal que je vous souhaite!

Imrhane MOULLAN Jeune citoyen du Tampon

 

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