Habiter trop loin d’un hôpital peut poser problème, même sur un territoire restreint comme La Réunion. Pas besoin d’habiter à Mafate, apparemment, pour connaître un accès restreint aux soins. Si la CGSS et les mutuelles prennent en charge les transports par VSL (véhicules sanitaires légers) et ambulances, certains patients vivant dans les Hauts disent ne pas y avoir droit… Les obligeant ainsi à prendre des taxis normaux, donc payants, pour se rendre à l’hôpital. Pour cause, des voyages trop longs qui, compte tenu de l’essence consommée et de l’usure du véhicule, n’inciteraient pas les chauffeurs de VSL à se rendre sur place.
« Ma mère avait besoin de soins tous les deux jours pendant un mois et demi. Son médecin à l’hôpital nous a donc donné un bon pour des VSL. J’ai appelé tous les taxis possibles et imaginables, même les ambulances, mais personne n’avait le temps de venir; aucun créneau dans le mois, explique une femme qui réside dans les Hauts et souhaite rester anonyme de peur que les taxis ne refusent de la transporter. Ma mère paye une mutuelle à 86 euros par mois et j’ai dû dépenser 40 euros à chaque fois que l’on devait descendre ».
Avec une somme d’environ 700 euros qu’elle aurait pu éviter. « C’est en discutant avec le personnel de l’hôpital et d’autres patients que j’ai réalisé que l’on était pas les seuls », ajoute-t-elle.
Selon Georges Idmont, ambulancier et ancien président du Syndicat des ambulanciers agréés de La Réunion, « il ne faut pas oublier que les conditions de remboursabilité du service régies par la loi déterminent dans quel cas un taxiteur de VSL ou un ambulancier sera remboursé par la mutuelle. Le mode de transport est prescrit au regard de l’état de santé et d’autonomie de chaque patient ». Entre autres, s’ils estiment qu’ils ne seront pas remboursés, ils ne prendront pas les patients, quelque soit leur localisation.
Il précise que le transport est remboursé si l’hospitalisation est complète, partielle ou ambulatoire, si l’affectation est de longue durée (et que le transport est en lien avec cette affectation) ou si la personne a été victime d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle (et que le transport est en lien avec la maladie).
Les patients seraient donc confus au moment où les professionnels de santé leur fournissent un « bon » de transport. « Ce n’est pas un bon mais une prescription, explique Georges Idmont, et une prescription ne signifie pas que le patient obtiendra un transport s’il n’a pas les critères de remboursabilité ». Il assure donc que les taxiteurs de VSL et ambulanciers qui refusent le service à un malade, le font après s’être renseignés auprès du patient de sa situation.
Or, la femme qui témoigne assure qu’aucun taxiteur ne lui a demandé des précisions sur l’état de santé de sa mère avant de lui refuser le transport.
S’il ne s’agit pas de mauvaise foi, est-ce peut-être un manque de moyens? Selon l’ambulancier, le département est pourtant bien pourvu, avec 131 VSL et 190 ambulances.
« Et 400 taxis conventionnés, ajoute Hugues Atchy, président de la fédération réunionnaise des taxis indépendants. Ce sont des taxis conventionnés par la CGSS ou les mutuelles pour transporter les patients. Tout dépend de leur disponibilité. Si un patient habite loin et a beaucoup de soins, cela pourra avoir un impact sur le prochain patient qui attend son taxi à une heure précise ». Tout serait donc une question de planning, selon lui, car les taxis conventionnés n’auraient pas le droit de refuser le transport d’un patient, « mais c’est vrai que l’on a aucun moyen de vérifier ».