La directive THPMD a déclenché les réactions hostiles d’internautes, et nombre de pétitions ont circulé sur la toile dénonçant les sombres desseins des lobbys pharmaceutiques, instigateurs soupçonnés de la mesure.
Or, les plantes médicinales ne sont pas vouées à disparaître, ni d’ailleurs à être vendues sous le manteau. Pas de danger donc pour nos tisanes péï. Simplement, les remèdes qui n’auront pas reçu l’aval des autorités sanitaires ne pourront être présentés sous l’étiquette de médicament.
« La directive concerne exclusivement les pharmacies. Il n’y aura strictement aucun impact sur les plantes traditionnelles« , précise Claude Marodon. Pour le président de l’Aplamedom, association des plantes aromatiques et aromatisées de La Réunion, la directive est une garantie de protection du consommateur, qui arrive à point nommé après le scandale du Mediator.
« Les gens ont besoin d’être rassurés. Sans compter qu’il s’instaure un engouement pour les modes de vie et de médecine naturels. Les baies de Goji sont par exemple en vogue pour leurs vertus anti-oxydantes, le Noni l’était au moment du Chikungunya. On profite de la crédulité des gens en vendant comme remèdes ancestraux des herbes qui n’ont rien de traditionnelles« .
Un encadrement et non une répression de la phytothérapie
Cette tendance n’aura plus sa place dans les officines, où toutes les préparations à base de plantes devront être soumises au même type de procédure que les médicaments. La directive prévoit une procédure d’enregistrement simplifiée pour les médicaments traditionnels. Comprenez, ceux dont on peut prouver un usage remontant à 30 ans au moins, dont 15 ans au sein de l’Union Européenne.
Que les propriétés curatives des tisanes et plantes locales soient reconnues ou non, leur vente restera autorisée si celle-ci répond à l’une des trois conditions. D’une part, il faudra détenir une licence. D’autre part, les plantes et tisanes devront être reconnues comme traditionnelles. Enfin, elles devront ne pas revendiquer des propriétés thérapeutiques.
Néanmoins, une préparation vendue jusqu’alors comme médicament peut tout de même l’être sous la dénomination de « complément alimentaire ».
En somme, la directive vise un encadrement de la phytothérapie et non une répression des méthodes traditionnelles de guérison.