« La situation sociale à la Réunion est très inquiétante », assure Jacques Bhugon, secrétaire général de la CGTR Automobile. Entouré des quatre secrétaires fédéraux et de certains membres du bureau, il montre du doigt « les grandes entreprises qui ont pu réaliser des gros profits sur les dernières années en se gardant de réinvestir une partie de ces profits à la Réunion ».
Dans le secteur automobile, l’accélération des licenciements et le cannibalisme intra-branche profiteraient, selon le syndicaliste, aux groupes Hayot et CFAO-CMM (Compagnie française d’Afrique de l’Ouest; Compagnie marseillaise de Madagascar), « qui sévissent depuis des décennies à la Réunion et dans la région », précise Jacques Bhugon sans mâcher ses mots. Il dénonce par ailleurs « les licenciements de petits groupes de 10 salariés sur un mois », ceci afin « d’éviter » le respect des procédures de licenciement et « échapper » à l’obligation de présenter un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi).
« La plupart des boîtes coulent en ce moment »
Au vu des effets de la crise, « la plupart des boîtes coulent en ce moment », observe le délégué syndical de la Sogécore. « On reste vigilants car on tire la tête de l’eau », assure-t-il. Sur le plan salarial, la CGTR revendique « l’ouverture immédiate des négociations sur les salaires dans la branche ». Elle veut également que soit « réactualisée la grille conventionnelle » et que soit attribuée la prime d’ancienneté.
Abrogation de la loi Perben
Depuis une Loi du 25 juillet 1994, la loi Perben, seules les conventions collectives nationales, dont le champ d’application le précise expressément, sont de droit applicable dans les DOM. Le syndicat compte solliciter les parlementaires afin qu’ils demandent l’abrogation de cette loi. « Depuis plus de 15 ans, les conventions collectives ne trouvent pas leur application dans les Dom », ce qui est interprété comme « une situation discriminatoire » entre les salariés métropolitains et réunionnais par le syndicaliste.
La CGTR souhaite d’ailleurs que les salaires des ouvriers soient révisés selon les grilles de la convention. « Dans de nombreuses entreprises de la branche, des salariés sont aux minimas conventionnels » qui sont inférieurs au Smic. « Ils sont payés sur l’avenant 52 à 1325 euros brut, soit un écart de 6% », explique la CGTR.
Jacques Bhugon appelle tous les salariés des entreprises de moins de 10 salariés, à savoir les TPE de la branche, à voter pour les élections des délégués syndicaux du 28 novembre au 12 décembre. « Ce scrutin vise à mesurer l’audience des organisations syndicales dans les TPE issues de la loi du 20 août 2008 relative à la démocratie sociale (…). Notre campagne électorale démarre le samedi 11 aôut et nous sommes en ordre de marche pour cette bataille », conclut Jacques Bhugon.