Si un incendie gigantesque sur les flans du Maïdo ne se produit que tous les quinze à vingt ans, les autorités en charge du site naturel n’ont pas attendu cette échéance pour répondre aux failles mises au jour il y a un an, à commencer par l’état critique de l’approvisionnement en eau des soldats du feu. En plein incendie l’année dernière, une retenue collinaire se trouvait ainsi, manque de chance, en pleine rénovation donc inutilisable. Des péripéties que comptent bien esquiver les autorités à l’avenir.
« En tout, ce sont quatre retenues d’eau qui sont actuellement disponibles » affirme Stéphane Hoarau, conducteur de travaux à l’ONF. Véritable témoin de l’évolution de la forêt du Maïdo depuis 14 ans, il reste incollable sur le sujet.
Parmi les anecdotes de l’incendie, qui auraient d’ailleurs pu finir au rang des mauvais souvenirs, Stéphane Hoarau raconte ce repli urgent en compagnie d’autres agents ONF, lorsqu’ils avaient été surpris par l’encerclement des flammes. De son premier grand incendie (le dernier ayant eu lieu en 1988), Stéphane Hoarau retient l’urgence de disposer de ressources en eau suffisantes. Pour faciliter le travail des soldats du feu évidemment et faire gagner un temps forcément précieux afin de préserver espèces tant végétales qu’animales.
L’agent de l’ONF nous présente la dernière née des retenues d’eau : celle de Ravine Tête dure. Sa forme en « huit » lui donne même un air « designé » en rigole-t-il. D’une capacité de 2.500 voire 3.000 m3, la retenue collinaire livrée en mai 2010, soit seulement cinq mois avant l’incendie, n’aura pas été de trop pour venir en aide aux sapeurs-pompiers. « Elle se remplit par un système de drainage avec les cailloux » situés en amont de la réserve qui servent finalement de filtre aux éventuels branchages par exemple. Trois autres retenues, celles de Timour, de Piton Fougères et de Trois-Bassins, avec 8.000 m3 pour cette dernière tout de même, complètent la panoplie. Des retenues qui peuvent aussi, et on l’oublie souvent, être utilisées par les hélicoptères se réapprovisonnant en stationnaire au-dessus du bassin, rappelle Stéphane Hoarau.
Du renfort dans toutes les lignes
Du millier de personnes impliquées dans la lutte contre le gigantesque incendie, toutes se souviendront sûrement du ballet incessant des camions citerne (voir la photo plus bas) contraintes de se ravitailler à des bouches d’incendie au niveau du Parc du Maïdo, plus connu pour ses luges. De ce point d’eau providentiel, les camions chargés devaient effectuer 5km de route pour arriver à proximité des principaux foyers qui rongeaient la forêt. Une contrainte supplémentaire que souhaitent éviter à l’avenir les autorités.
Du fait de ce manque d’approvisionnement direct sur site, 8 tonnes de matériel étaient même arrivés par la voie des airs, dans les soutes des pompiers du sud de la France venus en renfort. Des motopompes pour créer des points d’eau artificiels ou encore des bâches héli-transportables étaient venus compléter le tableau de la lutte. Plus désagréable pour les habitants de Petite France notamment qui ont dû subir des réductions de débit de l’eau à leur robinet.
Le « plan opérationnel feu de forêt » dévoilé en juillet par le préfet de la Réunion a mis sur pied un dispositif renforcé pour parer à toute éventualité de l’ampleur de 2010. Une centaine de sapeurs-pompiers ont ainsi été formés spécifiquement aux feux de forêts. Le matériel n’est pas oublié : 48 camions citerne feux de forêts (CCF), et 9 camions citernes de grande capacité pourront être déployés. Dans les airs, ce ne sont plus deux hélicoptères qui seront sollicités mais quatre.
La phase d’alerte maximum a été déclenchée le 1er août 2011. Elle s’achèvera le 31 janvier 2012.