Faisant cause commune depuis mercredi, les professionnels du photovoltaïque ne décolèrent pas. Le coup de rabot sur la défiscalisation ainsi que la diminution du crédit d’impôts de 50 à 25% compromettent les investissements dans l’énergie solaire dans les DOM. Réunis dans les locaux de l’Adir (Association pour le développement industriel de La Réunion) ce vendredi après-midi, les professionnels préparent leur riposte.
« La perspective est totalement assombrie », assure Michel Dijoux, dans le secteur depuis près de 20 ans. Pour lui, le photovoltaïque est « une filière qui a montré son excellence ». Denis Legallais, de la société Sowatt acquiesce : « l’Université de La Réunion a investi énormément dans la mise en place de formations pour former des techniciens locaux, aujourd’hui, tous ces efforts sont remis en cause ».
A l’île de La Réunion, le secteur représente environ 600 emplois directs. Il y a fort à parier que le marché se resserrera dans les mois à venir où ne subsisteront que les spécialistes du solaire. Il faut dire que le secteur avait eu tendance à bénéficier d’un effet d’aubaine grâce à la forte défiscalisation.
De trois installateurs il y a moins de dix ans, ils ne sont pas moins de 14 à se partager le marché aujourd’hui. Michel Dijoux, de la société éponyme, se veut plus catégorique : « je vais être franc, la disparition sur le marché des non-spécialistes du photovoltaïque, je le souhaite vivement. Il y a eu trop d’abus ».
Un manque de visibilité dans les décisions politiques
Le rabot du crédit d’impôt pour le particulier, passant de 50% à 25%, confirmé mercredi en Conseil des ministres, ramène donc La Réunion au taux pratiqué en métropole. Les particuliers hésiteront d’autant plus à s’engager.
Selon Patrice Galbois, de la Corex, l’écart de rentabilité entre un particulier habitant à Nice par rapport à un particulier de la Réunion était déjà paradoxal. A la Réunion, les risques cycloniques font que les installations ne doivent pas dépasser une certaine taille, si bien que même si le taux d’ensoleillement est plus élevé à la Réunion, un particulier réunionnais faisant le choix d’une installation gagne environ 1.000 euros de moins qu’un niçois.
Les professionnels regrettent que des mesures incitant à l’accession de l’île à l’autonomie énergétique soient remises en cause aussi tôt, alors que le photovoltaïque commence à faire ses preuves. Yan Rivière, de la société Gaïa, demande de la visibilité : « l’investisseur a besoin d’un horizon de quatre à cinq ans pour entreprendre. Les mesures ne peuvent être incitatives en 2009 pour devenir contraignantes un an plus tard ».
« Nous allons solliciter les parlementaires »
Les professionnels du secteur commencent tout juste leur conciliabule. Ces derniers pensent solliciter l’ensemble des parlementaires locaux, voire même se trouver des points communs avec l’inter-parlementaire domien, un groupe constitué d’une quarantaine de parlementaires des DOM-TOM.
« Nous demandons un soutien du gouvernement, il s’agit de soutenir la filière pour que dans quelques années le photovoltaïque ne coûte pas plus cher que le fioul ou le charbon à la Réunion », conclut Denis Legallais.