Aucune pancarte ni tintamarre dans l’enceinte de l’Etablissement Public de Santé Mentale de la Réunion (EPSMR) de Cambaie ce matin. En lieu et place, un débrayage plus ou moins suivi. Le personnel psychiatrique réfute le tournant donné au projet de loi sur la psychiatrie qui se veut plus sécuritaire selon leurs dires. Un projet réformant l’actuelle loi sur la psychiatrie de 1990.
« On mélange les soins, la sécurité, la psychiatrie et la criminalité », lance le Dr Patrick Tron, psychiatre délégué d’établissement du SPH. Ce dernier se fait le relais d’un mécontentement général du monde psychiatrique. En ligne de mire, un projet de loi qui rendrait les entrées des patients sous contrainte plus facile face à des sorties rendues plus difficiles.
Judiciarisation de l’entrée et de la sortie en psychiatrie
« Ce projet demande plus d’expertise alors même qu’il manque d’experts », ironise l’équipe médicale. Ainsi, l’entrée en tant que patient libre sera facilité, « on ne demandera plus l’avis de la famille », informe le Dr Georges Onde. « En gros, cela revient à dire que de votre propre gré vous prendriez la décision seule d’être un patient sans qu’il y ait besoin de poser une seule question à votre entourage », caricature-t-il.
L’entrée des patients dits « sous contrainte » se « judiciarisera » aussi avec l’obligation pour l’équipe soignante de transmettre un certificat médical au juge des libertés et de la détention dans les huit jours pour que ce dernier puisse rendre sa décision dans les 15 jours. Une recrudescence des actes qui s’en trouvera multipliée au moins par deux selon le Dr Jean-Philippe Cravero.
Alors qu’une tendance chiffrée sur l’année 2010 fait pencher le nombre d’entrées en psychiatrie libre à environ 75%, seulement 25% concernent cette hospitalisation sous contrainte. « Or, actuellement tout est axé sur ce dernier pourcentage. On fonctionne en mode dégradé », conclut le Dr Jean-Philippe Cravero.
La réforme, si elle poursuit son chemin législatif, est attendue pour le 1er août 2011.