Les tensions couvaient depuis « au moins un an ». Elles ont fini par exploser ce 29 novembre. Depuis 14h ce jeudi après-midi, les matelots des palangriers de la flotte de la SAPMER sont en grève. Les revendications sont portées par l’ensemble des organisations syndicales (CFDT, FO, CGTR). Leur mouvement empêche par exemple le palangrier « la Croix du Sud » de quitter le Port comme prévu ce soir. Plus aucun bateau de la SAPMER ne quitte le port Ouest sans une satisfaction totale des marins grévistes.
« Nous sommes 16 pêcheurs français par palangrier sur les 30 que compte l’équipage. On retrouve ainsi avec des marins de nationalité ukrainienne, indonésienne, malgache…, soulignent Idriss, Johann ou Daniel, qui ont tous entre 8 et 16 ans d’ancienneté. Nous souhaitons l’alignement des traitements par rapport aux matelots affectés aux thoniers de la SAPMER. Nous sommes de la même compagnie, nous voulons le même traitement ».
Si une partie de leur salaire est variable (en fonction du tonnage ramené etc), les matelots demandent une revalorisation de la part fixe, celle des « 750 euros par mois ». Affectés dans les TAAF, le « travail y est aussi plus risqué », nous assure un marin. « Nous n’avons pas de prime de risques », ajoute un autre.
La direction de la SAPMER est également vivement interpellée par les grévistes sur les congés. La première dit en offrir en plus alors que les pêcheurs assurent que ce sont des congés qui leur sont dus, du fait des heures supplémentaires qu’ils effectuent. « Nos congés payés, nous les calculons sur les 84 heures que nous effectuons lorsque la direction se base toujours sur les 35h », expliquent-ils.
La plus grande confusion régnait sur les quais du port Ouest cet après-midi en raison de l’absence de représentants syndicaux. Le représentant de la CFDT doit arriver vendredi matin, idem pour celui de la CGTR. Les négociations ne pourront réellement débuter que vendredi, malgré la présence du directeur d’exploitation de la SAPMER cet après-midi pour constater le blocage du bateau déjà armé. Ce dernier n’a d’ailleurs pas souhaité s’exprimer.
Les 4 palangriers de la SAPMER (l’Ile Bourbon, le Mascareignes, l’Albius et la Croix du Sud) partent en moyenne pour des campagnes de deux mois et demie. Leurs prises : la légine évidemment, mais aussi le grenadier ou les ailes de raie. « Il nous arrive de travailler 24h non-stop. Le travail est vraiment dur », explique un marin qui souhaite garder l’anonymat. L’abcès est crevé.