Saline-les-Bains, 10h, dans les murs de la grande salle de réception du centre Jacques Tessier, le directeur du centre instaure un dialogue en guise de bilan avec ses pensionnaires âgés de 12 à 17 ans. La semaine s’achève avec le coeur gros pour tous les gamins présents.
Le tour de table dure bien deux heures. L’occasion pour l’équipe d’animateurs -17 au total- de connaitre les remarques des enfants mais aussi de leur glisser quelques conseils pour le futur.
Les animateurs se lancent : « Moin la été surpris, mi di à zot, que quand mis voit un papier qui traîne dans zot chambres que personne i ramasse alors que lé devant zot zeux ». Un autre animateur : « quand un adulte comme moin i entend sorte de zot bouches des mots aussi durs pour des marmailles de zot âge, mi trouve ça vraiment choquant, mi assure à zot ». Une autre animatrice ne souhaite retenir que le meilleur : « c’est vrai qui faut répète à zot en deux fois pour le linge sale etc, mais ces 5 jours l’étaient vraiment intenses. Rêve ! Mais grandit pas trop vite ! » conclura l’intéressée. Le directeur Frédéric Gourouvin n’est pas le dernier à souligner que lors de l’arrivée de lundi, beaucoup continuent de reproduire les mêmes codes qu’ils peuvent avoir dans leurs quartiers respectifs. « Le respect » vis-à-vis des animateurs mais aussi de leurs parents clôturera une séance de débriefing salutaire.
Les enfants, eux, trouveront à redire sur des détails. Normal, l’équipe d’encadrement souhaite savoir ce qu’ils ont pensé de l’accueil ou des à-côtés. Des remarques qui feront rire l’auditoire seront tenues comme « proposer du chocolat au lieu de la confiture au petit déjeuner » aux plus sérieux « mise en place de cadenas sur les casiers ». La direction écoute, avant de promettre de tenir compte de ces remarques pour les prochains arrivants.
Les parents se battent pour avoir l’inscription
Frédéric Gourouvin, 37 ans, est devenu animateur il y a douze ans. Il connait bien les lieux et pour cause, lui aussi a bénéficié de cette colonie de vacances quand il avait dix ans. « Les jeunes sont exclusivement de Saint-Denis. Pendant 5 jours, du lundi au vendredi, ils sont logés ici, sur le domaine, avec des chambres séparées garçons/filles ». Les parents n’hésitent d’ailleurs pas à envoyer leur(s) enfants. Les tarifs sont imbattables, comme l’évoque le directeur. « C’est soit 60 euros par semaine, soit seulement 15 euros, en fonction du coefficient du revenu familial ». Le séjour, qui coûte forcément plus cher, est donc pris en charge, dans sa plus grande partie, par la CAF et la mairie du chef-lieu.
Iris, Brian, Jonathan et Vincent viennent du Chaudron et de Montgaillard, tous remballeront leurs affaires le coeur gros dans quelques heures. « Nou la bien amuse a nou, nou lé dans une bonne ambiance de camaraderie et nou rencontre d’autres personnes et les encadrants lé gentil », lance la jeune Iris, une habituée de la colonie de vacances. « Nous dirons ACM pour « accueil collectif de mineurs » au lieu de colonie » en rigole Frédéric Gourouvin, puisque le langage technocratique le veut.
Au cours de ces cinq jours, ces jeunes ont pu goûter aux joies de la plongée sous-marine, au surf, au trampoline,… Bref, tout ce qu’ils pouvaient imaginer avant de venir. Jeudi soir, moment solennel avant de replier bagages, un concert viendra entretenir l’espoir de pouvoir se réinscrire aux prochaines vacances.
Le centre a doublé sa capacité
« Moin la pas besoin de faire de communication sur le centre, les parents i appellent a nous en permanence parce que les marmailles que lé passé par ici i connaît que zot la amuse à zot, du coup zot i parle autour de zot ». Sans rire, Frédéric Gourouvin, ancien animateur qui endosse la responsabilité du centre depuis 2009, réplique sur le fait que son carnet d’inscription est plein. Le bouche à oreilles fait le reste. « Nous sommes passés à une capacité d’accueil de 50, puis de 75 pour finir à 90 enfants aujourd’hui« , preuve du succès grandissant du centre.
Midi, l’heure du repas arrive. Des bus attendront les enfants à 14h en ce vendredi après-midi. Direction le chef-lieu et fermeture d’une parenthèse ensoleillée pour des gamins « plus habitués au trafic de la grande ville, au béton, aux voitures » ajoutera Fred, appelé affectueusement ainsi par les enfants. Les vacances ne sont pas terminées mais le retour à la maison sonne déjà comme la fin d’un beau chapitre.