Les tensions économiques de 2009 ont beaucoup coûté aux entreprises artisanales. 2.000 emplois avaient été perdus au plus fort des secousses de la crise économique.
Le tableau morose n’en était pas resté à cette seule donnée. "Les artisans ont été nombreux à se plaindre d’un trop plein de charges d’exploitation et d’une perte évidente de trésorerie" avance Bernard Picardo.
Mais 2010 augure d’un tournant qui semble annonciateur d’une reprise. Additionné à une reprise des créations d’entreprises qui affiche une augmentation de 13% et d’un recul sensible des fermetures (-18%), les bons chiffres sont là.
2011 devra composer avec la défisc’ et le statut fragile des auto-entrepreneurs
Malgré ce tableau prometteur, "ce qui nous inquiète le plus ce sont les mesures de la défiscalisation ou encore le statut de l’auto-entrepreneur" poursuit le président. Des points d’interrogation dont les effets devraient être connus sous peu. Pour les auto-entrepreneurs, avec la période probatoire de deux ans qui se termine pour pas mal d’entre eux bientôt. Pour la défisc’, les conséquences seront visibles à plus long terme.
Sans surprise, parmi les 40.917 emplois dans l’artisanat réunionnais, le haut du pavé est tenu par les emplois dans le bâtiment (6.141 entreprises), suivis par le secteur des services (4.073 entreprises) pour un chiffre d’affaires, tous secteurs cumulés, ayant atteint 1,57 milliard d’euros en 2010.
Plombé par la crise, le secteur du bâtiment n’est pourtant pas celui qui a engrangé le plus de créations d’entreprises. Le BTP, qui reste toujours un indicateur fiable de la morosité ambiante, se révèle une nouvelle fois juste. C’est le secteur alimentaire au contraire qui affiche un +8,3% par rapport à 2009 indique le responsable de l’Observatoire Economique de l’Artisanat, Nadjib Vali.
Autre graphique plus probant : la création d’entreprises est passée d’un poussif 1.489 créations en 2009 à un encourageant 2.055 en 2010. Un dernier chiffre qui vient se caler dans la moyenne de toutes les années précédentes, à l’exception évidemment de 2009, année noire. Pendant le même temps, les radiations d’entreprises sont passées de 1.414 en 2009 à 1.165 radiations en 2010.
L’apprentissage : un autre indicateur
Se décollant du sacro-saint "création-radiation" qui suffisent pourtant à donner un indicateur crédible, Bernard Picardo a voulu attirer l’attention sur l’augmentation significative du nombre d’apprentis inscrits dans des sections de diplômés de niveau 4 et plus. Une vraie réussite. Ainsi, 665 jeunes, représentant 31% des apprentis, y sont désormais comptabilisés, soit 89 de plus qu’il y a un an (+14,5%).
Pourtant, les effectifs inscrits en apprentissage se situent cette année à un niveau légèrement inférieur à celui de l’an passé (-3,2%). 2.111 apprentis sont ainsi dénombrés dans les cinq centres de formation de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Réunion au 31 décembre 2010. Ce nouveau recul, qui intervient après celui de 2009 (-9%), confirme le tassement des effectifs au-dessus de la barre des 2.000 apprentis.
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Quelques chiffres :
L’artisanat à la Réunion c’est plus de 40.000 actifs répartis en quatre secteurs. Les différents corps d’état du bâtiment, avec 43% des entreprises, constituent le premier secteur en nombre d’actifs. Les activités de services qui rassemblent entre autres des mécaniciens, taxiteurs, ambulanciers et coiffeurs occupent un peu plus de 28% des entreprises. Suivent les activités dites de production (17%) et celles de l’alimentation (11%).
Bien que s’agissant avant tout de Très Petites Entreprises (TPE), 4% des artisans inscrits au Répertoire des Métiers exercent avec un effectif supérieur à 10 salariés, ce qui représente tout de même un quart des emplois.