Ils s’étaient pourtant promis le secret ! On allait occuper les gogos avec les chaussettes de Fillon et les rapports réels que le sarthois entretient avec sa galloise , pendant le tournoi des six nations de rugby , parce qu’il parait que Pénélope avait espéré jusqu’au bout.
Et puis patatras . Sorti d’Outre Tombe , voilà que Madelin la ramène et cause dans le poste !
Les fonds de pension à la francaise , le seul sujet qui vaille et qui justifie que la grande finance se soit rangée derrière Macron . Tous ensemble ! tous ensemble ! ouais !
C’est une sorte de serpent de mer. Une idée qui revenait sans cesse, mais qui ne semblait jamais devoir aboutir , tant elle est contraire à notre culture nationale , attachée aux mécanismes de solidarité inter générationnels dont le système par répartition est l’expression.
Et pourtant cette fois-ci , un candidat , Emmanuel Macron , bénéficiant largement de l’appui des orphelins du hollandisme , a soulevé le couvercle de la boite .
Les fonds de pension à la française sont bel et bien au programme de Macron .
Et Alain Madelin , le très libéral ancien giscardien , fondateur du mouvement Occident , qu’on pensait retiré de la politique , sort du bois et applaudit à cette idée géniale .
Trois arguments sont avancés pour justifier la bascule :
– la France est privée des fameux fonds de pension et se trouve donc exposée aux mouvements de capitaux étrangers . Notre nation et les amis de notre nation doivent disposer , soutiennent ses promoteurs , de nouveaux des leviers financiers , tels que ceux qu’on sait manier chez Rothschild ans Co ;
– les mécanismes de solidarité intergénérationnels auraient montré leurs limites et l’Etat en a franchement marre d’assurer l’infirmerie , en réajustant tous les 5 ans ces foutus paramètres des trimestres validés , de décote ou de surcote , d’âge légal de départ , avec les syndicats en permanence dans la rue .
– Les nouveaux actifs , de la génération 2.0 , ne peuvent plus espérer bénéficier d’une carrière linéaire longue , leur ouvrant droit à suffisamment de trimestres validés , autant donc qu’ils se débrouillent tout seuls.
Les fonds de pension, symboles de la retraite par capitalisation , viendrait donc judicieusement mettre fin à notre système par répartition. Nous étions pourtant prévenus : les fonds de pension ont déjà été mis en avant par la loi Macron et le projet de la loi Sapin. Mais nous sommes trop distraits et nos syndicalistes , pourtant payés pour assurer la veille , trop désœuvrés !
Problème cette façon de voir les choses suscite toujours dans notre pays une vive opposition.
Il faut donc changer l’emballage et bien dire qu’on fera ça « à la française ».
Un fonds de pension « à la française », c’est quoi ?
Au-delà de tous les artifices de présentation , la mécanique fondamental est toujours le même : le salarié se constitue une épargne pendant sa vie active et il en récupère les fruits au moment de son départ à la retraite. Cette épargne est évidemment placée par l’organisme qui en a la gestion . Votre argent va travailler pour vous , comme on dit !
Pour ne pas effrayer les foules et éloigner l’image des tout-puissants fonds de pension américains Macron et d’autres ont appelé ça les « comptes notionnels ». En fait il s’agit tout simplement d’ exprimer en points et non pas en monnaie la valeur de votre capitalisation et ses variations dans le temps . L’assureur fixe une valeur d’acquisition desdits points et une valeur de récupération in fine pour l’épargnant , transformée alors en contrepartie monétaire , à partir de la valeur du point , avec des ajustements en continu. Et voilà la manip !
Et évidemment au bout du compte , comme vous pouvez vous en doutez , on peut avoir quelques surprises , comme au casino.
C’est déjà le système appliqué aux retraites complémentaires du privé ( AGIRC- ARRCO ) et on se souvient de la décote d’octobre 2015. Dans le public un système équivalent a été mis en place en 2005 : la retraite additionnelle de la fonction publique ( ERAFP) ,avec des cotisations assises sur les rémunérations supplémentaires . Donné en gestion à la Caisse des dépôts et consignation , il est venu compléter des dispositifs volontaires d’épargne capitalisée dont le plus connu est la PREFON .
Des surprises me direz vous ? Si le gestionnaire de votre épargne a fait de mauvais placements , au moment de la récupération de votre épargne , c’est vous qui payez l’addition .Les californiens s’en souviennent avec le « californian public employees retirement system ( CalPERS ) » , le plus important fonds de pension public américain, dont les actions ont perdu plus de 30% de leur valeur au moment de la crise de 2008.
Effrayant tout cela évidemment !
Pour ne pas créer la panique on présentera le système comme une offre complémentaire .On vous dira que ça existe déjà et que ce ne sont en fait que des complémentaires venant compléter d’autres complémentaires et qu’au final cela ne changera pas radicalement les choses.
L’essentiel c’est d’enclencher le mouvement.
En réalité, les premiers concernés qui attendent la manne céleste sont évidemment les assureurs eux-mêmes , les copains de Macron . Une telle réforme va en effet leur ouvrir des vannes d’un côté et des portes de l’autre en matière d’investissements spéculatifs , sur des actifs de plus en plus risqués ,opportunités auxquelles ils n’avaient pas accès du fait de la règlementation financière.
On vous soutiendra que les bénéficiaires finaux seront les entreprises elles-mêmes , que ces fonds de pension génèreront des nouveaux flux financiers vers elles .
Mais pourquoi diable ce que refusent aujourd’hui les banques aux entreprises , les fonds de pension l’accepteront demain . Et que font les banques de notre épargne ? Il parait que nous avons le taux d’épargne parmi les plus élevés du monde ( 16 % de notre revenu brut disponible) , alors que les américains qui usent et abusent des fonds de pension, ont , dans le même temps , un taux d’épargne quasiment nul ? Allez savoir .
Soyons optimistes, Macron et Madelin n’ont pas encore gagné la partie .
Lors de ma prochaine causerie je vous parlerai de l’augmentation de 1,7 points de la CSG , ou comment échapper à la progressivité de l’impôt , autre mesure phare de Macron .