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Les fonds de pension selon Macron

Ils s’étaient pourtant  promis  le  secret ! On allait   occuper les  gogos  avec les chaussettes  de  Fillon  et les rapports  réels  que  le sarthois entretient  avec sa galloise , pendant  le tournoi  des  six nations de rugby , parce  qu’il parait  que  Pénélope avait espéré  jusqu’au bout. Et  puis patatras . Sorti  d’Outre Tombe […]

Ecrit par Pierre Balcon – le lundi 20 mars 2017 à 09H18

Ils s’étaient pourtant  promis  le  secret ! On allait   occuper les  gogos  avec les chaussettes  de  Fillon  et les rapports  réels  que  le sarthois entretient  avec sa galloise , pendant  le tournoi  des  six nations de rugby , parce  qu’il parait  que  Pénélope avait espéré  jusqu’au bout.

Et  puis patatras . Sorti  d’Outre Tombe  , voilà  que  Madelin la ramène et cause dans le poste !

Les fonds  de pension  à la francaise  , le  seul  sujet  qui vaille et qui justifie  que la grande  finance  se  soit rangée  derrière  Macron . Tous ensemble ! tous ensemble ! ouais !

C’est une sorte de serpent de mer. Une idée qui revenait sans cesse, mais qui ne semblait jamais devoir aboutir , tant  elle  est  contraire  à notre  culture nationale  ,  attachée   aux mécanismes  de  solidarité   inter générationnels dont le système par répartition  est l’expression.

 Et pourtant cette fois-ci  ,  un candidat  , Emmanuel Macron , bénéficiant  largement de l’appui  des orphelins du hollandisme , a soulevé  le  couvercle  de la  boite .

Les fonds de pension à la française sont bel et  bien  au programme de Macron .

Et Alain Madelin , le très libéral ancien giscardien  , fondateur du mouvement  Occident  , qu’on pensait retiré  de la politique , sort du  bois et  applaudit à  cette idée  géniale .

Trois arguments sont avancés  pour   justifier la  bascule : 

–          la  France   est privée  des fameux  fonds de pension et se trouve  donc  exposée aux mouvements de  capitaux étrangers . Notre nation et les amis de notre nation doivent disposer  , soutiennent ses promoteurs  , de nouveaux  des leviers  financiers , tels  que  ceux  qu’on sait manier  chez  Rothschild ans  Co ;
–          les mécanismes de  solidarité   intergénérationnels auraient  montré  leurs limites et l’Etat en a  franchement marre d’assurer l’infirmerie , en réajustant tous les 5 ans ces foutus  paramètres des  trimestres  validés , de  décote ou de  surcote ,  d’âge légal  de  départ , avec les  syndicats  en permanence dans la rue .
–          Les nouveaux  actifs ,  de la génération 2.0 , ne peuvent  plus  espérer bénéficier d’une carrière   linéaire   longue  , leur  ouvrant  droit  à suffisamment de trimestres  validés , autant donc  qu’ils se débrouillent tout seuls.

Les fonds de pension, symboles de la retraite par capitalisation ,   viendrait donc  judicieusement  mettre fin à notre système par répartition. Nous étions  pourtant prévenus : les fonds de pension  ont  déjà été mis en avant par la loi Macron et  le projet de la loi Sapin. Mais  nous  sommes  trop distraits et  nos  syndicalistes  , pourtant payés pour assurer la veille , trop désœuvrés !

 Problème  cette façon de voir les  choses suscite toujours dans notre pays une vive opposition.

Il faut  donc  changer l’emballage et  bien dire  qu’on fera  ça   « à la française ».

Un fonds de pension « à la française », c’est quoi ?

Au-delà  de  tous les artifices de présentation ,  la  mécanique fondamental est  toujours le même : le salarié  se  constitue   une épargne  pendant sa  vie active et il en récupère les  fruits   au moment de son départ  à la retraite. Cette épargne  est  évidemment placée  par  l’organisme qui en a la gestion . Votre argent  va travailler  pour vous   , comme  on dit !

Pour ne pas effrayer les foules et éloigner l’image des tout-puissants fonds de pension américains Macron et d’autres ont  appelé  ça les  « comptes  notionnels ». En fait il s’agit  tout  simplement d’ exprimer  en points et non pas en monnaie  la  valeur  de votre capitalisation et ses variations dans le temps . L’assureur fixe une  valeur  d’acquisition desdits points et une  valeur  de récupération  in fine pour l’épargnant  ,  transformée alors  en contrepartie monétaire , à partir de la valeur  du point ,  avec des ajustements  en  continu. Et voilà la manip !

Et évidemment au  bout du  compte  , comme vous pouvez  vous en doutez  , on  peut avoir  quelques surprises , comme au casino.

C’est déjà le  système  appliqué  aux  retraites  complémentaires  du privé  ( AGIRC- ARRCO ) et  on se  souvient de  la décote d’octobre  2015. Dans le public  un système équivalent  a été  mis  en place en  2005 : la retraite additionnelle de la fonction publique  ( ERAFP) ,avec des cotisations  assises  sur les rémunérations supplémentaires . Donné  en gestion  à la  Caisse des  dépôts et consignation , il est venu  compléter des  dispositifs  volontaires d’épargne  capitalisée dont le  plus connu est  la  PREFON .

Des surprises me direz  vous ? Si le gestionnaire  de  votre épargne   a  fait  de mauvais placements  , au moment  de la récupération  de  votre épargne  , c’est  vous qui payez l’addition .Les californiens  s’en souviennent  avec  le  « californian public employees retirement system ( CalPERS ) » , le plus important  fonds de pension public  américain,  dont les actions ont perdu plus de 30% de leur valeur au moment de la crise de  2008.

Effrayant  tout  cela évidemment !

 Pour ne pas  créer la panique on présentera le  système comme une offre complémentaire .On vous dira  que  ça  existe déjà et que  ce ne sont  en fait que des complémentaires  venant  compléter d’autres complémentaires  et   qu’au final cela ne changera  pas  radicalement les choses.

L’essentiel  c’est d’enclencher le mouvement.

En réalité, les premiers concernés qui attendent la manne céleste sont évidemment les assureurs eux-mêmes , les  copains  de Macron . Une telle réforme va en effet  leur ouvrir des vannes d’un côté  et des  portes de l’autre  en matière d’investissements spéculatifs , sur des actifs de plus en plus  risqués  ,opportunités auxquelles ils  n’avaient pas accès du fait de  la règlementation financière.

On vous soutiendra que les bénéficiaires  finaux seront les entreprises elles-mêmes , que ces fonds de pension génèreront des nouveaux  flux financiers vers elles .

 Mais pourquoi diable   ce que refusent aujourd’hui  les banques aux  entreprises , les  fonds de pension  l’accepteront demain . Et que  font les  banques  de notre épargne ? Il parait  que nous avons  le  taux  d’épargne  parmi  les plus élevés  du monde   ( 16 % de  notre revenu  brut  disponible)  , alors que les  américains   qui usent et abusent des fonds  de pension,  ont , dans le même temps  , un taux  d’épargne quasiment  nul ? Allez  savoir .

Soyons optimistes, Macron et Madelin  n’ont  pas  encore  gagné la partie .

Lors  de ma prochaine  causerie  je  vous parlerai  de l’augmentation de 1,7 points de la  CSG ,   ou  comment échapper   à la progressivité de l’impôt  , autre mesure phare  de Macron .

 

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