Tom a donné à sa petite amie, Johanna, de l’alcool et des médicaments. Cette dernière entre dans un coma et elle est hospitalisée au CHD de Bellepierre. Malheureusement enceinte, elle perd son bébé… Cette histoire est fictive. Pourtant elle reflète une réalité, celle des conduites addictives chez les adolescents. Depuis plusieurs années, l’association Renaître Sans Alcool milite pour prévenir les dérives d’alcool et de drogues dans cette catégorie d’âge particulièrement fragile.
Mercredi matin, le président de l’association, Michel Bouveret, a présenté, ému, ce court-métrage de prévention, « Les faits de Tom ». Celui-ci a été conçu à l’initiative de l’association, en collaboration avec des élèves de première du lycée Le Verger de Sainte-Marie : « Lorsque j’étais encore professeur au lycée Le Verger, des élèves sous l’effet de l’alcool et de drogues m’ont fait souffrir. Ils étaient perdu, agressifs, difficiles à gérer et je ne pouvais pas assurer mes cours normalement. Et il faut dire que l’administration est bien souvent désemparée. C’est le message que je livre désormais: Quand on est citoyen, il ne faut pas laisser toutes les responsabilités à nos décideurs et nos élus« , explique Michel Bouveret.
Ce court-métrage destiné, après validation par le Rectorat, à être diffusé dans une cinquantaine de lycées de l’île, est un projet que Michel Bouveret réservait dans un coin de sa tête depuis plusieurs années. Il espère, tout comme les figurantes lycéennes en herbe, que le message de prévention sera entendu par les autres jeunes : « Ce sont des cas extrêmes, c’est vrai, mais ça existe« , explique Chloé, l’une des lycéennes qui a participé au tournage.
Hausse de la fréquence de l’ivresse chez les jeunes
« On connait tous des filles qui sont tombées enceintes tôt, ou des jeunes qui ont fait de la consommation d’alcool ou de drogue, une habitude« , poursuit une autre élève, « avec ce projet, on a pris conscience des risques. Les jeunes ne pensent pas forcément aux conséquences à long terme, souvent c’est juste la fête et voilà« .
Les adolescentes pensent que si des jeunes s’adressent à d’autres jeunes, cela aura un plus fort impact. Pour le docteur David Mete, chef du service addictologie du CHU de Bellepierre et secrétaire de la fédération régionale d’addictologie de la Réunion, le succès de ce type d’actions est de « faire naître un doute, un questionnement, si minime soit-il« .
Le professionnel de santé rappelle que les derniers chiffres montrent une augmentation importante de la fréquence de l’ivresse chez les jeunes. Or, le risque est que, parmi eux, un phénomène d’addiction s’instaure… « Dans mon service, je vois peu de jeunes, je les retrouve malheureusement 10 ans plus tard, une fois malades« , conclut le docteur Mete.