La société immobilière de Thierry Robert devra s’expliquer sur le programme des Terrasses de Bergame où des malfaçons et des non-façons ont été constatées après livraison.
La résidence située dans le quartier de Roches Maigres à Saint-Louis s’est visiblement détériorée au point que le syndicat de copropriétés s’est résolu à porter ce dossier devant la justice pour réparation au titre du préjudice financier subi.
En prenant les choses en main, le syndicat de copropriétés s’est tout d’abord heurté au ras-le-bol de la dizaine de copropriétaires. Onze avaient cessé de payer leurs charges locatives « au vu de l’état de la résidence« , signalent des propriétaires. Pour l’anecdote, le promoteur, qui s’est également réservé l’un des appartements des Terrasses de Bergame, en faisait partie.
Un bâti de mauvaise qualité ?
Le 10 avril 2012, l’assemblée du syndicat des copropriétaires décide d’agir devant le juge du fond contre la société civile immobilière de construction vente (SCCV Terrasses de Bergame liquidée en 2011 par T. Robert), l’assureur et/ou le liquidateur de la SCCV et ses associés, M. Thierry Robert et la Société Robert Immobilier. En 2013, le syndic’ relance l’ensemble des copropriétaires en délicatesse avec leurs charges locatives pour qu’enfin la procédure puisse être lancée par leur avocat.
Les acheteurs de ces appartements estiment avoir été bernés par le promoteur-vendeur la SCCV Terrasses de Bergame qui a « bénéficié de la défiscalisation en construisant des résidences de basse qualité« , disent-ils.
La levée de boucliers de la copropriété résulte, selon elle, essentiellement d’acheteurs métropolitains qui ont jouit pendant cinq ans des fruits de la défiscalisation dans un but de revendre juste après la perte des avantages fiscaux. « Ils ont perçu des loyers pendant cinq ans et ont voulu revendre leur appartement mais le prix de l’immobilier était devenu beaucoup moins favorable« .
A titre personnel, l’appartement que met en location la société Robert dans ce lot résidentiel a toujours trouvé preneur selon Gladys Robert. « On n’a jamais eu de souci dans sa mise en location. Ce sont de beaux appartements« , signale-t-elle. Pour ce qui est du préjudice financier, « nous ferons aussi appel aux assureurs« , complète-t-elle.
Il revient de toute façon à l’expertise de dire la nature réelle des malfaçons, en dehors des interprétations des protagonistes. Une première expertise du cabinet Gaudex, spécialiste en gros-oeuvre/structure, rendu en 2011 faisait état de malfaçons et de non-façons dont la réparation des dommages causés à la construction, les indemnités liées et les troubles de jouissance pourraient avoisiner globalement les 200.000 euros. Le syndic’ ne s’est évidemment saisi que du volet des dommages constatés dans les parties communes de la résidence. Deux appartements sont également touchés.
Le TGI a été saisi sur le fond, et de manière classique sur ce genre de dossier immobilier, pour dégager les responsabilités de chacun. L’objectif étant évidemment de déterminer qui du promoteur, de l’architecte, des entreprises ou de l’assureur va devoir payer. Ce genre d’affaire complexe sur le plan de l’évaluation technique est partie pour durer encore de longues années.
L’un des copropriétaires nous fait part de son écoeurement : « Thierry Robert était un ami. Il nous a présenté cet appartement comme une affaire à saisir, un cadeau qu’il nous faisait. Le voir aujourd’hui se poser en moralisateur de la vie publique réunionnaise me choque. Les Réunionnais ont le droit de savoir que monsieur Robert a un comportement d’escroc« , exprime-t-il sans modération son sentiment de déception.
Le promoteur se dit lui aussi lésé dans cette histoire
« On se retrouve avec un appartement tout pourri, quasi invendable« , expliquent des copropriétaires. Ils ont conscience également d’avoir fait les frais de la belle période de frénésie dans la défiscalisation immobilière. Mais c’est surtout le rapport de confiance avec le vendeur qu’ils déplorent.
« On a été promoteur de ce programme« , explique Gladys Robert qui travaille pour la société immobilière de son mari. « On a fait appel à différents corps de métiers pour la construction et l’on se retourne nous-même contre ces sociétés. Nous aussi on est lésé dans ce programme des Terrasses de Bergame », ajoute-t-elle. « On refuse aujourd’hui de s’entendre dire que c’est 100% de notre faute« . Gladys Robert rappelle le sérieux du programme qui a vu la SCCV faire appel à un architecte de métropole ou encore de contracter les assurances-dommage comme il se doit.