Echanges sans concessions, haussement de voix, termes durs à l’encontre de la mairie, la première réunion publique sur le projet de mise en place d’horodateurs dans le centre-ville de Saint-Gilles a fait écho sous la voûte du marché forain couvert des Roches Noires hier soir.
Regroupé au sein d’un collectif simplement appelé « collectif des résidents et commerçants de Saint-Gilles Centre », le mouvement de protestation prend forme peu à peu.
Patricia Lamarque, sa porte-parole, est d’ailleurs fière d’avoir pu mobiliser en si peu de temps, une centaine de tracts à l’appui, les résidents et commerçants de la zone.
La réunion d’hier était en fait la deuxième. « Une réunion restreinte a eu lieu il y a quelques temps avec seulement cinq commerçants et c’est sur ces avis plutôt favorables de ces commerçants que la mairie voulait faire passer son projet », interjette la porte-parole. Au-delà de la forme, qui n’a décidément pas plu aux autres commerçants et riverains, la mairie a permis la tenue d’un second espace de discussion, « un bon point », reconnaît Patricia Lamarque. Hier soir, environ 100 personnes avaient pris place sous le chapiteau. Presque tout le monde prendra la parole.
Le projet de la mairie, dans sa version actuelle, prévoit l’installation de 120 places de parkings payantes. Une suite finalement logique après que la ville ait inauguré ses premiers horodateurs au coeur de son centre-ville historique il y a deux ans.
L’actuelle formule du projet ne passe pas auprès des riverains et commerçants qui se disent déjà assez taxés par des impôts locaux conséquents, si ce n’est les plus conséquents du territoire saint-paulois. « Ce projet ne nous prend pas en compte puisque nous ne pourrons plus garer nos véhicules gratuitement et à proximité de nos domiciles ou de nos commerces ».
« C’est une façon de tuer le coeur de Saint-Gilles », lance un intervenant, micro à la main. Une prise de parole saluée par des applaudissements nourris. Emmanuel Séraphin, 13ème adjoint en charge de l’urbanisme est une nouvelle fois en première ligne. « On est dans un débat public et là pour entendre toutes les demandes » avant qu’un argument qui fera tiquer l’assemblée ne soit annoncé par un technicien de la mairie en charge du projet. « Je peux vous assurer que l’installation d’horodateurs coûtera plus cher à la collectivité du fait de son installation, de son entretien et du personnel en charge des relevés d’infractions », annoncera-t-il.
Si les deux parties sont finalement d’accord sur la finalité à atteindre : la redynamisation d’un centre-ville asphyxié par les automobiles, les moyens à déployer divergent.
Des parkings géants en entrée et sortie de ville ?
Avant que la réunion ne se termine, le collectif mettra sur la table un panel de propositions qu’a promis d’étudier la mairie. Certaines, plus que d’autres pourraient faire des remous entre commerçants eux-mêmes.
« Que les parkings détournés à des fins personnelles soient remis dans l’espace public ». Patricia Lamarque stigmatise « l’incivilité » de certains commerçants qui « pour satisfaire leurs affaires » n’hésitent pas à s’attribuer des places de parking, empiétant, selon elle, sur l’espace public. L’arbre qui cache la forêt : le Cubana, est notamment évoqué.
Mais résolument constructif, le mouvement veut rassembler autour de sa cause en demandant l’attribution de cartes pour résidents et commerçants gratuites qui les exonéreraient de couler une pièce dans les horodateurs.
La solution ultime serait malgré tout la création de deux « super » parkings en entrée et sortie de centre-ville, à la manière de ce qui a été fait à Saint-Paul centre. Le sujet reste ouvert comme le dira Emmanuel Séraphin.