Au lieu d’être euthanasiés, les nombreux chats vivant sur le domaine du centre pénitentiaire du Port se retrouvent au coeur d’un programme original. L’idée, venue de l’association de protection animale Droit de Cité, associe pour la première fois des détenus ayant pris la responsabilité d’un ou plusieurs chats, le personnel pénitentiaire et le vétérinaire qui effectue les actes de stérilisation, d’identification et de vaccination.
Ce programme en deux volets, baptisé « Le lien félin », permet aux détenus qui s’y engagent d’adopter un ou plusieurs chats socialisés issus de la population de chats errants vivant sur le site de la prison.
Il constitue, selon les acteurs impliqués, un facteur d’équilibre et de responsabilisation des détenus en établissant une relation suivie avec l’équipe vétérinaire lors des visites régulières, en favorisant leur sens de l’engagement dans le cas de l’adoption d’un chat, en développant leur connaissance des besoins des animaux tout en se sentant utile. Ces adoptions peuvent aussi être un facteur d’éducation à la tolérance pour les détenus rejetant la cohabitation avec les chats afin d’éviter les actes de maltraitance.
Les détenus concernés par l’action sont incarcérés au centre de « détention en responsabilités », une unité spécifique accueillant des détenus purgeant de longues peines mais dont le profil ouvre la voie à une plus grande autonomie. Ils bénéficient ainsi en journée d’une cellule porte ouverte sur le périmètre du site. C’est dans ce cadre que certains ont pu progressivement tisser des liens avec l’aide bienveillante des chats errants ayant élu domicile sur le site de détention.
Déjà 22 détenus qui s’impliquent
L’autre versant de cette action inédite doit permettre la lutte écologique contre les rats grâce à une population maîtrisée de chats libres stérilisés et en bon état sanitaire. C’est une mesure qui prend le contre-pied des pratiques antérieures basées sur la capture périodique des populations de chats par la fourrière du TCO en vue de leur euthanasie, des populations très vite remplacées par de nouvelles colonies. « Une situation parfois mal vécue par certains détenus qui perdaient ainsi leur compagnon félin », retient la présidente de Droit de Cité, Astrid Puissant.
Vingt deux détenus ont adopté un ou plusieurs chats qui ont été identifiés, vaccinés et stérilisés et une quarantaine de chats libres ont pu être stérilisés. Ce programme a cependant « un coût, réduit grâce à la solidarité de la vétérinaire en charge des actes », un coût entièrement supporté jusqu’à présent par Droit de Cité, l’Administration pénitentiaire n’ayant pour l’heure aucun budget pour ce type d’action.
« Ce projet a, depuis sa mise en œuvre cette année, démontré sa faisabilité et son utilité », souligne la bénévole qui espère voir ce programme prospérer en 2014 et au-delà. « Vous ne pouvez pas changer le monde, mais vous pouvez changer le monde de quelques-uns ».
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Vous pouvez, vous aussi, contribuer à sa réussite, et à sa poursuite en effectuant un don en faveur du « Lien Félin ». Un reçu fiscal vous est délivré en retour pour imputation au titre de dons aux œuvres d’intérêt général.