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Les casseroles de l’IRT à plus de 250.000 euros dorment dans les tiroirs

L'IRT n'en a pas fini de régler toutes ses ardoises. L'un des contentieux de l'époque Pierre Vergès que traîne encore la structure chargée de la promotion de la destination Réunion date de 2008. Un litige parmi d'autres dont les traces figurent toujours dans l'audit de la structure dévoilé récemment sur Zinfos (voir plus bas). La société Arc International, entreprise spécialisée dans l'organisation d'événementiels et de mise à disposition de stands pour les salons, était la collaboratrice privilégiée de l'IRT dans tous ses salons d'exposition en métropole. Mais la coopération a tourné au litige lors du renouvellement des marchés publics en 2008. Suite à notre précédent article, la société parisienne s'est depuis fait connaître auprès de notre rédaction...

Ecrit par Ludovic Grondin – le mercredi 04 mai 2011 à 16H42


L’Ile de la Réunion Tourisme a encore des ardoises à régler ci et là. Parmi les lignes de provisions que l’on peut découvrir dans les comptes de la structure figure en bonne place celle concernant la société Arc International.

Depuis 2000 et jusqu’à 2008, la société Arc International avait pour mission de préparer entièrement les stands de l’IRT sur les salons métropolitains. Une mission obtenue grâce à l’obtention d’un marché public renouvelable tous les 3 ans.

Le couac arrive donc en 2008 (Pour rappel, l’IRT remplace le CTR en décembre 2007). A l’époque, le marché public arrive à échéance. La société Arc International, comme plusieurs autres entreprises font acte de candidature. Malgré un dossier bien ficelé et l’envoi à la Réunion d’une réplique de maquette du stand qui servira de vitrine à l’IRT lors du fameux salon Top Résa, la société est écartée au profit d’une société toulousaine Expo Even’.

« Bon marché i coûte cher »

Une décision pour le moins étonnante dans le milieu de l’événementiel puisque Expo Even’ a été retenue pour un projet chiffré à 300.000 euros. Selon les professionnels du secteur, un tel chiffrage ne peut se faire sans ratiboiser sur la qualité du stand censé présenter les offres de la destination Réunion. « Nous avions un projet à 600.000 euros » précise Jacky Cahn, directeur d’Arc International, depuis Paris. Celui-ci avait été alerté par [un article précédent de Zinfos]url:http://www.zinfos974.com/Pierre-Verges-a-creuse-un-trou-de-617-000-a-l-IRT-en-2-ans_a26055.html dans lequel sa société était mentionnée. C’était dans l’audit financier commandé par la nouvelle équipe de Jacqueline Farreyrol et couvrant la période 2008-2009.

« La décision de l’IRT de sélectionner une société concurrente pour un devis inférieur de moitié est très étonnante surtout que nous avions l’habitude de gérer les stands du tourisme réunionnais depuis 10 ans. Encore plus étonnant, dans le même temps, l’IRT de l’époque avait viré la quasi totalité des professionnels avec lesquels ils traitaient jusque-là. Boîte de pub, relation presse (qui avait également engagé un procès contre l’IRT à la suite de cette éviction), sa directrice à Paris,… ». Bref, c’était le grand ménage, commente Jacky Cahn.

« L’amateurisme dans les procédures de marchés publics »

Devant cette passation qu’elle qualifie de « douteuse », la société lésée a engagé une procédure en référé devant le tribunal administratif. Sûre de son bon droit, Arc International aligne les griefs : « non-respect du principe d’égalité entre les candidats, non-motivation de la décision de rejet ou encore non-respect du principe de transparence ».

 

Dans sa décision du 17 juillet 2008, le tribunal administratif ne manque pas de souligner « l’amateurisme des cadres de l’IRT » de l’époque Vergès dans une procédure de marché public somme toute banale.

Mais depuis cette décision du tribunal administratif sur la forme, le dédommagement de l’entreprise Arc International piétine.

« Depuis juillet 2008, nous attendons la décision sur le fond du tribunal administratif de Saint-Denis » dit un brin agacé le gérant de la société parisienne. « Presque trois ans pour une décision, ça semble vraiment beaucoup ».

Glissant sur le terrain politique, Jacky Cahn nous offre sa lecture des événements. Selon lui, le fait d’être éloigné de la réalité réunionnaise l’empêche de constater les éventuelles connivences qui échapperaient à la logique juridictionnelle. Une sorte d’immunité semble planer au-dessus de l’IRT selon lui. « De 2008 à mars 2010, le règlement de notre dossier n’a pas évolué. Depuis mars 2010 et avec le changement de majorité et de dirigeants, on aurait pu espérer que ça accélère la décision en notre faveur, mais ça n’est pas le cas jusqu’à maintenant. Quelle est la raison pour laquelle le tribunal administratif de Saint-Denis prend autant de temps dans sa décision ? Est-ce le cas pour les autres affaires, j’ai des doutes » affirme-t-il, forcément désabusé, dans un contentieux qu’il gère à distance depuis bientôt trois ans.

Arc International n’est pas un cas isolé

« Notre avocat ne cesse de relancer le tribunal mais les 173.000 euros qui nous sont dus restent étrangement bloqués par une décision qui ne vient pas. D’accord, les tribunaux français sont engorgés mais cela n’explique pas tout. On ne peut pas non plus venir tous les jours à la Réunion relancer le tribunal. Le domaine de l’exposition souffre pas mal depuis quelques années. C’est comme si ils attendaient qu’on mette la clé sous la porte ? » questionne dépité le responsable d’entreprise.

En attendant un déblocage à plus ou moins brève échéance, la société ne sait trop sur quel pied danser. En effet, toujours en contentieux avec l’IRT (certes de l’ancienne équipe dirigeante), Arc International hésite à prétendre encore au prochain renouvellement du marché public du tourisme réunionnais sur les salons métropolitains.

« La nouvelle équipe n’est pas fautive, que cela soit clair. Mais toujours est-il que candidater dans quelques mois (l’actuel marché public arrive à terme cet été) est plutôt délicat alors que l’on est toujours en contentieux ». Une position qui se comprend aisément.

La nouvelle équipe découvre le passif à son arrivée

Une image d’amateurisme dont voudrait également se débarrasser la nouvelle équipe dirigée par Jacqueline Farreyrol. « Nous on a découvert ce contentieux à notre arrivée » se dédouane Pascal Viroleau, directeur de l’IRT. « Notre intérêt, aujourd’hui, est de préserver au mieux l’action de l’IRT. Nous avons provisionné les risques (de dédommagement dont devra s’acquitter la structure, ndlr) » affirme-t-il, tout en confirmant que le marché public pour être « l’entreprise privilégiée » dans le montage des stands IRT allait être relancé dans les prochaines semaines.

Pour l’heure, dans les comptes de résultats de l’IRT dont nous avions parlé dans notre précédent article (voir la pièce jointe plus bas), figure toujours en bonne place, en provision de ce qu’elle doit à Arc International la somme de 181.500 euros (la somme due à la société Arc est en réalité de 173.000 euros selon le directeur d’Arc).

Audit à l’appui, la société de stands d’exposition n’est pas la seule à attendre le solde de tout compte avec la Réunion Tourisme (voir plus bas les entreprises pour lesquelles existe une ouverture de provision). En cumulé, ce sont pas moins de 250.000 euros qui pendent au nez de la structure. Décidément, l’IRT n’en a pas fini de solder les comptes de l’équipe de Pierre Vergès…

 

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