Regret et colère. C’est ce qu’ont exprimé, à l’occasion d’un débat ce vendredi matin, plusieurs acteurs issus du monde du BTP en constatant les fauteuils vides des maires de la Réunion, à l’exception de celui de Thierry Robert, maire de Saint-Leu, entouré du représentant du Préfet, des députées, Ericka Bareigts et Huguette Bello, du conseiller général, Pierre Vergès, ainsi que du sénateur, Paul Vergès.
A l’heure où la filière construction se trouve en pleine tourmente, les professionnels ne peuvent concevoir que les décideurs ne trouvent pas la peine de se déplacer. « Crise« , « catastrophe« , « disparition d’entreprises« , « perte d’emplois« , « urgence« … Les témoignages n’ont fait que confirmer que le secteur du BTP, qui est passé de 25.000 à 10.000 salariés en 10 ans, connait une crise sans précédent à la Réunion.
« C’est un mépris pour l’économie du BTP. Je vois ici des chaises vides. Ca me met en colère« , s’indigne le représentant de l’UPA, Franck Legros, applaudi par l’assemblée. Le président de la CGPME, Dominique Vienne, le fait également remarquer en préambule de son intervention: « Je suis atterré de voir toutes ces chaises vides. C’est une fuite, un manque de confiance« , s’indigne-t-il.
« Nos entreprises tombent comme des mouches«
Le président de la FRBTP (Fédération Réunionnaises du Bâtiment et Travaux Publics), Bernard Siriex, s’est appuyé sur [des chiffres très évocateurs pour expliquer la situation de « souffrance« ]urlblank:http://www.zinfos974.com/Le-BTP-demande-au-gouvernement-un-plan-de-relance-immediat-pour-la-Reunion_a81057.html dans laquelle se trouve l’ensemble de la filière. Le président de la Capeb, Cyrille Rickmounie, s’est contenté de lancer: « Nos entreprises tombent comme des mouches« .
Et à écouter les témoignages ici et là, le ciel n’est pas encore prêt de s’éclaircir: « La crise de 2015 est pour nous actée, lance un représentant des architectes, et 2016 et 2017 prennent le même chemin« . Une patronne d’un cabinet d’économistes annonce la couleur: « Je ne sais pas si je vais finir l’année 2015« . Un gérant d’une entreprise de concassage confirme: « Notre budget était annuel. Il est aujourd’hui mensuel, voire journalier« , commente-t-il estimant ne plus avoir aucune lisibilité sur l’avenir.
L’interprofession demande une [aide d’urgence]urlblank:http://www.zinfos974.com/Le-BTP-demande-au-gouvernement-un-plan-de-relance-immediat-pour-la-Reunion_a81057.html mais aussi le déblocage immédiat des projets qui « dorment » par manque de financement, ou par lenteur administrative fustigent certains… Et si l’idée de Paul Vergès d’envoyer une délégation à Paris pour défendre la cause réunionnaise auprès du gouvernement a séduit une partie des personnes présentes, Ericka Bareigts ou encore Thierry Robert n’ont pas manqué d’insister sur la nécessité d’agir en premier lieu localement, en débloquant notamment certains marchés et chantiers dans les plus brefs délais et sur la base d’un travail au cas par cas.
Ceci devrait se faire à l’occasion d’un nouveau HCCP (Haut Conseil de la Commande Publique), instance créée il y a quelques années dans l’objectif de mieux gérer la commande publique. Le représentant de l’Etat a d’ailleurs insisté sur le fait que ce HCCP permet déjà de lister les projets, leur montant et leur calendrier et qu’il pourrait mieux fonctionner avec une mobilisation de tous les acteurs.
Un secteur de la construction en ruine
« Il faut faire en sorte que les enjeux de la commande publique soient mieux compris, il faut améliorer la gouvernance et mieux comprendre la mise en relation entre les collectivités et les entreprises« , a-t-il expliqué rappelant par ailleurs que, sur ces dernières années, la commande publique a augmenté alors que la commande privée s’est elle « effondrée« .
Ces problématiques ont enfin permis de dresser un triste constat, celui de la qualité de la construction à la Réunion. « La perte de certains métiers et de savoirs-faire, les difficultés rencontrées par les entreprises, impactent sur nos réalisations« , explique un architecte. Le représentant d’un bureau d’études complète: « On constate une baisse importante dans la qualité des prestations, je ne parle même pas des conséquences sur la sécurité des travailleurs sur les chantiers qui utilisent des matériaux et des dispositifs médiocres et précaires« , conclut-il.