34.600 euros : c’est l’endettement moyen à La Réunion. L’IEDOM a profité de l’occasion de la sortie des derniers chiffres pour rappeler aux Réunionnais que les personnes endettées doivent chercher des solutions au plus vite.
« Il ne faut pas tarder à déposer un dossier », affirme Thierry Beltrand, directeur de L’IEDOM, accompagné pour l’occasion de Bruno Trape, responsable du service Particuliers. En effet, lorsqu’une personne se trouve en situation de surendettement – c’est à dire que ses revenus ne sont pas suffisants pour faire face aux diverses charges (loyer, factures, crédits, impôts, taxes…) – elle peut déposer un dossier au secrétariat du surendettement. Les dossiers sont ensuite examinés en commission et un plan de désendettement est établi.
« Le surendettement le plus commun est le surendettement dit passif, explique Bruno Trape, qui survient lors d’un accident de la vie comme une séparation, un divorce, un décès ou une perte d’emploi qui entraine un déséquilibre et un surendettement ». 80% des cas sont passifs et le reste actif, à savoir causés par une surestimation de ses revenus.
L’IEDOM conseille donc aux personnes surendettées de négocier une modification de taux et d’échéance avec le créancier puis déposer un dossier si ces démarches n’ont pas été suffisantes.
« La commission n’est pas une machine à effacer les dettes »
Mais le directeur rappelle que la commission qui examine les dossiers et apporte une assistance aux personnes en difficulté « n’est pas une machine à effacer les dettes ». La procédure de surendettement est gratuite et le dossier peut être clôturé à tout moment. La commission n’a comme seul interlocuteur que la personne concernée et n’a en aucun cas le droit d’interroger les créanciers.
Mais l’inscription de la personne dans le Fichier national des incidents de remboursement des crédits au particulier (FICP) est obligatoire lors du dépôt d’un dossier. « Tout créancier doit le consulter avant d’accorder un nouveau prêt et ce n’est qu’en cas d’annulation du dossier ou au bout de cinq ans, que le dossier est radié, sans historique », explique Bruno Trape. Difficile donc d’obtenir des crédits lorsqu’on a demandé l’aide du secrétariat du surendettement.
Cette « aide » est en réalité un plan de désendettement, négocié entre la commission et le créancier pour trouver des solutions pour le particulier. Ce dernier peut aussi contacter les agents sociaux des CCAS de l’île. Le plan peut compter la vente d’un bien immobilier, le changement de domicile pour un loyer moins cher, l’abandon d’abonnement télé, etc… Des obligations qui doivent être tenues en deux ans. Les dettes peuvent être étalées sur 7 ans maximum, et sur une période beaucoup plus longue si la commission essaye de maintenir la personne dans un bien immobilier dont elle est le propriétaire.
Si effacer les dettes n’est pas la priorité de la commission, 63% des surendettés n’ont pas de capacité de remboursement et 59% perçoivent des ressources inférieures au SMIC. Parfois il n’y a d’autre choix que de les effacer.
Thierry Beltrand précise que « le taux de succès pour les particuliers est de 70% ». Et les créanciers ne contestent que très rarement les décisions de la commission car dans 98% des cas, il n’y a pas de contentieux ; la procédure juridique coûtant souvent plus cher que la dette en question.
100 nouveaux dossiers par mois
Aujourd’hui, la commission examine 100 nouveaux dossiers par mois ; entre 250 et 350 en tout. Ces dernières années ont connu une augmentation du nombre de dossiers déposés, depuis la crise de 2008. Si la conjoncture actuelle y est pour beaucoup, les actions de communication de l’IEDOM menées en 2013 ont entraîné une augmentation de 25% cette année-là.
En moyenne l’endettement à La Réunion est de 34.600 euros, ce qui est inférieur à la métropole (40.200 euros). Ceci s’explique par l’insularité de l’île mais aussi par une entraide familiale plus importante.
Plus souvent des jeunes femmes avec enfants et des chômeurs
La population surendettée de La Réunion a connu un rajeunissement avec une tranche prédominante des 35 à 44 ans; l’IEDOM n’a pour le moment aucune explication à ce phénomène. De plus, deux personnes sur trois vivent seules et 56,5% sont également des femmes, le plus souvent avec des enfants à charge. Enfin, 59% sont locataires, 48% sont au chômage. Un taux plus important qu’en métropole à cause du taux de chômage plus élevé à La Réunion.
En moyenne, 1200 dossiers sont déposés chaque année à La Réunion et 220.000 en métropole.