Revenir à la rubrique : Blog de Pierrot

Les Mauriciens sont-ils en train de rouler les Réunionnais dans la farine ?

Il ne sera pas question ici de revenir sur les propos du premier ministre mauricien traitant les Réunionnais d’assistés. Tout a été dit sur le sujet. Tout juste pouvons-nous constater que, pour une fois, les politiques mauriciens ont abandonné la langue de bois et ont dit à voix haute ce que tous les Mauriciens pensent […]

Ecrit par Pierrot Dupuy – le mardi 12 avril 2011 à 10H12

Il ne sera pas question ici de revenir sur les propos du premier ministre mauricien traitant les Réunionnais d’assistés. Tout a été dit sur le sujet. Tout juste pouvons-nous constater que, pour une fois, les politiques mauriciens ont abandonné la langue de bois et ont dit à voix haute ce que tous les Mauriciens pensent à voix basse des Réunionnais. Jusqu’ici, on ne le disait pas ouvertement pour ne pas fâcher les 115.000 Réunionnais qui viennent dépenser leur argent tous les ans dans l’ile soeur. Pour une fois, des propos qui devaient rester secrets sont sortis en plein jour. Tant mieux!

Mais apparemment, ça ne gène pas trop le premier ministre mauricien que les « assistés » remplissent ses hôtels et fassent tourner l’économie mauricienne. Au lieu d’insulter les Réunionnais, peut-être pourrait-il se demander ce qui se passerait à Maurice, si demain la Réunion n’était plus soutenue au nom de la solidarité nationale par la France…

Non, je souhaiterais plutôt évoquer le gros « aspirateur à touristes » réunionnais mis en place par les Mauriciens et intitulé « Iles Vanille« . Et de sa première mesure visible avec l’annonce faite par le ministre du Tourisme mauricien en fin de semaine dernière de la mise en place de billets d’avion à 139, 159 et 199 euros pour des promotions week-end (départ le vendredi et retour le dimanche) entre la Réunion et Maurice.

Dès le départ, il y a quelques mois de cela, lors du lancement du concept, je m’étais fait la réflexion suivante : « Je vois bien ce que les Mauriciens ont potentiellement à gagner dans l’opération, mais les Réunionnais eux, quel bénéfice vont-ils en tirer? »

Arrivés à ce niveau de réflexion, une distinction s’impose. Il faut faire la différence entre la Réunion et les Réunionnais.

Les Réunionnais vont bénéficier de la baisse des tarifs d’avion. C’est bien et tant mieux pour eux. Mais la Réunion, elle, qu’a-t-elle a gagner dans l’affaire?

Là aussi, deux options. Soit ces futurs touristes potentiels qui partiront passer le week-end à l’ile Maurice se contenteront simplement en contrepartie de renoncer à d’autres voyages dans d’autres pays au profit de nos amis Mauriciens, rien à redire. Mais si l’on devait assister à un détournement de clientèle de Réunionnais passant leurs week-ends dans des hôtels ou tables d’hôte de la Réunion et qui iraient à la place passer 48 heures à Maurice, la Réunion sera grandement perdante et des sommes importantes qui auraient pu soutenir l’activité touristique réunionnaise et créer des emplois localement vont quitter notre île au profit de l’île soeur. Et c’est tout un pan de notre secteur touristique qui pourrait en souffrir, voire même disparaitre.

Face à cela, les Mauriciens objectent que ces prix bas seront aussi valables pour les touristes étrangers qui séjourneront à Maurice et qui pourront ainsi venir découvrir la Réunion, ce qu’ils ne faisaient pas jusque là. Peut-être, mais combien de touristes cela va-t-il ramener chez nous? Je suis curieux d’être en avril 2012 pour pouvoir faire le bilan de l’opération. Je crains le pire !

S’il y avait une leçon à tirer de tout cela, c’est l’extrême réactivité des Mauriciens. Et ça n’est possible que parce que, chez eux, le tourisme a été érigé au rang de priorité nationale absolue. Quand un investisseur a besoin d’un terrain bien placé pour construire un hôtel, le gouvernement sait utiliser les moyens de pression nécessaires, parfois même hors légalité, pour lui donner satisfaction. On fait passer l’intérêt de la population avant celle d’un particulier. De même, la compagnie nationale Air Mauritius a certes vocation à faire des bénéfices, mais elle est avant tout un outil de développement entre les mains du gouvernement. C’est l’état mauricien qui en est le principal actionnaire et son directeur est nommé par le gouvernement. Si ce dernier estime qu’il faut baisser les prix des billets sur la Réunion pour attirer plus de touristes et augmenter les recettes de la nation, ordre est donné à Air Mauritius qui n’a d’autre choix que d’obéir.

Quelle différence avec la Réunion où Gérard Ethève se fixe comme objectif de gérer Air Austral comme n’importe quelle société, avec comme objectif essentiel d’ouvrir de nouvelles lignes en direction de destinations dans lesquelles les Réunionnais vont aller dépenser leur argent (Australie, Nouvelle Calédonie, etc…), au lieu d’en créer vers des pays susceptibles de drainer de nouveaux touristes à la Réunion. Résultat : comme ces lignes sont déficitaires puisqu’alimentées dans un seul sens, on compense en vendant à des sommes astronomiques les destinations sur lesquelles les Réunionnais sont prisonniers : la métropole, Maurice, Madagascar, Mayotte ou encore l’Afrique du Sud.

Bravo, M. Ethève. Vous servez peut-être l’intérêt de vos actionnaires, mais assurément pas celui des Réunionnais. Toute la différence est là avec Air Mauritius!

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Pierrot Dupuy : Les ennemis de mes ennemis sont mes amis

La question a tourné en boucle sur toutes les radios et toutes les télévisions durant le week-end : Le Rassemblement national est-t-il devenu un parti fréquentable et a-t-il réellement abandonné les idées racistes de son fondateur Jean-Marie Le Pen?

Pierrot Dupuy – Ces salauds de chômeurs

Le patron des Républicains propose rien de moins que de vendre encore plus d’essence et de gasoil. Et cerise sur le gâteau, de le faire payer par ces salauds de chômeurs !