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Les 12 (vraies ou fausses) causes de la prolifération de requins à la Réunion

La multiplication des attaques de requins sont très certainement dues à une multitude de causes qui, additionnées les unes aux autres, finissent par les expliquer. Suite à l'attaque d'hier, nous re-publions cet article du 23 avril dernier, publié suite à l'attaque contre Eddy Chaussalet au Port, dans lequel nous avions essayé de faire le tour de toutes les causes possibles. Zinfos

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 23 avril 2015 à 09H47

1) LA RESERVE MARINE :

C’est la cause principale de la sur-population de requins, à en croire ses détracteurs. Créée en 2007, elle occupe une surface de 3.500 hectares.

De nombreux observateurs s’étonnent que la réserve puisse englober toutes les plages de l’Ouest et du Sud de l’île, les plus fréquentées, à l’exception de celles de Saint-Pierre et de Grande Anse. Il s’agit là, dit-on, d’une situation unique au monde, ce qui est faux. La réserve de Saint-Martin, par exemple, englobe elle aussi des plages beaucoup plus fréquentées touristiquement.

La réserve permettrait selon ses détracteurs, la prolifération des poissons et servirait de garde-manger pour les requins qui seraient ainsi attirés près des plages où, à défaut de poissons, ils se rattraperaient sur les surfeurs et les baigneurs. Là aussi, force est de reconnaître que cet argument ne tient pas. Selon les constats effectués sur le terrain, l’augmentation du nombre de poissons en 8 ans serait minime et il faudrait de nombreuses années pour que « l’effet réserve » fasse son effet (lire à ce sujet [l’interview de Fabien Métayer]urlblank:http://www.zinfos974.com/La-reserve-marine-une-solution-a-la-crise-requin-selon-son-directeur_a84104.html , le directeur de la réserve).

Pour conclure sur ce point, et en fonction des éléments en notre possession, nous ne sommes pas convaincus que la création de la réserve marine ait joué un rôle prépondérant dans les attaques de requins. Tout au plus faudra-t-il probablement revoir certaines interdictions de pêcher, notamment le requin, au sein de la réserve, et ré-autoriser la pêche sous-marine de façon à assurer une présence susceptible d’éloigner les squales. Mais il semblerait que de telles mesures soient à l’étude et pourraient être annoncées lors de la ministre George Pau-Langevin en fin de semaine.

La réserve en elle même est primordiale si nous voulons transmettre à nos enfants une île dans laquelle il sera encore possible d’admirer des poissons dans le lagon. L’homme a malheureusement prouvé par le passé que, sans contrôle, il avait tendance à tout détruire et à faire tout disparaître.

 

5) LES STATIONS D’EPURATION :

Les maires ont longtemps rechigné à engager les dépenses lourdes nécessaires à la construction de stations d’épuration pour traiter leurs eaux usées. Il a fallu que l’Europe s’en mêle et que certains maires soient emmenés au tribunal administratif par l’Etat our qu’ils se décident enfin à réagir.

En novembre 2009, le préfet de l’époque considérait que « sur 16 agglomérations d’assainissement réunionnaises de plus de 2000 équivalent/habitants, 13 sont considérées aujourd’hui comme non conformes aux obligations de la directive européenne sur les eaux résiduaires urbaines. Et 9 agglomérations réunionnaises sont citées par les contentieux européens« .

Aujourd’hui, grâce notamment à des fonds européens et à l’augmentation sensible des taxes payées par les consommateurs, de nombreuses stations ont été construites et on peut dire que, globalement, le problème est résolu.

Très peu d’eaux usées sont encore rejetées à la mer, sauf de façon accidentelle.

 

3) LA FIN DE LA PECHE DES REQUINS :

Les requins bouledogue et tigre ne sont pas des espèces protégées car elles ne sont pas menacées de disparition comme certaines autres espèces de requins. En conséquence, leur capture est autorisée, même à l’intérieur de la réserve marine.

Ce qui est interdit depuis un arrêté préfectoral de 1999, c’est la commercialisation de sa chair au motif officiel qu’elle serait susceptible de transmettre la ciguatera, une maladie présente à Madagascar et potentiellement mortelle.

L’an dernier, le préfet a interrogé l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) pour savoir s’il pouvait ré-autoriser la consommation des requins tigre et bouledogue à La Réunion. L’ANSES rappelle qu’aucune des analyses réalisées à ce jour dans le cadre du programme de recherche conduit à La Réunion n’a mis en évidence la présence de ciguatoxines dans la chair des requins prélevés.

Cependant, l’agence relève que les études en cours dans le cadre du programme CHARC ne permettent pas d’exclure que, par des déplacements sur longues distances, notamment jusqu’à Madagascar, les requins tigre et bouledogue puissent ingérer ces toxines. Aussi, l’ANSES considère qu’il n’est pas possible d’écarter le risque que les requins tigre et bouledogue pêchés à La Réunion puissent être contaminés par des ciguatoxines.

En conséquence, la consommation ne peut être actuellement autorisée.

Beaucoup de Réunionnais voient dans cette interdiction l’une des principales causes de la prolifération de requins à la Réunion. Le champion de surf Jérémy Flores, par exemple, dernièrement interviewé par le magazine [BeachGrit]urlblank:http://beachgrit.com/jeremy-flores-theres-nothing-left-eat-surfers/ , a affirmé que l’arrêt de la pêche dans les eaux du département était selon lui la cause principale de l’augmentation des attaques depuis 2011. « De génération en génération, il y avait toujours eu des pêcheurs. Puis des écologistes venus d’ailleurs sont arrivés et ils ont arrêté la pêche dans un rayon de 10 km où toutes les attaques de requin surviennent actuellement », explique-t-il.

Mais « depuis la création de la réserve marine en 2007, les requins bouledogues ont pris possession de l’océan », continue Jérémy Florès . Le surfeur professionnel poursuit sa réflexion et fait preuve de pessimisme. « C’était il y a 8 ans. Depuis l’arrêt de la pêche, les requins n’ont alors plus eu aucune raison d’avoir peur et ont commencé à s’approcher. Aujourd’hui, c’est un territoire mort. Ils ont tout mangé. Il n’y a plus de vie. Plus de tortues. Plus de poissons. Même plus de requins de récif. Il ne reste plus rien ».

Et toujours selon Jérémy Florès , si les requins de type bouledogue attaquent désormais les surfeurs, c’est pour une simple et bonne raison, « parce qu’ils ont tout mangé et qu’il n’y a maintenant plus rien d’autre à manger ».

Rappelons qu’une femelle bouledogue peut mettre bas jusqu’à 13 petits à chaque portée. Mais le record est largement battu par la femelle tigre qui peut porter en même temps jusqu’à 40 petits !

 

6) LA FERME AQUACOLE :

Créée en 2007 et située dans la baie de Saint-Paul, à une dizaine de kilomètres des plages de Saint-Gilles où ont eu lieu la plupart des attaques de requins, la ferme a régulièrement été accusée d’être en partie responsable de la prolifération des requins, qui auraient été attirés par les poissons enfermés dans des cages sous l’eau.

Confrontée à d’énormes problèmes financiers, l’association qui gérait les cages a finalement jeté l’éponge en septembre 2012 et tous les poissons ont été vendus.

[Nous avions rédigé en août 2012 un long article]urlblank:http://www.zinfos974.com/A-qui-profitent-la-ferme-aquacole-et-le-projet-CHARC_a45924.html?preview=1 sur le sujet démontrant la gabegie en subventions de ce projet et les inter-relations entre les scientifiques gravitant autour de lui et différentes associations écologistes.

Les cages vides sont encore restées longtemps dans l’eau, faute de moyens financiers pour les démanteler. La vidéo ci-dessus, tournée en novembre 2013, montre qu’à cette date les cages étaient toujours présentes et jouaient le rôle d’une sorte d’immense DCP attirant les poissons, qui eux mêmes logiquement attirent les requins…

 

7) LA PRESENCE DE DCP AU LARGE DES PLAGES :

Depuis des siècles, les hommes ont remarqué que les poissons avaient tendance à se regrouper autour d’objets flottant à la surface des océans. Des objets flottants appelés Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) ont donc été développés et implantés autour de la Réunion à partir de 1988. 

Les captures de thons tropicaux réalisées autour des DCP dérivants représentent aujourd’hui plus de la moitié du tonnage mondial de ces espèces.

Il s’agit de bouées supportant du matériel attractif (longues feuilles de plastique et filets) mouillées entre 5 et 22km de la côte, et ancrés à des lests en béton posés sur des fonds de 500 à 1.500m de profondeur. Les DCP ont permis un redéploiement d’une grande partie de l’effort de pêche vers les espèces pélagiques du large, diminuant ainsi la pression exercée sur les espèces récifales côtières. Les prises de grands pélagiques ont été multipliées par 4 en 7 ans et les pêcheurs travaillent de plus en plus sur les DCP.

Un suivi de l’activité de pêche à proximité des DCP a permis d’établir à 30 tonnes par DCP les captures annuelles effectuées dans la zone proche des DCP. Les thons et les daurades constituent l’essentiel des prises.

On peut légitimement s’interroger sur la dangerosité de tels dispositifs qui sédentarisent de grandes quantités de thons et de daurades à quelques kilomètres des plages. [Zinfos avait d’ailleurs déjà soulevé le problème en juillet 2011]urlblank:http://www.zinfos974.com/Risque-requin-Les-DCP-dans-le-collimateur_a30845.html . Bizarrement, plus personne n’en parle depuis dans les causes potentielles des attaques de requins. A la suite de pressions du lobby des pêcheurs ?

 

8) LES DECHETS DANS LES RAVINES :

« Le Créole lé makote« . Combien de fois n’avons-nous entendu cette affirmation, que ce soit sur les ondes des radios ou sur les réseaux sociaux. Le site Bandcochon s’était même fait une spécialité de mettre en ligne les preuves des dépôts d’ordures ou de carcasses d’animaux morts aux quatre coins de l’île.

Or tout le monde sait qu’en cas de fortes pluies, tout ce qui est déposé dans les ravines finit à la mer. Ce qui explique la présence de requins aux embouchures des ravines, habitués qu’ils sont à y trouver facilement de quoi se nourrir.

Fatigués de constater que leurs mises en garde ne servaient à rien et que toujours plus d’ordures étaient déposées dans la nature, les promoteurs du site Bandcochon ont même fini par baisser les bras et fermer leur page.

Que faut-il faire pour que les Réunionnais prennent enfin conscience des dégâts énormes qu’ils causent à leur île?

Que faire pour qu’ils réalisent qu’ils sont eux aussi en partie responsables de la mort de tous ces jeunes dévorés par des requins?

Les campagnes de prévention -pas assez nombreuses- ayant semble-t-il montré leurs limites, peut-être serait-il temps de passer à la phase répression et à verbaliser sévèrement, comme en Suisse ou à Singapour, toute personne surprise à jeter le moindre déchet. qu’il s’agisse d’une peau de letchis ou de gravats de construction.

Il est plus que temps !

 

9) LA SURPOPULATION, AVEC SON COROLLAIRE, LA SUR-FREQUENTATION DES PLAGES :

En 1990, la Réunion comptait 598.000 habitants. Elle en compte aujourd’hui plus de 850.000 et on estime qu’elle devrait atteindre le million en 2030.

Le nombre de touristes, d’amateurs de bronzette sur la plage, de plongeurs et de surfeurs a considérablement augmenté sur les littoraux, multipliant les occasions de rencontre avec des requins. D’ordinaire craintifs, les requins ont pu s’habituer à la présence de l’Homme et devenir plus curieux. De plus, les surfeurs sont souvent confondus avec des tortues ou des phoques, des proies potentielles pour les requins.

De même, on peut penser qu’une population plus importante entraîne une pollution plus importante, susceptible d’attirer plus de requins près de nos côtes.

 

10) LE CHANGEMENT CLIMATIQUE :

Le réchauffement climatique est aujourd’hui une certitude. En 2007, le GIEC évalue l’augmentation moyenne mondiale superficielle à +0,74°C sur 100 ans (1906 – 2005) avec un rythme qui s’est accéléré au cours des 50 dernières années pour atteindre 0,13°C par décennie. Mais la hausse n’est pas uniforme sur le globe. Selon u[ne étude du CNDP]urlblank:http://www.cndp.fr/crdp-reunion/node/171 (Académie de la Réunion), la zone de l’océan Indien a connu un réchauffement moins rapide que beaucoup de régions du globe. Les températures à La Réunion ont augmenté de 0,62°C en 40 ans.

Le changement climatique se manifeste également par des modifications des régimes de précipitations sur plusieurs régions du globe : une fréquence accrue des événements de fortes précipitations a été observée et des sécheresses plus intenses et plus longues notamment sous les tropiques. A la Réunion, sur les 51 postes pluviométriques, on note une tendance sur 40 ans à la baisse des précipitations sur les régions de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Sud quelle que soit la saison. Ces régions sont touchées par des sécheresses accrues.

Aucune étude à notre connaissance n’a été menée sur les modifications des courants marins engendrées par le réchauffement de l’eau des océans. Ces courants se sont-ils déplacés? Ont-ils permis à certaines espèces, et notamment aux requins, de se rapprocher des côtes de notre île? Il faudra attendre que des scientifiques se penchent sur le sujet pour avoir la réponse à ces questions.

Enfin, certains scientifiques estiment que l’augmentation de la température des eaux, conséquence du réchauffement climatique, entraîne le déplacement des requins en réaction à la migration de leurs proies, des cyclones plus nombreux et plus violents et un blanchiment des coraux des récifs.

 

4) LA DISPARITION DES REQUINS DE RECIFS :

Selon une étude scientifique remise le 13 mai 2013 au Préfet de La Réunion, il y a « un déséquilibre, une densité anormale de requins, une agressivité, une côte ouest infestée, des spécimens de taille importante« . Cette étude faisait déjà état d’un « déséquilibre de l’écosystème marin au large de la Côte Ouest« .

En fait, on note une véritable explosion de la présence de requins tigres et bouledogues, deux espèces extrêmement agressives sur l’homme, et la quasi-disparition des requins de récif qui jouaient jusque là le rôle d’éboueur des mers, mais beaucoup plus craintifs par rapport aux hommes.

Dans [une interview du 12 avril dernier]urlblank:http://www.zinfos974.com/Patrick-Flores-sur-la-pratique-du-surf-On-ne-doit-pas-prendre-exemple-sur-ma-generation_a83813.html , Patrick Flores, entraineur de l’équipe de France de surf et élu en charge du dossier requin à la mairie de Saint-Paul, déplorait également la disparition des requins de récif. « Il n’y a plus de régulation par la pêche traditionnelle, souligne l’élu. Il y a 15 ans, le requin était commercialisé. Les requins de récif étaient les seuls régulateurs du lagon. Sans eux, toutes les autres espèces se multiplient« . Dont les bouledogues et les tigres.

Qu’est ce qui explique la disparition de ces requins de récifs? Ont-ils été chassés et dévorés par les bouledogues et tigres? Là aussi, nous attendons les réponses de nos scientifiques locaux…

 

2) LES TERGIVERSATIONS DES POUVOIRS PUBLICS : 

En 1997, l’IFREMER (l‘Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer) avait préconisé la poursuite de la pêche des requins, une fois la réserve créée, afin d’éviter un accroissement des attaques ([cliquer ici pour lire le rapport]urlblank:http://etude-risques-requin-reunion.blogspot.com/ ). Il n’a malheureusement pas été suivi… On en voit aujourd’hui les résultats !

Depuis les premières attaques, l’Etat et les communes se sont illustrés par une incapacité à prendre les bonnes décisions.

Tous les préfets se sont acharnés à remettre à plus tard les solutions impopulaires, de peur de se mettre à dos le lobby des écologistes, très puissant au niveau national. Surtout ne rien faire qui soit susceptible de nuire à leur carrière future. Ils se réveillaient donc chaque matin en espérant qu’aucun nouvel accident ne se produirait et ainsi pouvoir transmettre la patate chaude à leurs successeurs avant qu’une nouvelle catastrophe ne se reproduise.

Résultat : La préfecture n’a pas hésité à trainer Thierry Robert devant le tribunal administratif au motif qu’il voulait inciter les pêcheurs de sa commune à pêcher les requins. Aujourd’hui, Dominique Sorain affrète plusieurs bateaux pour pêcher les squales, en dehors de tout dispositif « post-attaque« . Comprenne qui pourra…

Et que dire de la même préfecture qui fait tout pour empêcher la pêche au requin en entretenant l’ambiguïté entre « interdiction de pêche » et « interdiction de consommation« , en mettant en avant le risque de ciguatera. Alors que le seul cas recensé à la Réunion remonte à 1993 où 5 personnes avaient été intoxiquées, sans faire de victime ? Et qu’on n’en a trouvé aucune trace dans les dizaines de requins pêchés au cours de ces dernières années à la Réunion…

Enfin, dernier exemple d’une longue liste, comment ne pas s’offusquer des tergiversations concernant les « vigies requins » dont la mise en place a été retardée de plusieurs années suite aux conclusions d’une mission inter-gouvernementale ?

Mais il serait injuste de faire porter tout le poids des responsabilités sur nos hauts fonctionnaires. Les gouvernements qui se sont succédé ont également accumulé les atermoiements, tout comme les maires de certaines communes.

Comment ne pas évoquer le cas de Saint-Paul, la commune la plus concernée de par son nombre de km de plages, où les élus d’Huguette Bello ont freiné des quatre fers avant de se résigner à prendre des embryons de solutions. Faut-il y voir l’influence de la présence d’élus écologistes au sein du conseil municipal? Depuis les dernières élections et l’arrivée de Joseph Sinimalé, les choses se sont considérablement accélérées. Notamment grâce à la présence de Patrick Flores, adjoint au maire et entraineur de l’équipe de France de surf, un homme qui connaît parfaitement son domaine. Il était temps !

Mais revenons sur la responsabilité de l’Etat qui est selon nous, déterminante. Il s’est contenté de dépenser beaucoup d’argent pour mener des études, comme s’il cherchait à atténuer sa responsabilité en mettant en avant l’importance des sommes déboursées. Et tant pis si cet argent a été gaspillé et n’a servi qu’à engraisser quelques professionnels de la subvention !

Aujourd’hui, malgré les 800.000€ dépensés par l’Etat dans le programme [CHARC]urlblank:https://www.ird.fr/toute-l-actualite/actualites/communiques-et-dossiers-de-presse/restitution-du-programme-charc depuis trois ans, personne ne peut dire réellement combien de requins, et de quelles espèces, fréquentent actuellement nos côtes. Pourtant depuis ce temps, 40 requins tigres et 39 bouledogues ont été équipés de marques acoustiques qui ont permis de suivre leurs déplacements grâce à un réseau de 52 stations d’écoute sur le littoral.

 

Malgré tous ces efforts, tout juste sait-on que les requins marqués « sont davantage présents sur la côte ouest entre Saint-Paul et Saint-Pierre pendant la période de transition été/hiver austral, c’est-à-dire de mars à juin. Et qu’ils changent d’habitat au cours de la journée, alternant une occupation diurne au large (zones de repos) et nocturne près des côtes. Plus précisément, ils semblent se rapprocher des côtes en début d’après-midi (à partir de14h) et migrer dans la partie supérieure de la colonne d’eau, se rapprochant ainsi de la surface. Ils augmentent alors leur activité exploratoire, laissant supposer un comportement de chasse au crépuscule« . Honnêtement, fallait-il dépenser 800.000€ pour découvrir ça ? N’importe quel pêcheur de la Réunion aurait pu vous le dire gratuitement, et bien plus que ça même…

Et pour autant, les scientifiques de CHARC ne répondent toujours pas à la question essentielle : Les requins sont-ils plus nombreux aujourd’hui, comme l’affirment la plupart des pêcheurs professionnels et amateurs ? Et les tigres et bouledogues, espèces agressives pour l’homme, se sont-ils développés en dévorant les requins côtiers (pointes blanches et noires), qui ne se nourrissaient que de poissons et jouaient eux réellement le rôle d’éboueurs des mers? Là encore, pas de réponse.

Et que penser de ces « scientifiques » qui n’hésitent pas à rejeter à la mer des requins après les avoir marqués? Quelle serait la responsabilité de l’Etat si demain il était prouvé qu’un de ces requins marqués était l’auteur d’une attaque mortelle?

Autre question sans réponse : est-il envisageable de rétablir l’équilibre naturel qui régnait avant l’instauration de la réserve marine en diminuant le nombre de requins tigres et bouledogues, et en réintroduisant des requins de récifs, beaucoup moins dangereux ?

Enfin, si on retient une des rares affirmations du programme CHARC, à savoir que les requins « semblent se rapprocher des côtes en début d’après-midi (à partir de 14h)« , comment expliquer l’attaque d’Elio à 9h du matin ?

 

Nous allons essayer de recenser les principales causes -avérées ou fantasmées- de la prolifération depuis quelques années de la présence de requins dans les eaux de la Réunion. Avec leur corollaire, le nombre d’attaques sur des humains.

Leur présentation n’est pas un classement par ordre d’importance. Dans la réalité, comme souvent dans ces cas-là, c’est la conjonction de plusieurs éléments qui aboutit au résultat que l’on connait : 16 attaques depuis 2011, dont 7 mortelles.

Si d’autres causes peuvent selon vous, expliquer l’augmentation du nombre de requins et celle des attaques, n’hésitez pas à nous en faire profiter dans les commentaires.

 

11) LE LOBBY ECOLOGISTE :

Si les attaques de requins se multiplient, c’est pour beaucoup dû à l’apathie des pouvoir publics, sous la pression de quelques écologistes extrémistes qui ont réussi à faire du requin une sorte d’idole, qu’il convient de protéger à tout prix.

Mélangeant volontairement affirmations vraies mais ne concernant pas la Réunion, comme par exemple l’extermination d’une centaine de millions de requins par an dans le monde par des navires industriels pour pêcher leurs ailerons, avec des approximations voire des mensonges éhontés, ils ont réussi à accréditer l’idée, reprise à foison sur les ondes de certaines radios, que « le requin est dans son élément contrairement à l’homme, et qu’il faut donc lui f… la paix« .

Pour ces écolos extrémistes, la vie d’un requin est donc plus importante que celle d’un enfant.

A la tête de cette campagne se trouve une organisation, Sea Sheperd, qui a fait de la défense des requins une de ses priorités, sachant ce sujet très sensible et susceptible d’attirer dans ses caisses les dons de millions de personnes sensibles à la cause animale.

Pour résumer les reproches faits à Sea Sheperd, autant se reporter au [communiqué publié hier par la Fédération française de Surf]urlblank:http://www.surfingfrance.com/disciplines/surf/reunion-requins-la-position-de-la-federation.html , qui dresse un véritable réquisitoire contre cette association:

« – Cette ONG a été fondée et présidée par l’animaliste Paul Watson. Lequel a été renvoyé de Greenpeace pour ses agissements contre productifs. Il est actuellement recherché par plusieurs Etats et réside en France où il a reçu l’asile politique. 
– C’est donc depuis la France que l’ONG est désormais active et qu’elle a fait de la crise requins de La Réunion son nouvel axe de propagande.
– Cette ONG est omniprésente sur la scène médiatique. 
– Sur son site, elle assure protéger la biodiversité marine partout dans le monde. Installée au début de la crise requins à La Réunion, où la vie marine est un enjeu, elle ne s’est jamais senti concernée par la surpêche industrielle, la pêche illégale, le trafic d’espèces, les prises accessoires de cétacés, de requins, de tortues, la pollution, la quasi disparition des requins de récifs, les grands travaux d’aménagement, etc… 
– La seule position de cette ONG est d’assurer sa promotion, vendre une image, mener une vendetta contre ceux qu’ils ont désigné « « connards de surfeurs ».
– Depuis quelques jours, les membres actifs de cette ONG mènent une campagne de dénigration envers la FFS sur les réseaux sociaux, les boites mails, les partenaires de la FFS. Des insultes et mêmes des menaces ont été proférées par des gens qui placent la vie d’un poisson avant celle d’un humain.
– Cette ONG n’a aucun comité scientifique ou technique composé de gens de mer permettant d’assurer la diffusion d’informations vérifiées. 
– Cette ONG est également en guerre contre Europe Ecologie Les Verts, la Fédération française d’études et de Sports Sous-Marins, le Comité Régional d’Etudes et de Sports Sous-Marins de la Réunion
– Ils ont quitté cette ONG :
Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada

Hubert Reeves, astrophysicien, communicateur scientifique et écologiste franco-canadien
Steven Guilbeault, écologiste canadien
Murray Bookchin, philosophe américain de l’écologie sociale
François-Xavier Pelletier, Ethno-cétologue, réalisateur, photographe et écrivain français
Florentine Leloup, ancienne président de Shark Angels France et maintenant de Shark Citizen, dénonce les agissements néfastes de cette ONG.
– Plusieurs demandes ont été faites auprès du gouvernement français pour qu’il reconsidère l’asile politique offerte au leader de l’ONG« .

 

12) LA SUR-PECHE A PROXIMITE DE L’ILE :

Dernière explication souvent entendue pour expliquer la recrudescence de requins à proximité de nos côtes : si les squales se rapprochent du rivage, c’est parce qu’ils ne trouvent plus de quoi se nourrir au large. À qui la faute ? A la surpêche, dit-on…

La surpêche survient lorsque les poissons sont capturés plus rapidement qu’ils ne peuvent se reproduire et, selon la FAO en 2010, 2/3 des espèces seraient surexploitées dans le monde. On estime qu’une espèce s’effondre quand les prises de pêche ont diminué de 90%, ce qui était le cas de 29% des espèces en 2003.

Chaque année, 90 millions de tonnes de poisson sont pêchées sur la planète. Cette ressource, que l’on croyait renouvelable, et donc inépuisable, est en réalité menacée.

Greenpeace de son côté soutient que ce sont 40% de la surface mondiale des océans sur lesquelles il faudrait arrêter de pêcher complètement et soustraire à toute activité humaine.

L’organisation écologiste a mené au cours du mois d’octobre 2014, des actions à la Réunion pour protester contre la surpêche de thons pratiquée par la « SAPMER » dans l’océan Indien. Le groupe à capitaux réunionnais est devenu, en peu d’années, un des poids lourds de la pêche au thon dans l’océan Indien. Il compte aujourd’hui 8 thoniers senneurs surgélateurs, dont le Franche Terre, long de 90 mètres, le plus grand thonier senneur français. Il débarque ses prises à l’île Maurice où il vient de s’équiper d’une nouvelle chambre froide et d’une unité de transformation et de valorisation supplémentaire.

A noter que l’île Maurice est une plaque tournante de la pêche du thon dans le monde. Selon [Le Matinal]urlblank:http://www.lematinal.com/news/local/4621-30-000-tonnes-de-thon-traitees-annuellement.html , l’île soeur « est en deuxième position en ce qui concerne l’exportation des thons en Europe et est le troisième plus gros exportateur de thons dans le monde. L’objectif est d’augmenter la capacité de traitement de thons de 9 000 à 30 000 tonnes par an à Maurice. Outre l’Europe, c’est le Japon, la Russie et la Chine qui sont les nouveaux marchés pour le pays. Mais c’est au Japon que ce poisson est le plus prisé« . 

 

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