Le SPANC du Nord aurait pu se passer d’une nouvelle polémique. L’année dernière, les différents services publics d’assainissement collectif (une structure par communauté de commune à la Réunion) ont fait les choux gras de la presse locale à la suite de l’annonce du lancement de la campagne d’assainissement non collectif. Sur les communes du Nord, 17.000 usagers sont concernés par ces contrôles pouvant aller de 200 euros (pour un diagnostic vente) jusqu’à 1.200 euros pour les contrôles de conception et d’exécution (construction) sur les grands projets. Après cette annonce et devant la fronde des usagers, les maires des communes concernées (Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne) ont demandé une suspension des contrôles. Mais la réalité est plus compliquée et les contrôles continuent.
Et pour ne rien arranger à la situation épineuse dans laquelle se trouve le SPANC, en interne une partie des employés dénoncent un « dysfonctionnement » dans les traitements des dossiers avec plusieurs conséquences fâcheuses pour les comptes de la structure. La facturation des clients ne suit pas, alors que les contrôles sont réalisés sur le terrain. Un dysfonctionnement à mettre à l’actif d’un technicien en charge de la supervision des contrôles pour la régie, selon les employés, et qui « met à mal » l’ensemble de la structure. Si le directeur du SPANC, Claude Mvondo-Evina, reconnait peut-être des « loupés dans le fonctionnement« , il promet que tout est fait en interne pour arranger la situation. Nous avons pu joindre de nombreux clients contrôlés pendant l’année 2012, nous certifiant de la visite de ce technicien incriminé par les employés, à leur domicile. Bien qu’ayant obtenu la remise d’un avis favorable ou défavorable (dans le cas d’un diagnostique vente) du SPANC, certains n’ont jamais reçu la facture pour des contrôles datant de plus de six mois dans certains cas.
« Porte atteinte au bon déroulement du travail, de même qu’à l’image du SPANC sur le territoire de la Cinor«
Alors que le président de la Cinor, Maurice Gironcel, a demandé un audit financier et organisationnel en mars dernier sur la structure, les employés ont décidé d’alerter le président du SPANC, Gérald Maillot, et son directeur, sur les problèmes de fonctionnement interne.
Dans une lettre, les employés lancent une alerte sur le comportement de ce responsable technique qui « porte atteinte au bon déroulement du travail, de même qu’à l’image du SPANC sur le territoire de la Cinor« . Et les griefs sont importants. Tâches non remplies dans les délais impartis, délais de réponse non respectés, pièces oubliées… ce qui entraine un « retard conséquent dans le traitement des données« , ajoutent-ils. Plus grave, selon les employés les dossiers de demande d’installation d’assainissement non collectif sont donnés à la signature sans plan de masse ou autres documents justificatifs. Ce qui permet aux clients contrôlés de donner un plan de masse à la mairie différent de celui validé par le SPANC, lors de la remise du permis de construire. Une situation ubuesque quand on sait que les contrôles sont effectués dans un soucis de préservation de l’environnement et de salubrité publique.
Augmentation de 50% de la facture carburant
Pis, selon plusieurs documents que nous nous sommes procurés, ce technicien utiliserait le parc automobile et les cartes carburants à des fins personnelles, avec pour conséquence une augmentation de 50% (4565 euros en 2011 à 6781 euros en 2010) de la dépense carburant au SPANC. Si le directeur, Claude Mvondo-Evina, met cette augmentation sur le compte de « déplacements plus réguliers liés à la campagne de contrôles », les montants et les dates ne plaident pas pour cette explication. Une situation soulignée par les employés. « Il ne remplit pas les carnets de bords pour l’essence, utilise les voitures de service en dehors des heures de travail et s’en attribue une personnellement« , expliquent-ils.
« Au vu des derniers événements survenus au SPANC (voir plus haut) et de certains actes préjudiciables commis par ce technicien (récemment condamné et impliqué dans plusieurs affaires de détournements de fonds, NDLR), aucun agent n’acceptera d’assumer les conséquences« , concluent les employés dans la lettre adressée à Gérald Maillot.
Ces problèmes, ajoutés au flou qui entoure la poursuite d’une activité normale au SPANC (suite à la demande d’audit de la Cinor), laisse les salariés perplexes et inquiets sur leur avenir.