Les mots choisis par le préfet, Michel Lalande, vers midi dans une conférence de presse improvisée, a marqué la gravité du moment. Imposant le silence autour de lui, il a pour la première fois fait allusion directement à l’action d’une ou de plusieurs personnes malveillante.
« Nous avons la déasgréable sensation, à l’heure où toutes ces caméras et tous ces micros sont tendus devant nous, que quelqu’un, dans son fauteuil, quelque part, doit se dire, finalement : ‘je vous ai bien eu' ».
Mais très vite, le préfet est revenu à un discours plus offensif. « Ce qui est en jeu aujourd’hui, au-delà du feu, c’est de dire qu’on y arrivera. Eteindre l’incendie ? On y arrivera », a-t-il répété. Certes « au prix de prises de risques pour les hommes engagés et d’un coût considérables« .
Un groupe d’individus bien organisé ?
Décidemment prolixe sur la nature criminelle des incendies du Maïdo comme de la Grande Chaloupe, Michel Lalande a caractérisé le ressenti de tous les acteurs. Ce ne serait pas à un pyromane auquel la Réunion a affaire mais bien à un groupe d’individus bien organisé. Pour rappel, hier après-midi, entre les hauts de Saint-Paul, la Grande Chaloupe et la Rivière des Galets, ce ne sont pas moins de neuf foyers qui ont été déclenchés entre 14h56 et 16h30.
« C’est une main, ou un ensemble de mains, anonymes pour l’instant, qui a décidé d’agir dans une unité de temps », contre « l’environnement réunionnais », a-t-il ajouté. Le préfet a aussi rappelé que le procureur de la République s’était saisi de tous ces faisceaux d’indices pour faire avancer une enquête qui s’annonce aussi compliquée que celle de l’année dernière.
Reprenant sa casquette d’homme d’Etat, Michel Lalande a conclu son intervention de 10 minutes par un discours attendu: « Je suis venu vérifier que les dispositifs montaient en puissance et de façon régulière ».
Evitant toute critique naissante sur la réactivité des autorités, le préfet a rappelé l’essentiel: « Il faut bien voir que en quelques heures nous avons déployé autant d’hommes qu’au bout d’une semaine en 2010 ». Malgré sa confiance accordée aux soldats du feu locaux, il a toutefois interpellé le minisère de l’Intérieur pour réclamer des renforts. Son message a déjà été entendu. Vers 16h, une centaine de militaires des Fazsoi gagnait les pentes de la forêt de tamarins.