La France vache à lait d’Al-Qaïda ? C’est en tout cas ce que pense le New York Times, qui a affirmé hier que Paris serait le premier pays européen à verser des rançons à la nébuleuse islamiste, finançant du coup indirectement le terrorisme.
« Sur les 53 otages capturés par des branches officielles d’Al-Qaïda ces cinq dernières années, un tiers étaient des Français », note le journal.
Selon le quotidien américain, la France aurait versé entre 2008 et 2014 plus de 58 millions de dollars (43 millions d’euros) pour libérer ses ressortissants enlevés par Al-Qaïda ou des groupes affiliés. L’Europe est devenue, selon le journal, « un souscripteur d’Al-Qaida peu précautionneux ».
Le Qatar et Oman, qui sont souvent utilisés comme intermédiaires par les Occidentaux, ont également versés pour plus de 20,4 millions de dollars à Al-Qaïda entre 2012 et 2013.
Seuls quelques rares pays comme les États-Unis ou le Royaume-Uni refusent de payer ces rançons affirme le NYT. Du coup, peu de leurs ressortissants ont été retrouvés vivants. Mais dans le même temps, peu d’entre eux ont été capturés ces dernières années, les ravisseurs sachant qu’ils ne pourront pas en retirer d’argent.
Cependant, les États-Unis ont été disposés à négocier dans certains cas, comme récemment en échangeant cinq prisonniers talibans détenus à Guantanamo contre le soldat américain Bowe Bergdahl capturé en Afghanistan.
Pour les autres pays, et plus particulièrement la France, qui nient régulièrement tout paiement de rançons en échange de libérations d’otages, le New York Times assure que ces flux d’argent sont parfois dissimulés derrière des lignes budgétaires consacrées à l’aide au développement.
« Ces paiements ont été faits presque exclusivement par des gouvernements européens, qui ont acheminé l’argent via un réseau d’intermédiaires, le faisant parfois passer pour des aides humanitaires, selon les entretiens menés pour cet article avec d’anciens otages, négociateurs, diplomates et officiels du gouvernement de dix pays en Europe, Afrique et au Moyen-Orient », écrit le quotidien new yorkais.