Un colloque sur « les luttes traditionnelles en outre-mer » a eu lieu hier à la Délégation Interministérielle pour l’égalité des chances, le premier du genre dans cette institution. Un moment convivial où a été retracée l’histoire du moring, mais aussi celle de ses frères des autres îles.
« Son aspect rituel et magique a imprégné l’histoire culturelle de la Réunion. Il symbolise l’identité de l’île, notamment lors du 20 décembre ». Qui suis-je ? Le moring bien sûr. Ces mots de Patrick Karam rendent hommage à cet art guerrier hérité de nos ancêtres. « Entre compétition et spectacle, il permet de régler les litiges sans faire couler le sang », indique Jean-René Dreinaza, à l’initiative de cette manifestation. « C’est un devoir pour nous de perpétuer ces luttes », poursuit cet ancien champion de boxe devenu expert international en moring et qui a réhabilité cette pratique qui avait disparu après la départementalisation en 1947. Cinquante ans après, le moring renaît grâce à l’ex-sportif, qui le codifie au niveau de la musique, des chants ou des acrobaties.
« La résistance de nos ancêtres a permis l’émergence de formes telles que le moring »
Jean-René Dreinaza était accompagné de l’historien Sudel Fuma, qui a retracé l’origine des différentes luttes traditionnelles issues de l’esclavage. « La résistance de nos ancêtres a permis l’émergence de formes telles que le moring », explique le professeur.
L’art guerrier réunionnais n’est pas seul. Il a des frères : M’rengué à Mayotte, moraingy à Madagascar, mayolé en Guadeloupe, danmyé en Martinique, caopeira au Brésil… tous sont des résistances identitaires des sociétés créoles. « C’est un héritage africain, une transmission », ajoute le Brésilien Julio Bomfim, mestre en capoeira, invité pour présenter cette pratique. Le colloque s’est terminé par une démonstration de moring, au son des tambours et des applaudissements.