A son siège de Futura à Saint-Denis ce lundi après-midi, quelques cadres du Parti socialiste ont décliné ce qui attend militants et sympathisants dans les prochains mois. Face à » une France en colère vis-à-vis de la politique gouvernementale », le PS cherche donc à « se rénover, se refonder », affirme-t-il.
« Nous restons malgré tout le premier parti de gauche avec 120 parlementaires », rétablit tout de même Philippe Leconstant, pour ceux qui pensaient le PS définitivement mort. Mais Philippe Leconstant admet que le » PS ne se porte pas bien « . Cette fois-ci pas besoin de se tourner vers Paris pour s’en convaincre. Localement, la déflagration n’a pas attendu la déroute présidentielle mais date déjà de la séparation d’avec le PS-Progrès en 2012.
C’est donc en pansant ses plaies que le parti appelle à la mobilisation. Sans chef naturel pour porter sa voix et être audible, un travail de fond commence donc avec la mise en place dès le mois de novembre de forums décentralisés de la refondation. » Les militants, ils ont besoin de s’exprimer et on a besoin de les entendre « , formule Ericka Bareigts, l’une des seules cadres à ne pas avoir vacillé pendant la longue séquence des élections de 2017.
Ces forums décentralisés, qui ne seront pas calqués sur ceux proposés au national, précise le PS local – se tiendront jusqu’à décembre et offriront donc la parole aux militants, forces de propositions, et aux autres partis de gauche, progressistes, délimite Philippe Leconstant.
Pas question toutefois d’aller dans tous les sens. La réflexion sera menée autour de trois axes que révèle le 1er secrétaire fédéral. Trois thématiques d’ailleurs choisies lors d’un conseil fédéral il y a tout juste une semaine.
A la recherche d’un chef
L’émancipation réunionnaise, le développement humain (avec en raisonnement de fond la question des retards accumulés depuis de nombreuses années par rapport à la métropole), et la dimension internationale de la Réunion dans l’océan Indien en sont ainsi les trois thématiques sur lesquelles les militants socialistes devront apporter leur contribution.
L’instance locale autorisera ses sections à sortir du cadre des thématiques en fonction des problématiques rencontrées au niveau local, selon les quatre micro-régions de La Réunion. Les ateliers ouverts à la base « ne seront pas là pour dire qui va remplacer untel ou untel », fixe-t-il comme cadre.
De ces ateliers déboucheront, ils l’espèrent tous, des propositions qui seront à leur tour évoquées lors du fameux congrès du parti, d’abord à La Réunion, qui devancera le grand Congrès national. Se tenant tous les trois ans, sa mise au calendrier a été accélérée suite aux revers subi lors des dernières élections. Le troisième épisode de la déroute n’a pas eu lieu lors des sénatoriales, fera tout de même remarquer Philippe Leconstant. L’hémorragie a été stoppée, ajoute-t-il.
Le parti socialiste devra néanmoins retrouver des couleurs et un discours porteur pour séduire les Français. Ce qu’il manque assurément au PS de 2017, et ce depuis la renonciation de François Hollande en 2016, c’est un chef ! Le terme est employé par Philippe Leconstant et Ericka Bareigts, tous deux conscients qu’un Jean-Luc Mélenchon accapare toute la lumière médiatique à gauche.
Le Congrès du PS de début 2018 donnera en tout cas un successeur à Jean-Christophe Cambadélis. Rappelons que depuis le mois dernier, le PS national est piloté par une instance collégiale, » qui ne dirige pas le parti « , de 28 représentants. Il fallait ça pour que tous les courants soient représentés, dixit Philippe Leconstant. Il prend d’ailleurs les paris : » le PS a vocation à redevenir le parti qu’il a été « .