Le raz-de-marée pro-Hollande attendu à la Réunion à l’issue des résultats du premier tour, s’est bien produit. Crédité de 71,49% des suffrages en ce dimanche de 2ème tour, François Hollande a réussi en outre la performance de l’emporter dans l’ensemble des 24 communes de l’ile.
Avec plus ou moins de brio.
C’est au Port (81,50%) qu’il remporte le plus de suffrages, devant Saint-Philippe (78,10%), Saint-Joseph (77,95%) et Saint-Leu (76,96%). On imagine la déception de Patrick Lebreton de n’avoir pas réussi à obtenir le meilleur score pour son candidat dans l’ile, et d’avoir dû laisser cet honneur à une ville communiste. Au dela des symboles, il était également important d’envoyer un message à Paris pour déterminer la place de chacun dans la victoire du candidat socialiste dans l’ile. De ce strict point de vue, le PCR a marqué un petit point ce soir.
A l’inverse, Gilbert Annette a bien failli remporter le titre de maire ayant le plus mal fait élire François Hollande dans sa ville. Saint-Denis arrive en 2ème position des villes les moins pro-Hollande, avec « seulement » 66,28%. Seule la Plaine des Palmistes a fait pire, avec 64,17%, tandis que Saint-Pierre arrive en 3ème position (67,36%). A l’inverse, on peut aussi dire que Saint-Pierre est la ville de Droite à avoir offert le meilleur score à Nicolas Sarkozy (32,64%).
Ces résultats éclatants sont à la mesure de l’espoir mis par les Réunionnais dans François Hollande. Pendant toute la campagne, Nicolas Sarkozy a été tenu pour responsable de tous les maux de la France, tandis que la population était convaincue que François Hollande allait tout remettre à zéro et faire une politique totalement opposée à celle conduite par le président sortant au cours des cinq dernières années.
Il est malheureusement à craindre que les marges de manoeuvre économiques du nouveau président, et donc par voie de conséquence politiques, ne soient très faibles. Il n’y a malheureusement pas cinquante politiques économiques possibles, et le moindre dérapage qui laisserait penser à une augmentation des dépenses publiques, et donc de la dette, serait immédiatement sanctionnée par les marchés financiers. Les taux d’intérêt des emprunts que la France est obligée de lever régulièrement pour rembourser les intérêts de sa dette augmenteraient, ce qui alourdirait encore plus cette dette, ce qui entrainerait une hausse des taux d’intérêt… Nous entrerions alors dans une spirale infernale à la Grecque, qui serait suicidaire.
François Hollande est bien conscient de tout cela. C’est la raison pour laquelle nous sommes convaincus qu’après quelques mesures spectaculaires de début de mandat où il va s’attacher à tenir ses promesses de campagne, et qui sont déjà prises en compte dans les cours de bourse (augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, du SMIC, la retraite à 60 ans pour ceux qui ont cotisé 40 années, le droit de vote pour les étrangers aux municipales…), il va malheureusement être contraint, comme l’aurait été Nicolas Sarkozy, à une politique de rigueur.
Ce qui risque de décevoir nombre de ceux qui manifestent ce soir un peu partout, aux quatre coins de la France. Mais ça, c’est une autre histoire. Profitons de la fête. Il sera toujours temps d’avoir la gueule de bois plus tard…