Il a bon dos, le Dieu du même nom. La queue tortue lé courte ? A li minm lotèr !
Un filaos a eu la malencontreuse idée de « saigner » le lundi de Pentecôte, du côté du diable-vauvert je suppose. Les mauvaises langues disent chez Thierry Robert mais les gens sont méchants. Une longue saignée d’où s’échappait un liquide vaguement rougeâtre, vite assimilé à du sang par quelques esprits dits inspirés. Vous avez dits « illuminés » ?
Le standard de Freedom a immédiatement explosé, comme on le devine. Ils étaient des milliers à trépigner sans avoir la ligne, mais ceux qui ont eu cette chance ont tous ou presque expliqué que c’était là parole divine, avertissement solennel de Dieu, signe avant-coureur de la fin des temps.
D’ailleurs ? On était lundi de Pentecôte, ah ! C’est pas une preuve, ça ?
Un éminent scientifique est heureusement venu dire qu’il y a un champignon qui se réveille, à certaines époques de l’année, et se colle sur les blessures de l’écorce des bois-de-fer. S’il pleut, cette mycose provoque un épanchement rouge qui peut évoquer le sang.
Sainte-Hémoglobine priez pour lui : il fut aussitôt voué aux Gémonies, à l’Enfer, condamné aux crocs des vautours, au pilori, au pal, à l’écartèlement et à la lecture des œuvres complètes de BHL.
« Comment ! In boug i sorte déyèr soley i conné mieux qu’nous sat’ bon Dieu i dit ? »
Nos Anciens étaient moins cons, qui n’ont jamais accusé les filaos de saigner, les saules de pleurer, le vent de miauler diaboliquement ni les clebs de hurler à la mort. Tout au plus affirmaient-ils que lorsque meurt un éleveur d’abeilles, il faut prévenir ces dernières et recouvrir les ruches d’un voile de crêpe noir. Sinon, se sentant indésirables, elles s’en vont… à tire-d’aile.
Ah ! Tant qu’on y est, le lundi de Pentecôte n’y est pour rien car le lundi de Pentecôte n’a JAMAIS été une fête religieuse. Il s’agit d’un jour férié accordé par Napoléon 3 aux syndicats afin qu’on lui foute une paix… royale à cet empereur. C’est ce qu’on m’a raconté. Le lundi de Pâques aussi, d’ailleurs, pas plus jour béni que vous et moi.
On est au XXIè siècle… sacré nom de Dieu.
Jules Bénard