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Le cycle infernal de la violence conjugale

Suffit-il de comprendre le mécanisme, pour rompre le cercle de la violence? Le 25 novembre : journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Pourtant, les violences conjugales continuent à alimenter les colonnes de « Fait divers », fait de société. L’homme a souvent le rôle du bourreau, la femme, celui de […]

Ecrit par zinfos974 – le lundi 24 novembre 2014 à 10H04

Suffit-il de comprendre le mécanisme, pour rompre le cercle de la violence?

Le 25 novembre : journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Pourtant, les violences conjugales continuent à alimenter les colonnes de « Fait divers », fait de société. L’homme a souvent le rôle du bourreau, la femme, celui de la victime. Le processus peut s’inverser. Soit, la victime subit la violence dans une attitude de soumission. Soit, elle se défend. C’est à qui aura le pouvoir, dans une relation dominant-dominé. La violence signe une grande souffrance. On rencontre des personnalités fragiles, vulnérables, carencées affectivement, qui ont un vécu familial douloureux, en tant que victime et/ou témoin de violences. On retrouve chez l’agresseur, certains traits, telle une intolérance à la frustration, une incapacité à gérer ses émotions, une jalousie morbide…
La violence conjugale est cyclique. Selon Lenore E. Walker (psychologue américain. Prix des médias 1979), elle se fonde sur quatre mécanismes.

1è phase : « Tensions ». Des conflits à propos de petits riens. Un sentiment de malaise s’installe. La violence psychologique, base de la relation d’emprise, est sournoise, insidieuse. Elle se manifeste par des humiliations, des insultes : « T’es bon-ne à rien ! ». L’objectif est d’isoler la victime, pour qu’elle ne parle pas ; la réduire à l’état d’objet, dans un climat de terreur. Les mots, comme les silences (le refus de répondre), font mal.

2é phase : « Agressions » ou violences physiques (coups, blessures), violences sexuelles (le viol : relation sexuelle non consentie, les mutilations), où l’autre devient esclave. «Tu m’appartiens. J’en fais ce que je veux ! ». Les violences économiques (exiger des comptes, priver d’argent), les violences administratives (confisquer les papiers d’identité), font également partie de la stratégie de destruction. La victime qui a perdu l’estime de soi, éprouve un sentiment de honte, n’ose pas porter plainte, sous peine de représailles : « Si tu parles, on ne te croira pas ! Si tu me quittes, je te tue ! » La colère laisse place au désespoir, à la dépression, aux tentatives de suicide (un SOS).

3è phase : « Le déni ». L’agresseur transfère sur la victime, sa propre responsabilité, une partie de sa culpabilité, pour se dédouaner : « C’est ta faute. Tu m’as poussé-e à bout ! »  À la honte, à la peur, s’ajoute la culpabilité chez la victime.

4è phase : « La rémisssion ». La lune de miel. Le resto, les cadeaux, les fleurs, les excuses, les demandes de pardon, les promesses. L’agresseur peut justifier la violence par « le trop d’amour » qu’il porte à la victime, où amour-passion se confond avec emprise et possession. La victime ainsi anesthésiée, croit à un espoir de changement. Dépendante de son bourreau, hypnotisée, elle finit par se persuader qu’elle mérite les insultes, les coups. Le lien d’attachement qui peut être très fort, entretient le cycle de la violence, parfois jusqu’à l’issue fatale. Éliminer l’autre, jugé responsable de ses malheurs, ou retourner la violence contre soi dans un acte suicidaire, pour faire souffrir l’autre.

Comment sortir du cercle toxique de la violence conjugale ?

Le déclic se fait par une brusque prise de conscience de l’anormalité de la situation (au bout des années de souffrance, à se dire que ce n’est pas grave). Le mot de trop, le coup de trop, la violence de trop sur un enfant. La peur de mourir. Autant de facteurs qui peuvent inciter la victime à briser le silence, à porter plainte. Un cheminement long et difficile, qui nécessite un accompagnement sans jugement. La relation d’emprise (menace invisible) perdure dans le temps, en dépit de l’éloignement, de la séparation. D’où le retrait de plainte, la tentation de se remettre ensemble, si aucune action thérapeutique n’est mise en place avec la victime et avec l’agresseur : une mise en mots de la souffrance. Chacun possède en soi, la capacité de rebondir après un traumatisme. C’est la résilience.

Marie Claude Barbin

 

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