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Le collectif « Force de propositions pour Saint-Pierre » apporte son soutien aux maires frondeurs

Le collectif "Force de propositions pour Saint-Pierre" a apporté ce vendredi son soutien aux maires frondeurs. Krishna Damour, son porte parole, est intervenu sur la diminution des dotations d’Etat vers les collectivités territoriales qui rejoint le sujet tout aussi houleux des 17.000 contrats aidés non utilisés. L'intégralité de son intervention :

Ecrit par zinfos974 – le samedi 08 novembre 2014 à 08H12

Ce n’est pas l’actualité politique qui guide notre présente intervention, mais c’est la situation sociale dangereuse qui nous guette, qui nous conduit à réagir aujourd’hui. Car, Faut-il rappeler, qu’il y a, à peine deux mois de cela, les manifestations de jeunes chômeurs qui avaient envahies l’espace public mettant à nouveau en lumière le constat alarmant du niveau du chômage à La Réunion et du caractère précaire des jeunes Réunionnais.

Ce type d’expression devient de plus en plus courant, et cela dans un contexte  d’économie budgétaire et seulement pour l’année 2015, il y a l’objectif de réaliser 21 Milliards € d’économie. Et cette restriction  budgétaire n’épargne pas Notre Région.

Et dans le cadre de ces économies, l’Etat veut diminuer les dotations allouées aux collectivités territoriales soit 11 milliards € d’ici 2017. Les municipalités de La Réunion, le Conseil Régional et Général en 3ans pourraient perdre prés de 100 Millions €. Seulement pour Saint-Pierre, la diminution de la dotation d’état pour le fonctionnement représente 750000 pour 2013 et 2 Millions pour 2014 et 2015 soit une perte de 2 M 750 € sans compter également 2 Millions € de moins pour la CIVIS.

La conséquence de cette restriction  du niveau des dotations d’état, entraine moins de capacité d’autofinancement et moins d’épargne pour la commune. C’est aussi plus de dépendances pour la commune envers les recettes des impôts locaux et  vis-à-vis des banques et c’est plus d’endettement, si la ville veut soutenir ses investissements nécessaires à l’aménagement de son territoire.

Vous allez nous dire que partout sur le territoire National, l’ensemble des communes doit affronter ces économies budgétaires par solidarité et par nécessité économique.

Mais vous savez très bien que notre territoire n’a pas le même niveau de développement structurel, c’est pourquoi, La Réunion en tant que RUP est encadrée par l’article 349 du Traité de Lisbonne (Ex article 299 alinéa 2 du traité d’Amsterdam) afin de tenir compte « des caractéristiques et contraintes particulières des régions ultrapériphériques ».

Et Justement, nous sommes dans une situation particulière pour ne pas dire exceptionnelle avec plus de 35% de chômage, soit plus de 150000 chômeurs dont 56 % de jeunes moins de 26 ans. En plus de cela, 45% de la population se trouve en dessous du seuil de pauvreté avec 100000 illettrés. Ajouté à cela, c’est 20000 demandes de logement qui sont en souffrance.

Avec une telle situation, ce sont les communes qui jouent un rôle de tampon  et qui absorbent les déficiences structurelles de notre économie marchande.  Puisque, dans toutes les communes de l’Ile c’est la mairie qui est le premier employeur. C’est le maire qui est le premier ou l’ultime recours pour le chercheur d’emploi. D’ailleurs dans les barrages de contestation pour l’emploi, le premier à être demandé par les manifestants, c’est le maire.

Tout cela  est pour dire, que dans un contexte économique précaire, les diminutions de dotations de fonctionnement risquent d’amoindrir la capacité d’intervention du maire dans sa participation à la lutte contre le chômage.

Et dans ce contexte de rigueur budgétaire, on s’étonne de voir une députée du PS qui tire un boulet rouge sur les collectivités territoriales parce que, 17000 contrats aidés sont actuellement vacants fautes d’employeurs. Il est vraie que c’est un paradoxe de dénoncer le chômage trop important à La Réunion et de prendre le risque de laisser filer 17000 contrats. Est-ce de l’irresponsabilité politique ? Ou plutôt, la responsabilité de cette situation, ce sont ceux qui imposent aux municipalités Réunionnaises des coupes budgétaires. Car d’un coté, on supprime des dotations de fonctionnement destinées à financer l’embauche, et d’un autre côté, on demande à ceux qui subissent des coups de rabot budgétaire, de financer  et d’employer des contrats aidés. Il est là le vraie paradoxe et plus est avec le silence des sept parlementaires.

Il ne faut pas isoler les deux problèmes, il faut au contraire les lier. Je veux bien qu’on dénonce que les 17000 contrats aidés ne trouvent pas preneurs en termes d’employeur. Mais, il faut aussi se poser la question pourquoi les maires qui subissent quotidiennement la pression des citoyens ne peuvent pas les embaucher. On ne peut pas d’un côté diminuer les dotations et de l’autre côté de demander aux collectivités de se substituer au rôle de l’Etat qui est de juguler le chômage.

Et plus va l’austérité budgétaires, plus on fait appel aux collectivités avec moins de moyens pour se substituer au rôle de l’Etat. Car le règlement du chômage est avant tout une compétence régalienne.

A mon sens, si les communes ne peuvent pas employer des contrats aidés, ce n’est pas par manque de volonté car chaque jour les mairies sont assaillies par les doléances de chômeurs mais c’est par manque de moyens financiers.

Mais en même temps, il faut avoir en vue, la situation sociale catastrophique qui risque d’entrainer  une explosion, faute de moyens compensatrices telles des contrats aidés ou par inertie dans un statuquo.

C’est pourquoi, la mobilisation des mairies sont louables. Il est vrai que la fermeture des mairies entrainera de lourds désagréments pour les parents et pour les professeurs des écoles. Mais une situation sociale explosive  par ses effets, n’épargnera pas non plus, ni les parents et ni les profs.

Et de plus, le maintien des investissements dans les écoles et l’amélioration du quotidien  des parents d’élève par l’investissement dans l’aménagement  du territoire par les communes,  sont conditionnés par ces dotations d’état qui sont aujourd’hui menacées. C’est pourquoi, l’ensemble des communes doivent se mobiliser pour contraindre l’Etat de prendre en compte la situation spécifique de La Réunion.

Par ailleurs, au-delà de la journée de fermeture des collectivités et en transcendant les clivages politiques, l’ensemble des parlementaires doivent monter au créneau pour dire au gouvernement que nous comprenons de la nécessité de faire des économies. Mais au regard de la situation sociale particulière de La Réunion, il faut exceptionnellement épargner notre Région de cette diminution de dotations par la mise en place de dérogations particulière en vertu de l’article 349 du traité européen qui reconnait notre situation particulière.

L’ensemble des élus se trouvent  alors devant leur responsabilité, ou ils laissent courir la situation, et elle éclatera et deviendra ingérable. Ou au-delà des clivages politiques, ils font entendre leurs voix de manière convergente pour que les communes puissent continuer d’assurer leur fonction sociale, d’investisseur, de générateur de croissance et d’employeur.

Le dernier point que le collectif « Force de proposition pour Saint-Pierre » souhaite soulever, c’est le déménagement  futur de l’IRTS. Et là, j’adopte ma casquette de défenseur du développement de la micro Région Sud. En effet, comme vous le savez l’IRTS est en prospection d’une nouvelle commune pour l’accueillir. Et le nouveau site qui hébergera l’IRTS devra répondre à certaines exigences que la ville de Saint-Pierre peut répondre. Ainsi, le Parc Technologique de Terre Sainte qui est présenté comme le futur pôle d’excellence du Sud Réunionnais qui abrite déjà l’IUT, le CHU, une école d’infirmières et d’aides soignants, des centres de recherches de développement durable, pourrait aisément accueillir l’IRTS. L’IRTS serait alors inséré dans un véritable pôle d’étudiant où se trouve déjà un resto-self et des logements de proximités.

Le conseil Régional qui est le chef de cette décision doit se laisser influencer par une volonté de développer le sud dans le souci d’un équilibrage territorial.

Dans tous les cas nous appuyons fermement la candidature de ville de Saint-Pierre à la réception de l’IRTS dans l’intérêt de Sud et de La Réunion.

 

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