Milieu confiné, technicité particulière, respect et préservation de l’environnement : les travaux réalisés par l’entreprise Rocs méritent d’être soulignés tant ils ont été intégrés au milieu naturel au sein duquel se trouve le captage. Engagées depuis 2008 par une entité gérée par la commune du Tampon, le Syndicat des Hirondelles, les études pour la sécurisation de la galerie de captage des Hirondelles ont fait leur temps. Présente en falaise, la source des Hirondelles présente un débit de 160 litres par seconde, favorisant ainsi une production et une distribution d’eau pour les quatre communes adhérentes du syndicat que sont le Tampon (69%), Petite-Île (12%), Saint-Pierre (11%) et Saint-Joseph (8%).
Mais cela n’a pas toujours été le cas.
Un tunnel creusé manuellement à la pique et à la pelle
Auparavant située à flanc de falaise, l’ancienne canalisation avait été emportée lors d’intempéries au début des années 60. Résultat, une poignée d’hommes forçant le respect se sont rendus à pied au niveau de cette falaise contournant le captage pour creuser une galerie longue de 140 mètres. Le tout armés de piques à pointe, de barres à mine et de simples pelles sans oublier les aller-retours entre Bois-Court et le site avec une charge allant de 50 à 100 kilos de ciment sur le dos.
Lors de ces épreuves dignes de travaux forcés, Jules-Vincent Nativel et Arnaud Boyer étaient de la partie. Habitant le hameau de Grand-Bassin à l’époque, ils n’en font pas tout un plat, et pourtant. « Nou marchait par bout. L’été vraiment dur mais nou té habitué. Le matin nou té pren ver 7 heures pou fini le soir vers 6-7 heures. En plus i té fallait monte la Plaine des Cafres en journée pour allé rode sacs ciment 50 kg et charroye à li dessu le dos. Koméla, mi pense pas que n’aurait beaucoup de jeunes i pourrait faire ça » explique Jules-Vincent Nativel, 81 ans et toujours blageur.
A leur côté, Roger Picard, employé à la Cise et chargé du contrôle du site depuis maintenant une vingtaine d’années. Pour lui, terminées les positions acrobatiques dans l’ancienne galerie exigüe pour aller vérifier que tout se déroule normalement. Pas de dentelles, pas de détails, juste un homme qui maîtrise son métier et qui ne l’échangerait pour rien au monde. « Tant qu’il fait beau, tout va bien, Mais en période de fortes pluies, ce n’est pas la même musique » explique le cinquantenaire. « L’ancien tunnel, c’était comme en pleine guerre. Il fallait être accroupi. Parfois debout mais très souvent à quatre pattes » poursuit Roger Picard.
Des travaux sous sous le contrôle des Pétrels noirs
Côté travaux, c’est sous la coordination de Clément Bois, de l’entreprise ROCS, que la réhabilitation et la sécurisation du site ont été accomplies. Confortement de la voûte, élargissement de la galerie et agrandissement en hauteur à 1,90 mètres, la galerie présente un tout autre visage. Sécurisé par des poutres en métal, le plafond du tunnel est impressionnant. Mais la réelle difficulté, au delà des inconvénients techniques du site et de sa localisation, se trouvaient dans le respect de l’environnement et des espèces voisines du site.
Pour ce faire, un arrêté préfectoral est même venu dicter la période des travaux. « Il y a eu une demande de dérogation déposée en préfecture sur la base d’une notice d’impact environnemental précisant les périodes de travaux et les espèces concernées » explique Bertrand Denis, ingénieur environnement. « A partir de là, comment fallait-il procéder pour ne pas impacter négativement le site ? Et bien, tout simplement en réalisant les travaux dans une fenêtre de temps comprise entre avril et la fin juillet » poursuit l’écologue. Une fenêtre-temps correspondant à l’envol des Pétrels noirs vers le littoral et l’océan avant un retour début août pour des accouplements puis mise bas. Cela tombait bien, début août, les travaux étaient terminés.
Bois maigre, Capillaires, Bois de goyave marron, Tan Rouge ou encore Ambavilles, les espèces recensées sur le site du captage sont nombreuses. Un site partagé entre le Coeur et l’Aire d’adhésion du Parc, en amont du village de Grand-Bassin situé à quelques kilomètres. Un site réhabilité et qui permettra désormais à la population de plusieurs communes de bénéficier d’un meilleur service, d’une quantité d’eau plus importante et de coupures d’eau beaucoup moins fréquentes qu’auparavant. Une population qui se doit de savoir quels ont été les efforts réalisés par des dizaines d’ouvriers, depuis maintenant plusieurs dizaines d’années.