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Le Thénardier du Tampon exploitait les SDF : 7000 euros d’amende !

Tribunal correctionnel de Saint-Pierre, jeudi 22 mai 2014.

Ecrit par Jules Bénard – le jeudi 22 mai 2014 à 16H16
Pour parodier Corneille, Jean-Baptiste Técher, 83 ans aux vavangues, « est vieux, il est vrai, mais aux âmes fourvoyées/La laideur supporte le nombre des années ».
 
Les faits sont simples mais tristement atroces.
 
Dans l’arrière-pièce de sa maison du Tampon, le sinistre personnage avait bricolé une épicerie (très peu) sociale, réservée au seul usage de ses cibles : les SDF, laissés-pour-compte, miséreux dont plus personne ne se soucie. Quelques sacs de riz, des conserves, des barquettes à la date de consommation non définie. « Ont-elles été congelées avant la guerre ? », demandera le procureur Giraudet. On ne le saura jamais.
 
Il y avait aussi des dizaines de bouteilles d’alcool, du charrette de bon aloi.
 
La petite entreprise du sieur Técher n’aura pas connu la crise le temps que la loi y mette bon ordre, car cet épicier hors du commun avait trouvé un système aussi imparable que clandestin pour faire fortune.
 
« Viens chez moi y’a du feu ! »
 
C’était son gobe. Comme un dealer de la meilleure farine, Técher repérait les SDF du Tampon. « Viens boire in coup la case ! » Un coup gratuit, deux coups, trois coups… Une fois le pigeon suffisamment imbibé, Técher lui faisait comprendre amicalement que maintenant, il allait falloir casquer. Et lorsque « l’amicalement » n’était pas assez convaincant, il cognait.
 
Sans se poser autrement de questions, les victimes sont devenues accros du Técher grâce aux soi-disant facilités qu’il leur accordait : « carnet » à l’ancienne pour les achats à crédit, nombreux coups de charrette bien propres à leur faire perdre la notion du temps, après quoi ils reconnaissaient tout ce qu’on voulait.
 
Sur le « carnet », les chiffres s’envolaient vite. Il faut dire que le litre de charrette, acheté 7 euros, était facturé à 20.
 
In sac le coups !
 
Pour être sûr de rentrer dans ses fonds (avec ces êtres insaisissables, n’est-ce pas ?), il a taxé leurs cartes bancaires avec les numéros de codes, pour se payer sur la bête ; en l’occurrence leur diaphane RSA.
 
Une des victimes confirme : « Il me prenait tout mon RSA moins 140 euros ».
 
Ces êtres à la dérive ont perdu tout contact avec la simple notion de chaleur humaine ; facile alors de se faire passer pour le saint Vincent de la commune. Ils n’y ont vu que du feu et le Técher s’est gobergé sur le dos de ces hommes, femmes et ados qui pourraient être vos pères, mères, frères et sœurs ! (Je n’accuse personne).
 
Sauf qu’une des victimes, dans un sursaut de lucidité, a porté plainte parce que Técher lui a subtilisé sa CB et son code. Rien que ça lui a valu in sac le coups. Plus des menaces de mort. Qu’importe ! la machine judiciaire était en route.
 
140 bouteilles de charrette !
 
Chez lui, outre les marchandises, les enquêteurs vont de surprise en ébahissement : 119 plants de zamal la première fois ; 70 lors de la deuxième perquise ; 20 la troisième fois ; etc. Les rappels à la loi ne l’émeuvent pas.
 
Devant les enquêteurs, malgré les nombreux témoignages de ses victimes, il nie tout. Les témoignages de sa concubine et de sa propre fille ? Mensonges que ce fatras ! Les 140 bouteilles de rhum ? Pour son anniversaire. Le zamal ? Pour ses volailles. Le crédit aux SDF ? Ce sont eux qui l’ont « supplié » de le leur accorder.
 
« Frappez-le au porte-monnaie ! »
 
Le procureur Giraudet a tiré à boulets rouges sur cet individu « qui profite de la détresse humaine, usurier, dealer, pourvoyeur officiel d’un fléau social poignant, l’alcoolisme ! »
 
Fin lettré, il a évoqué la Gervaise de L’Assomoir. Nous y ajouterions le Thénardier face à Fantine. Car c’est ce qu’a prétendu aux enquêteurs Jean-Baptiste Técher : « Ce sont eux qui sont venus me chercher ! » Chacun se fera son opinion.
 
« Il n’y a pas d’âge pour débuter une carrière de délinquant, avait dit l’accusateur public au début de son réquisitoire. Il n’y en a pas non plus pour commencer une carrière de condamné ! » Arguant qu’il fallait frapper l’accusé « là où ça lui fait le plus mal, au porte-monnaie », le procureur n’a pas réclamé de peine de prison mais une amende qui se pose un peu là.
 
Me Khlifi-Ethève, qui n’a eu que peu de temps pour préparer sa défense, a malgré tout obtenu atténuation de la peine : 360 jours à 20 euros (au lieu des 30 requis).
 
Pas cher payé !

 

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