L’hôpital Gabriel Martin a fait son temps. Un constat qui fait l’unanimité. Agents hospitaliers et politiques ont œuvré pendant plus d’une décennie pour bâtir un établissement exemplaire digne des exigences environnementales du 21ème siècle. Sa localisation : Grand Pourpier en face de Cambaie Omega. Mais les « études de projet » (PRO) rendues par le groupement Demathieu et Bard le 10 juin dernier remettent en cause l’objectif bioclimatique envisagé pour cet hôpital moderne.
Une note que nous nous sommes procurée compare le cahier des charges initial délivré par le maître d’ouvrage, l’hôpital Gabriel Martin, et le dossier remis par le groupement qui a remporté le marché public en 2012 face au Groupe Vinci Construction notamment. Le décalage entre la qualité du bâtiment prévue et l’étude remise par le groupement surprend ceux qui suivent l’avancement du projet depuis des années.
Cette note d’une vingtaine de pages aux observations très techniques accable le groupement retenu en 2012. La grille de critères environnementaux à laquelle le maître d’œuvre devait répondre est dans sa majeure partie non respectée. Envisagé comme un établissement hospitalier à haute qualité environnementale, le futur PSO a depuis réduit ses ambitions en simple QE, « qualité environnementale ». Et même cette exigence revue à la baisse n’est pas sûre d’être atteinte selon nos informateurs.
Qualité Environnementale ratiboisée
Différentes cibles environnementales, listées dans le cahier des charges que devait respecter le MOE, ne sont pas respectées.
Lorsque les critères environnementaux ne sont tout simplement pas zappés, la multiplication des coûts supplémentaires induits par l’exigence QE fait l’objet de facturations au maître d’ouvrage, l’hôpital Gabriel Martin. Innaceptable pour nos informateurs, et surtout non prévu dans le marché public.
Gestion de l’énergie du futur bâtiment, réduction de la consommation d’eau potable, entretien de l’ouvrage, confort hygrothermique et qualité sanitaire de l’air posent problème à quelques jours du feu vert pour le démarrage des travaux.
En matière de confort hygrothermique (bâtiment bioclimatique et économe en énergie), l’objectif fixé en termes d’isolation des façades est tout simplement non-conforme à ce qui était programmé, indique cette note. « Le groupement n’a pas pu atteindre la cible. Cette non conformité signifie que la demande de rafraichissement sera donc plus importante, avec donc une consommation énergétique plus importante que celle prévue malgré un coût d’investissement des brasseurs d’air important : 405.560 euros. »
La minimisation de la consommation d’eau demeure elle aussi problématique. L’installation de panneaux photovoltaïques le long de l’ombrière permettant aux piétons de rejoindre le bâtiment depuis les parkings est abandonnée.
La note en arrive à la conclusion que « le projet n’est pas abouti. L’ADEME nous alerte depuis plusieurs mois. Le groupement doit lever tous ces questionnements avant tout engagement du maitre d’ouvrage », poursuit ce document.
« Nous demandons une enquête financière »
A quelques jours de la signature de l’ordre de service pour engager les travaux, cette note relative à la performance environnementale du projet remise au directeur de l’hôpital Gabriel Martin et au comité de pilotage du PSO fin août, pourrait remettre en cause le premier coup de pioche prévu pour fin 2015.
Face à la découverte de ces manquements et de ce calendrier serré, l’intersyndicale CFDT-FO-UNSA réclame « la tenue d’un CHSCT extraordinaire de la part du directeur du CHGM avant que l’ordre de service devant être signé ce 8 septembre n’autorise le groupement à s’en tirer à si bon compte. »
L’intersyndicale ajoute : « visiblement, la signature du démarrage des travaux a été l’enjeu de plusieurs tractations. Il faut arrêter ce gâchis. Le personnel s’est battu pendant des années pour avoir ce nouvel hôpital. Il n’acceptera pas qu’il soit dégradé pour des luttes de pouvoirs, des ambitions personnelles, des calendriers électoraux et peut-être des avantages financiers. Il faut refuser le PRO tel qu’il est et demander à ce qu’il soit refait, montrer au groupement que ce n’est pas lui qui décide, et faire respecter les engagements contractuels. Cela passe par une enquête financière et administrative pour vérifier qu’il n’y a pas de dérive. »
L’intersyndicale enverra un courrier d’alerte dès lundi matin à l’Agence Régionale de Santé et au Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (COPERMO) sur ces événements.