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Le Parc National lance une étude sur la régénérescence de la flore du Maïdo

Alors que les sapeurs-pompiers évacuent leurs tuyaux et tout ce qu'il reste en matériel du théâtre des opérations de l'incendie de 2011, d'autres tuniques occupent désormais le terrain brûlé du Maïdo.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 10 février 2012 à 07H43

Connaître la réaction de la nature suite aux ravages de l’incendie, l’allure de sa renaissance des cendres, son combat contre les espèces invasives, c’est tout l’objet de l’étude lancée par les chercheurs du Parc national de la Réunion.

Plus exactement, « l’étude ne fait que reprendre ce qui avait déjà été entamé en 2010 mais qui a été perdu à cause du second incendie », nous livre Janick Payet, responsable secteur Ouest du Parc.

Très concrètement, le long de l’immense superficie brûlée, 16 placettes ont été initialement fixées. Les placettes se trouvent être des zones bornées via une position géo-satellite formant au sol un carré de 10m de côté. Tous sont positionnés de façon aléatoire sur les endroits touchés. Chaque zone quadrillée devient alors une sorte de zone témoin pour l’oeil d’un scientifique. Elle livre les réponses sur la croissance des espèces, le rythme de leur dégénérescence d’après incendie. Ces placettes sont juste bornées mais pas clôturées. Par contre, pour les retrouver facilement à chaque échantillonnage, « une localisation GPS est nécessaire ».

Espèce pyrophile

« Ces placettes sont situées du haut du Maïdo jusqu’à la piste des 1.800 », à comprendre des 1.800 mètres d’altitude, ligne imaginaire de localisation située quasi parallèlement à la route forestière des Tamarins et du prolongement vers Tévelave.

Placées en septembre 2011, soit un mois avant l’incendie qui calcinera 2.800 ha dès le 25 octobre, les placettes ont été purement balayées. Mais leur pose n’aura pas été veine comme nous l’explique Janick Payet. En effet, dès la pose de ces délimitations en pleine nature, « les données d’un état zéro ont été récoltées ». C’est déjà ça. En clair, en photographiant à un instant T les espèces qui avaient pu repousser dans ces zones témoins, le Parc possède déjà quelques indices sur la régénérescence des espèces presqu’un an après l’incendie de 2010.

« Actuellement, nos agents sont justement en train de disposer de nouvelles placettes. Le protocole scientifique avait déjà été validé en 2011 suite à l’incendie de 2010. Mais après les nouveaux ravages de l’année dernière, un autre protocole doit être établi ». Car la superficie a quasiment quadruplé : passant de 780 ha en 2010 à près de 2.800 cette fois-ci. « Ce réseau de placettes devra être élargi à cause l’incendie de 2011 » complète Stéphane Baret, chargé de mission flore du Parc National qui compte également, avant de plus grandes conclusions, sur le rapport intermédiaire d’un stagiaire ayant effectué son stage au Parc et qui devrait être publié en mars.

Au minimum 5 années pour dégager des tendances

« Le but est de suivre la dynamique de la population végétale ». Toutes les donnés sont collectées, même celles des pestes végétales. Même la connaissance de leur progression sera d’une aide précieuse pour le plan d’action des agents ONF, chargés du défrichage de l’ajonc d’Europe par exemple.

De cet état zéro récolté en septembre dernier, quelques indices émergent. « Nous avons à la fois des pousses en semis ou des pousses par bouturage ». Janick Payet évoque également l’apparition de rejets de pieds de tamarins malgré le fait qu’ils aient été échaudés par le feu. Bref, plutôt une bonne nouvelle pour cette dernière espèce, extrêmement lente à repousser. Comptez au minimum 40 ans pour une taille adulte, nous évoquait Pierre Sigala de l’ONF dans un précédent article. « Mais pour un vrai beau tamarin : c’est 80 ans ! » Face au seigneur des forêts du Maïdo, l’ajonc d’Europe arrive à terme en l’espace de…6 mois. « Si l’ajonc occupe tout l’espace, elle ne permettra pas la sortie de terre des espèces endémiques ». Pire, cette peste adore le feu. « C’est une espèce pyrophile ». La chaleur des flammes accélère en effet la maturation de ses graines. Une double peine pour les agents de l’ONF et du Parc qui veillent à garder l’équilibre originel du site.

Le recensement ne fait donc que commencer. « Le recul nécessaire est d’au moins 5 ans » admet Janick Payet.

 

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