"On arrive les gars. On ne nous attend pas mais on est là", lance tout fier un Jean-Paul Panechou (porte-parole du parti) tout heureux de présenter sa liste "historique" en vue des sénatoriales. Une première donc pour le parti d’extrême gauche.
Titiller les grands électeurs ne sera pas chose aisée, et les membres du Front de Gauche 974 en ont bien conscience.
Sa tête de liste sera Corine Ramoune, qui a pu faire ses armes dans le monde syndical. En deuxième position et sans réelle surprise, l’emblème du front de gauche local en la personne de Jean-Paul Panechou. Mimose Libelle (figure de l’Arast) et Denis Simonin clôture la parité qui se doit d’être respectée.
En la matière justement, le parti peut donner des leçons aux partis dits traditionnels. "Voyez tous ces partis qui ont mis en place la parité et qui ne sont même pas capables de l’appliquer dans leurs listes respectives", affirme Jean-Paul Panechou.
Gilbert Annette : "l’ultra-libéral"
Sans déflorer un programme qui se fera désirer jusqu’à début septembre, le parti s’inspire largement de l’actualité. "Mi réjoui a moin de l’effondrement économique d’aujourd’hui, se frotte les mains le porte-parole. Appelons là la crise financière, la crise économique, mais c’est avant tout la crise du capitalisme". Didier Dupont ne tarde pas à rebondir sur le modèle exemplaire qu’a su tenir l’Argentine dans le redressement de sa faillite annoncée, née de sa crise de 2002. "L’Argentine : le vrai modèle à suivre", selon lui.
Et même les socialistes ne trouvent pas grâce aux yeux du Front de Gauche. Pour Jean-Paul Panechou : "Les socialo-démocrates souhaitent simplement guérir ce système".
Il faudra s’habituer au nouveau visage de la tête de liste : Corine Ramoune qui emboîte le pas à la figure emblématique du parti. Le discours est déjà rôdé : "Notre constance par rapport aux autres formations : c’est la solidarité intergénérationnelle. On n’a pas peur du mot gauche, salaire, travailleurs. On n’a pas peur de dire qu’il faut augmenter les salaires", sourit-elle, en forme d’apostrophe aux cousins du PS. Jean-Paul Panechou en rajoute une couche, plus ciblée localement : "Annette c’est le premier libéral, voire l’ultra-libéral de la Réunion". Didier Dupont complète : "un exemple ? Il a installé des caméras de vidéosurveillance au lieu d’embaucher du personnel de surveillance".
Compter sur le secret du vote
Déçu par les "alliances contre-nature" du troisième tour des cantonales, le Front de Gauche 974 s’en remet à sa ligne de conduite invariable. "Ou couve ti poule, i sorte ti canard", s’amuse Jean-Paul Panechou pour exemplifier la situation au Département.
Sur l’opportunité pour le parti d’extrême gauche de se présenter au portillon du Sénat, Corine Ramoune se justifie. "C’est quand même au Sénat que sont votés les lois et les amendements". Pour espérer y figurer, la liste du Front de Gauche 974 Réunion devra convaincre les grands électeurs réunionnais. La partie n’est pas aisée mais il compte bien rallier les indécis. "Le caractère secret du vote", peut faire basculer les choses espèrent-ils.