« »Bienvenue chez vous ». C’est avec cette attention particulière que le président de l’Université de La Réunion Mohammed Rochdi a accueilli la délégation du Crefom Réunion en ses murs il y a quelques jours. Cette rencontre souhaitée depuis sa création par le Crefom a permis d’aborder plusieurs problématiques fortes. Rappelant son caractère apolitique et son implication auprès des collectivités et associations, le Crefom a confirmé sa volonté de travailler étroitement avec l’établissement sur des dossiers relatifs à l’emploi des jeunes et leur formation. Une question phare a animé le débat : celle de la représentativité des Réunionnais dans le personnel et le corps enseignant. Le Président de l’Université a de suite été interpellé : Quels sont les chiffres ? Quels moyens sont mis en oeuvre par l’établissement ? Quels sont les freins à lever pour mettre en valeur les compétences existantes au niveau local ?
Les deux parties en sont arrivées au même constat : le métissage de la population réunionnaise ne se retrouve pas au plus haut niveau de l’administration. Les personnels de catégorie C sont majoritairement Réunionnais, mais plus on monte dans la hiérarchie, moins on trouve de personnes issues du territoire.
L’université de La Réunion, elle même, n’a aucun personnel issu du territoire au sein de sa direction administrative. Le Président de l’Université a argué que les ultra-marins devaient prendre leur juste part de représentativité tant au niveau national que local. Pour le président, l’Université de La Réunion a fait de gros efforts pour accueillir le maximum d’étudiants. La diversité est donc respectée. Concernant les emplois et en particulier les postes de haute responsabilité (A+), le président a rappelé qu’ils sont ouverts à tous et qu’il ne peut y avoir de critères censés orienter un jury de recrutement ou de promotion. Les postes sont publiés sur la BIEP, uniquement. La règlementation est respectée, mais cela suffit-il ? Pour la vice-présidente de l’Université de La Réunion Cathy Pomart, deux obstacles pourraient expliquer le faible nombre de réunionnais aux postes d’encadrement : « le manque de confiance en soi du Réunionnais » et les moyens budgétaires qui ne permettent pas de mettre en place des formations continues sous forme de reprise d’études en vue d’une promotion.
Le Crefom a alors rappelé les outils existants pour promouvoir l’emploi des Réunionnais comme le rapport Lebreton, invitant le président de l’Université à prendre en considération le caractère exceptionnel de la situation de l’emploi local à La Réunion, évoquée par le Président de la République lors de son intervention à la séquence sur l’emploi local à Saint-Joseph. L’absence de cadres représentatifs du territoire au sein de l’Université est aussi alarmante et doit pouvoir être rectifiée par la mise en place de mesures exceptionnelles.
Le Crefom travaille en ce moment sur plusieurs pistes, notamment au niveau des passerelles entre les trois fonctions publiques. Le Président Rochdi s’est d’ores et déjà engagé à faire parvenir au Crefom les offres de postes de l’Université afin d’en assurer une diffusion plus large. Autre problématique abordée : l’offre de formation, avec le cas de l’Esiroi (Ecole d’ingénieurs) et la mise en place d’une classe préparatoire intégrée pour la préparation aux concours administratifs de niveau supérieur, annoncé par le Président de la République lors de son passage dans l’ile. Le Crefom sera associé à ces travaux avec notamment Sciences-Po Paris pour développer ces formations au niveau local.
L’échange s’est conclu sur la disparition de Sudel Fuma. Le Président Rochdi a confirmé qu’un amphithéâtre de l’Université portera son nom, en hommage à l’historien engagé. Le Crefom a souhaité que les travaux de Sudel Fuma sur l’esclavage et l’engagisme puissent se poursuivre par un Réunionnais. Une rencontre riche, franche, sans détours et respectueuse des personnes.
Le Président Rochdi, ouvert au dialogue, s’est engagé à poursuivre ces échanges avec le Crefom, notamment sur les dossiers évoqués lors de cette première audience. Gageons que cette dernière donne naissance à des relations solides et partenariales entre le Crefom et l’Université de La Réunion. »