Quelles leçons tirer des résultats du second tour des élections départementales qui ont eu lieu aujourd’hui ?
1) Un raz-de-marée de l’union de la Droite
La stratégie initiée par Didier Robert de créer une plate-forme du plus grand nombre de maires possibles de l’UMP, d’Objectif Réunion et de l’UDI, autour d’un programme économique qui servira pour la future campagne des Régionales, a été un total succès.
Cette union totalise ce soir 28 conseillers départementaux sur 50, et détient donc une très large majorité au Département.
Pourront en plus conforter cette majorité les 4 conseillers départementaux du Tampon dont on ne sait encore s’ils rejoindront la plate-forme réunie autour d’une Nassimah Dindar. La présidente sortante a en effet été confirmée ce soir par tous les ténors de la Droite comme la future présidente de cette assemblée.
Et restera encore l’inconnue du maire de Petite-Ile Serge Hoareau et de son binôme Marie-Paule Balaya (adjointe UMP de Michel Fontaine) qui pourraient venir encore renforcer cette majorité, tout comme celui de Giovanny Poire étonnamment élu face à Yoland Veleyen a Saint-Paul et classé Divers Droite.
Dans la meilleure des hypothèses, cette majorité pourrait donc compter jusqu’à 36 élus sur 50 !!!
Seul bémol dans cette « vague bleue » : la défaite de Yoland Velleyen à Saint-Paul. Il est encore trop tôt pour tirer toutes les leçons de cette défaite du 1er adjoint de Joseph Sinimalé mais on peut d’ores et déjà dire qu’elle est le révélateur de lignes de fractures plus fortes qu’on ne le pensait au sein de l’équipe municipale, où chacun se positionne déjà en vue de la succession à venir de Joseph Sinimalé dont l’âge devrait lui interdire de se représenter en 2020.
2) La défaite des partis de Gauche, et en particulier de Gilbert Annette
Les partis de Gauche ressortent laminés de cette élection et paient au prix fort leur désunion.
Seul motif de satisfaction pour le PS : il devient le premier parti de Gauche au Département, mais à quel prix ! Il ne comptabilisera que 6 conseillers départementaux dans la future assemblée, sur 50 élus ! Une véritable déroute…
Et la gifle est encore plus forte pour Gilbert Annette à Saint-Denis qui, après avoir été incapable d’empêcher la victoire au 1er tour de Nassimah Dindar, a vu deux autres de ses binômes aller au tapis à l’occasion de ce second tour. Et pas n’importe lesquels puisque Jean-Jacques Morel a fait mordre la poussière au 1er adjoint Jacques Lowinsky qui avait comme suppléante la députée Ericka Bareigts, et que le duo Nadia Ramassamy/Alain Armand a terrassé Gérard Françoise, le 5ème adjoint délégué aux Finances… et la députée Monique Orphé. Le pari du maire de Saint-Denis de demander à ses députées d’être candidates s’est retourné contre lui. Elles ont contribué à « nationaliser » la campagne, elles qui ont toujours soutenu sans failles la politique d’un gouvernement aujourd’hui condamné par les Réunionnais.
Quant à Philippe Leconstant, qui n’est autre quand même que le premier secrétaire du PS, il n’est élu que d’extrême justesse à Saint-Benoit, ce qui ne le met pas à l’abri d’un éventuel recours…
Et le reste de la Gauche n’est pas ce soir en meilleur état.
Le PCR sauve les meubles grâce aux victoires de Philippe Robert à La Possession et de Maurice Gironcel sur le canton de Saint-André 1, qui offrent ainsi 4 sièges au parti communiste. Tandis que Jean-Yves Langenier enregistre une sévère défaite au Port face aux candidats du jeune maire Olivier Hoarau du PLR. Quatre élus seulement pour le PCR ! Il est loin le temps où Paul Vergès se positionnait en « faiseur de rois » grâce à un parti incontournable sur l’échiquier politique…
Ces deux cantons du Port sont les seuls dans lesquels le PLR a réussi à faire élire des candidats. On peut là aussi parler de défaite pour le parti d’Huguette Bello qui n’arrive pas à s’implanter ailleurs qu’au Port et qui a connu une défaite historique à Saint-Paul, dont Huguette Bello était pourtant encore la maire il y a un an ! Que ça semble loin tout ça…
3) L’impossible implantation du LPA de Thierry Robert
Les candidats du LPA n’ont réussi à se faire élire qu’à Saint-Leu, le fief de Thierry Robert, et à réaliser un bon score que dans le canton d’à côté, à cheval sur Saint-Leu, l’Etang-Salé et les Avirons.
A part ça, le LPA n’a réalisé que des scores modestes, en tous les cas insuffisants pour lui permettre d’être présent au second tour.
Il s’agit sans nul doute d’une défaite personnelle pour Thierry Robert qui espérait bien s’implanter profondément dans de nombreuses communes de l’ile en vue de la future bataille des Régionales.
Mais Didier Robert aurait tort de crier victoire trop vite. Outre que beaucoup de choses peuvent encore survenir d’ici décembre, les Régionales sont une élection à part où le poids des maires, même s’il est toujours très important, est moins déterminant que dans les autres scrutins. Il s’agira d’un scrutin de liste et Thierry Robert pourra plus facilement capitaliser sur son nom, contrairement à ces Départementales où il a dû s’appuyer sur des candidats beaucoup moins connus.
Le président de la Région a indiscutablement marqué un point ce soir. Mais le chemin est encore long d’ici aux Régionales…
