Alexandre Law-Yat n’en revient pas. « On a perdu 100% de nos mangues encore sur pieds » estime le gérant de l’exploitation agricole de Saint-Gilles, l’un des plus gros viviers de mangues de l’Ouest et de toute l’île.
Les deux reines du marché sont la mangue josé et l’américaine (la mangue qui se dévisse). Mais depuis hier, c’est un tapis de mangues qui garnit le sol. Depuis ce matin et pour encore quelques jours, les employés de l’exploitation s’affairent à déblayer les allées d’un verger dévasté par Dumile.
Pas de chance cette saison : « un système cyclonique est passé très tôt en janvier et dans le même temps, la deuxième floraison a été tardive » remarque son fils Pierre Olivier Law-Yat.
A plein régime, cette exploitation qui borde la route du théâtre St-Gilles récolte un peu « plus de 2 tonnes chaque jour » explique-t-il.
Après les dégâts vient l’heure de l’évaluation. Dès ce matin, un technicien de la chambre d’agriculture est venu estimer les pertes de cette exploitation de 12.000 pieds de mangues sur 35 hectares.
« La décision finale reviendra à la Direction des Affaires Agricoles et donc des services de l’Etat » affirme Eric Lucas, technicien « fruits » à la chambre d’agriculture, « mais je suis venu faire les estimations pour que le dossier de l’exploitant soit transmis à la chambre » poursuit-il. Sur tous les bassins de l’Ouest, que ce soit sur Grand Fond, Cap La Houssaye ou encore le Tour des Roches, c’est entre 70 à 80% de pertes à cause du cyclone » évalue-t-il. Et sa tournée ne fait que commencer.
Des mangues à terre mais aussi des manguiers arrachés
La mangue josé, la mangue préférée des Réunionnais, voit sa saison déjà terminée alors qu’elle peut se prolonger très facilement, sans cyclone, jusqu’à mars. « La saison est finie » résume amer Pierre Olivier Law-Yat. « Les mangues sont vertes et donc inexploitables, ni pour les étales ni pour la transformation en confiture… ». A vue d’oeil, c’est 150 tonnes (josé et américaine) qui ont été détruites d’un seul trait par Dumile dans ce verger. Un chiffre à comparer aux « 400 tonnes que nous produisons normalement dans une saison complète ».
La perte est conséquente, mais sur certaines exploitations ce sont « des pertes de fond, c’est-à-dire que ce sont carrément des pieds de mangues qui ont été arrachés. Et là ce sont des pertes sur 5 ou 6 ans pour l’exploitant » complète Eric Lucas.