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La réserve marine une « solution » à la crise requin, selon son directeur

Cible de menaces et d'agressions depuis 2011, la Réserve naturelle marine de La Réunion souhaite aujourd'hui s'exprimer. Défendre ses agents ainsi que le projet de la réserve naturelle, c'est l'objectif du directeur, Fabien Metayer.

Ecrit par zinfos974 – le mardi 21 avril 2015 à 11H39

« La réserve marine est une des solutions à la crise requin », Fabien Metayer, directeur de la Réserve naturelle marine à La Réunion (RNMR), en est certain.

Mais tous ne sont pas d’accord. Accusée d’attirer les requins vers les plages avec ses poissons, la RNMR est ciblée par des associations, particuliers et proches des victimes d’attaques. Agressions verbales, menaces et dégradations matérielles depuis quatre ans, c’est ce que dénoncent les agents de la RNMR qui ne veulent plus être visés. « Ils ont toujours gardé le silence après les drames et pendant les polémiques, par respect pour les familles des victimes », affirme Fabien Metayer.

Mais un cocktail molotov, retrouvé dimanche devant les locaux de la RNMR, a été « l’acte de trop ». « C’était un signal fort, différents des autres et les agents ont été choqués, explique-t-il, nous avons aussi reçu des photos d’Elio par mail mais nous n’avons pas porté plainte ». Concernant le cocktail molotov, une plainte a été déposée hier. Une enquête a été ouverte.

Il s’agit selon lui d’une atteinte à l’intégrité physique mais aussi morale des agents : « Si moi je viens de métropole, la majorité d’entre eux sont des Réunionnais qui travaillent pour le bien-être de leur île. Ne croient-ils pas qu’on est peiné par ces drames? »

« C’est en rétablissant un équilibre que nous allons protéger nos plages »

Il y a donc un sentiment d’injustice au sein de la RNMR et un désir de montrer à ceux qui les attaquent pourquoi elle n’est en rien responsable. La participation à Cap Requins, au dispositif de vigies, à la sécurisation des spots et aux conférences en présence des surfeurs… La RNMR se dit active à la fois dans le maintien de la réserve et dans la protection des usagers.

« La réserve est essentielle pour rétablir l’équilibre dans la mer et profite donc aux populations », assure le directeur. Mais ses poissons attirent-ils les requins? « Non », car en huit ans d’existence, l’augmentation du nombre de poissons serait minimale et « l’effet réserve » n’arriverait qu’au bout de longues années de travail.

A ceux qui affirment qu’aucun état des lieux n’a été réalisé avant la création de la RNMR, il répond: « Une étude, le Point 0, a été faite et elle est aujourd’hui en phase finale ». Certains évoquent également le rapport IFREMER commandité par la mairie de Saint-Paul pour trouver des solutions au risque requin en 1997 et critiquent le Point 0 qui n’aurait pas pris compte de ce rapport. « Ils doivent se rappeler que ce rapport n’a rien à voir avec la réserve car il concerne la baie de Saint-Paul qui ne se trouve pas dans la zone de la RNMR », précise Fabien Metayer.

Selon l’étude Point 0, la RNMR compte seulement 6% de plus de zones de protection où toutes les activités sont interdites (en rouge sur la carte) depuis 8 ans. L’impact sur le nombre de poissons serait minime, d’autant plus que 80% de la réserve est toujours ouverte à la pêche. Le directeur avoue que l’étude n’avait révélé aucune présence de requins à l’époque, mais que les facteurs de leur présence près des côtes ne proviennent pas de la réserve: « Il y a dérèglement de l’éco-système à cause des déchets, de la pêche dans l’océan, du changement climatique… ». Les requins bouledogue et tigre n’auraient pas été attirés par les requins de récif non plus, « car cela fait plus de trente ans que l’on en voit plus, encore une fois, à cause de la pêche », ajoute-t-il.

Des réserves marines contenant des plages et des activités touristiques, il y en a plusieurs dans le monde. Karine Pothin, biologiste à la RNMR, rappelle qu’à la réserve de Saint-Martin dans les Antilles, « ils ont une réserve similaire, avec 3 millions de touristes par an, des requins de récif et des requins tigre qui n’attaquent pas ». « Nous avons aussi cinq fois moins de poissons que dans des zones similaires du Pacifique », ajoute-t-elle.

Si l’incertitude quant aux raisons de ces attaques demeurent, le directeur de la RNMR n’a aucun doute sur l’effet positif de celle-ci: « C’est en rétablissant un équilibre que nous allons protéger nos plages. Si la réserve disparaît, les côtes seront pillées et la pêche traditionnelle disparaîtra ». Eviter la pêche massive et sécuriser les plages restent pour le moment, selon lui, les meilleures options. « Nous aussi nous cherchons des solutions et nous aussi nous sommes horrifiés lorsque quelqu’un perd la vie. Nous sommes des gens de mer, comme les autres ».
 

Réserve marine et pêche sont au cœur des discussions dans l’épineux dossier de la crise requin. Gérard Romiti, président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) est par ailleurs en déplacement à La Réunion, depuis hier et jusqu’à mercredi.
 
Il conduit une délégation de trois personnes, composée de son directeur général (Hubert Carré) et de la chargée de mission pour DOM (Delphine Ciolek).

 

La réserve marine une

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