C’est ce matin, dans ses locaux, que la commission « développement durable » du Conseil économique social environnemental a présenté son rapport sur la problématique de l’énergie électrique à la Réunion. Le fruit de plus de 18 mois de réflexion et qui est, par la même, le dernier de cette actuelle configuration du conseil avant renouvellement le 3 décembre prochain.
La production électrique réunionnaise a atteint les 2.618 GigaWatt/heure en 2009. Elle couvre les besoins de près de 320.000 clients. La part de cette production électrique vient pour une part non négligeable, 36 %, de ressources renouvelables que sont la bagasse et l’hydraulique notamment.
Un Schéma énergétique à l’image du Schéma d’aménagement du territoire
Mais Patrick Beyronneau, président de la commission « Développement durable », reste lucide : « une production en ENR (ndlr : comprenez énergie renouvelable) ce n’est pas pour maintenant. Les énergies fossiles sont encore là pour quelques années », avant de prendre pour exemple le cas de la centrale thermique EDF du Port Ouest qui « arrive à bout de souffle » selon ses propres termes. Les regards se tournent désormais vers la livraison de la future centrale du côté du Port Est vers 2012*. D’ici là, l’ouverture du marché en 2012 oblige à faire un état des lieux.
Le constat du rapport rappelle la situation à la Réunion. Tout d’abord, le dynamisme de son économie s’est traduit par une croissance de sa consommation électrique de l’ordre de 5% sur ces dix dernières années. D’autre part, la hausse constante de la demande se rapporte tout bonnement à la propension toujours plus grande des ménages dans leur utilisation d’appareils au quotidien.
C’est pour faire face à de tels défis que ce rapport se veut résolument ouvert à de nouvelles pistes d’actions dont les institutionnels et les acteurs de l’électricité devront se saisir dans les mois à venir.
En premier lieu, le CESER préconise l’instauration d’un Schéma énergétique global à l’échelle de la Réunion. Un plan qui serait chargé de suivre toutes les propositions faites depuis ces dernières années en matière d’énergie à l’île de la Réunion. Un Schéma qui ferait cause commune avec le déjà existant Schéma d’aménagement régional (SAR).
Une demande sans cesse croissante
Le rapport envisage également la mise en place d’une gouvernance énergétique. L’ouverture du marché imposée par l’Union Européenne parcellisera les responsabilités par l’éclatement des professionnels sur le secteur, « un peu à l’image de ce qui s’est produit après la fin du monopole de France Télécom pour les télécommunications », ajoute Jean-Raymond Mondon, président du CESER.
D’où l’utilité grandissante, pour le conseil économique, de mettre en place un comité de pilotage régional qui regrouperait les différentes autorités institutionnelles, lui-même chargé d’élaborer le fameux Schéma énergétique que le conseil appelle de tous ses vœux.
Enfin, pour se prémunir de tout black-out comme a pu le vivre la Réunion en 1980 à cause du cyclone Hyacinthe, la commission propose la démultiplication pour les écarts de l’île de petites unités de production. « Ça pourrait prendre la forme de petites unités pour des particuliers ou de groupes de particuliers », précise Patrick Beyronneau. Une manière d’envisager avec beaucoup plus de sérénité la part dévorante des ménages et professionnels réunionnais.
Chaque année, le besoin supplémentaire en électricité s’envole à près de 20 MégaWatt à la Réunion.
————
*La prochaine centrale « Port Est » de la Possession sera équipée de 12 moteurs Diesel pour une puissance totale attendue de 220 MW. Seulement un ou deux moteurs sur les 12 seront potentiellement exploitables dès le début 2012. Les autres moteurs entreront en activité progressivement jusqu’à la mi-2012