Ces dernières années, la production du fruit de la passion a chuté de moitié, tandis que les prix en grande surface se sont envolés. Un virus végétal, ou « potyvirus », a décimé une grande partie des plants du petit fruit au goût si savoureux. Un enfer pour les producteurs.
Ignace Hoarau, responsable de la filière fruits à l’Association Réunionnaise pour la Modernisation de l’Economie Fruitière Légumière et Horticole (Armeflhor), témoigne. « Avec l’arrivée de ce virus il y a 4 ans, les producteurs locaux ont arrêté de planter. Six mois après plantation, les pieds dépérissaient, pour la moitié d’entre eux… ».
La culture hors-sol, une première
Pour contrer les caprices de dame nature, l’Armeflhor expérimente actuellement deux pistes encourageantes, susceptibles de booster la récolte de fruits de la passion sains. D’une part, la plantation d’arbres « dévirosés » par l’intermédiaire du Cirad. D’autre part, et c’est une première, la culture hors-sol, comme cela se fait pour la tomate. Sous serre, la plante n’exprimerait pas le virus. La maîtrise de la floraison ainsi que le rendement et la qualité du fruit s’en trouveraient également améliorés.
« Les techniques sont encore en période de test, explique Ignace Hoarau, le temps de voir si nos plants ont bien les mêmes caractéristiques que la variété initiale en terme de développement ». Le professionnel espère pouvoir distribuer des plants viables dans le courant de l’année prochaine, voire fin 2011, et relancer ainsi la production. Une bonne nouvelle pour les nombreux amateurs du fruit acidulé.
Pas d’impact significatif sur nos portefeuilles
Pour nos producteurs aussi puisque notre variété péi, prisée à La Réunion, s’exporte également plutôt bien en métropole. Par contre, si l’on en croit Ignace Hoarau, la loi du marché ne remplumera pas forcément nos portefeuilles… Si la production du fruit de la passion augmente, il se pourrait que leurs prix sur nos étals soient revus à la baisse, « notamment dans les grandes surfaces où le prix au kilo a décollé ces trois dernières années, pour atteindre parfois 7 euros le kilo, voire plus« .
Mais il ne faut pas s’attendre à de grosses économies car, « pour produire des fruits de bonne qualité, on pollinise la fleur à la main, ce qui représente une grosse somme de travail« . Et c’est bien connu, tout travail mérite salaire!