Revenir à la rubrique : Courrier des lecteurs

« La peste soit de vos deux maisons… Elles ont fait de moi pâture pour les vers »

Tribune d’Audrey de Fondaumière, La Politique Autrement St Denis. Liste : Ensemble Faisons Avancer La Réunion. Une étude régionale de fin 2013 à La Réunion dénombre 32 salles de spectacles adossées à des collectivités : interco, commune, région ou département. Seules 15 salles ont une forme d’activité, pas toujours du spectacle, mais de la location […]

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 27 novembre 2015 à 09H09

Tribune d’Audrey de Fondaumière, La Politique Autrement St Denis.

Liste : Ensemble Faisons Avancer La Réunion.

Une étude régionale de fin 2013 à La Réunion dénombre 32 salles de spectacles adossées à des collectivités : interco, commune, région ou département. Seules 15 salles ont une forme d’activité, pas toujours du spectacle, mais de la location à des associations diverses, sports, 3e âge. Parmi elles, seule la moitié, soit 7 salles ont une programmation à l’année. Oui cela signifie que 25 salles, réparties sur toute l’île, ne programment pas d’évènement avec une vision, une gestion et une planification annuelle. Donc près de 80% des salles ouvrent de temps à autre, au coup par coup.

Les collectivités publiques, par les élus qui les dirigent, ont investi dans des salles pour en avoir une dans leur giron, sans s’être posé la question de l’utilité et du fonctionnement de ces salles. Pourtant, les équipements culturels coûtent chers, à la construction d’abord, au fonctionnement ensuite et à la programmation après.

En réalité, il a fallu construire pour construire, pour se dire : « a moin aussi mi néna, euh euh euh ». Dès la crèche, on apprend aux enfants à partager, à prêter leur jouet. Mais devenus adultes, arrivés à la 3e jeunesse, les responsables politiques, de tout bord, n’ont qu’une hâte : avoir leur propre joujou, leur propre « salle » sur l’étagère.

La peste soit de vos deux maisons…

Aplatie par la gauche, humiliée par la droite, la culture à La Réunion est le Mercutio de Shakespeare. Seul homme libre de la cité à n’appartenir à aucun clan, enjoué et plein d’esprit, il est  sacrifié dans l’interminable tragédie revancharde entre la gauche et la droite.

Un exemple : connaissez-vous la salle Yves Montand ? Oui oui à La Réunion … Non bien sûr, vous ne la connaissez pas, car bien que construite et fonctionnelle, elle est fermée… au grand damne des st-rosiens et de leurs voisins.

Nous le savons : la Région a payé comptant il y a quelques jours un bâtiment qu’elle n’avait jamais prévu d’acheter : 18 millions d’euros pour un nouveau conservatoire régional à St Paul. Cela rappelle étrangement la même opération, il y a 4 ans… quand La Région a acheté comptant aussi un domaine à St Denis pour 13, 5 millions d’euros, oui deux millions et demi d’euros plus chers que le prix fixé par les Domaines. Un gros chèque offert  à un groupe automobile, non un groupe de média, euh non à un groupe de promotion, bref à un groupe hybride qui fait tout cela. Cela sans compter le petit million d’euro supplémentaire pour les travaux.

Donc oui 14,5 millions d’euros pour un domaine enclavé dans les hauts de St Denis pour … attendez voir : l’organisation d’évènement d’envergure.

C’est le Montgaillard Culture et Art, le MOCA. Ce domaine de 13 hectares, avec près de 1200 m2 de surface de réception, sert à organiser les fêtes de la Cour, mais pas dan la kour. La culture et l’art pour le sortant de la Région c’est organiser des grandes fêtes somptueuses où boisson et nourriture foisonnent pour une poignée d’invités.

Drôle de conception de la culture, étrange vision de l’art, quand les traiteurs qui alimentent et servent durant ces soirées sont eux-mêmes effrayés de la profusion de gaspillage qui s’y met en scène chaque semaine.

Près de 32 millions d’euros au comptant, sans compter les frais de bouche hebdomadaires, voilà la ligne artistique et culturelle du sortant… Si au moins cette ligne bien grasse empruntait les traits d’un Botero. Il n’en est rien. Cette ligne de gavage paraît d’autant plus grossière quand on pense que le festival du film de La Réunion ou des festivals de danse ou de jazz se sont vus couper leurs maigres subventions… et ce en dépit de leur énergie débordante à faire venir à La Réunion des artistes de pointure internationale ou à faire jouer les talents locaux.

Rassurez-vous. La gauche au pouvoir ne fait pas mieux. Pourtant prévenus depuis 2012, ils ne se sont pas préparés aux baisses de dotations.

Les acteurs culturels de l’île, qu’ils soient producteurs, artistes, association ou périphérie tentent de montrer leur vitalité dans un contexte économique exsangue. Humbles face à une administration souvent débordante de suffisance, ils s’évertuent à réinventer sans cesse leur action malgré l’absence de subvention.

La peste soit de vos deux maisons…

Au contraire de la gabegie de La Région, la disette du gouvernement précipite les acteurs culturels de La Réunion dans une sinistre tombe. La Direction des Affaires Culturelles participe elle aussi à la mise en sourdine de la scène culturelle de La Réunion par manque d’anticipation : « Nous réduisons d’un tiers votre subvention parce que les caisses sont vides, oups … » C’est à peine s’ils ne sortent pas le mot d’excuse du moment : « On ne savait pas, on était chez Jawad ! »

Epargnons nous les tirades sur notre incroyable multi-culturalité et sur notre foisonnante production : «  Nou fabrik, nou lé pa lak sa, nou néna sa ki fo »

Rejetons le Dernier acte, scène du 6 XII 2015.  5 années se sont écoulées. Le Roi Didier a accordé 130 millions d’euros à la promotion des artistes à l’étranger mais aucun artiste de la cité n’en a vu la couleur. Arpagon, accompagné de son fidèle Sita, poursuit le remplissage de sa cassette, le lundi en production, le jeudi en création et chaque jour en pôle régional des musiques actuelles, évinçant peu à peu le Courbis de ces bois.

STOP. Sortons des clivages, des compétitions des fous du roi. Il y a de la place et de l’avenir pour tout le monde.

S’épanouir avec notre patrimoine, rayonner avec la culture.

Nous disposons d’outils, ce ne sont pas les joujoux des élus du coin. La Culture et l’Art sont politiques. Mais ils ne peuvent plus être pris en otage par des politiciens aux abois. Ils appartiennent à la rue, ils sont dan la kour, ils sont partout, et doivent le rester.

Nous proposons de remettre la culture à sa place, c’est à dire au cœur de la cité et au-dessus toute contingence. Voilà des années que chacun son tour, les artistes, les producteurs, les associations, les salles, essayent d’obtenir le soutien de tel ou tel autre. Mais la faucille et le marteau, les objectifs Réunion, la rose et les ripoux se servent de vous, vous gaspillent, là où La Réunion a soif de vous.

Si chacun a faim, La Réunion est insatiable. Si vous l’abreuvez, elle vous noiera de reconnaissance, par-delà la mer.

Dominer ce qui avec le sortant est devenu la « chaine » culturelle ne devrait pas être fait à force de courbette ou de piment Galabert… mais par la simple puissance de votre action, de vos œuvres, de vos productions et de votre implication pour La Réunion, à La Réunion et partout ailleurs.

Vous êtes notre rempart contre l’anémie qui nous guette.

Nous voulons promouvoir, nourrir et faire prospérer le Made In Réunion, à La Réunion et par-delà les océans. La culture n’est pas un business, elle est à la fois respiration et obligation de la société. Comme l’éducation ou la santé, la culture n’est pas négociable. Elle doit « être » un point c’est tout.

Nous voulons que la culture soit. Nous proposons une nouvelle gouvernance, nous voulons offrir une alternance. Pour cela, les outils existent. Vous n’êtes pas les jouets de politiciens gâtés. Nous sommes votre boite à outils.

Redynamiser le FRAC, le rendre d’utilité publique pour que les arts plastiques vivent aussi, et se nourrissent des dons de chacun, monétaires et fiscaux pour certains, matériels et créatifs pour d’autres.

Nous voulons offrir une exaltation culturelle. Nous serons un GPS pour suggérer le meilleur itinéraire. Une vision des arts qui embrasse le spectacle vivant sans faire taire les musiques actuelles. Nous serons une puissante impulsion culturelle, fini la charité, le saupoudrage. Vous serez en piste, prêts à redéfinir les limites.

Nous voulons le maloya au conservatoire et des pépinières de talent sur tout le territoire.

Nous voulons la circulation des talents et des œuvres.

Nous allons résoudre à La Réunion l’opposition mythique entre nature et culture. Patrimoine mondial de l’Unesco, nous sommes la synthèse, nous sommes l’avenir.

Ensemble faisons avancer à La Réunion, c’est avec vous tous, au fait des erreurs passés.

Ensemble, faisons avancer La Réunion avec le monde artistique et culturel en garde-fou et en asile politique.

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires