Chaque région française s’est engagée dans ses états généraux de la pédopsychiatrie. Notre département ne déroge pas à ce tour de table régional qui débouchera, en avril prochain, sur une synthèse nationale. Une synthèse des remontées de terrain dont l’objectif est d’alimenter une future « grande loi de la santé mentale ».
Une rencontre avec les médecins spécialistes de la prise en charge psychiatrique chez l’enfant a eu lieu ce mardi 11 mars à la Saline-les-Bains. Ils sont 35 pédopsychiatres à exercer dans l’île. Le plus gros du bataillon exerce en milieu hospitalier, une fraction en libéral.
C’est tout naturellement que cet état des lieux inédit s’est inscrit dans l’événement des « Semaines d’information de la santé mentale » qui a débuté ce lundi. Vécu comme un espace réflexif, la journée avait pour but de faire se rencontrer des spécialistes travaillant aux quatre coins du département et autour de thèmes précis : la périnatalité/petite-enfance, l’autisme, l’adolescence, la recherche, l’enseignement et l’évaluation en pédopsychiatrie.
« Sans tomber dans les récriminations », déclare un intervenant, un problème récurrent que rencontrent les unités de soins de l’île est vite signalé. Avec un « taux de fécondité élevé », confirme le Dr Sophia Selod, porté à 2,4 enfants par femme (contre 1,98 métropole) mais surtout son taux sept fois plus élevé de mères mineures à la Réunion qu’en métropole et un taux d’IVG deux fois plus pratiqué, « La Réunion mérite des moyens en conséquence ».
Le décor étant posé, un constat s’impose sur le terrain : La Réunion dispose d’un taux d’équipement en lits pour la pédopsychiatrie qui « la place loin, très loin« : 21e sur 24 régions.
Sur un autre versant, le Dr Marie-Françoise Livoir Petersen, qui exerce au CHU Félix Guyon, plaide pour la mise en place d’une recherche-action qui prendrait la forme d’un intérêt universitaire sur les questions de la pédopsychiatrie dans le département. Une manière pour la Réunion de bâtir sa propre littérature sur un champ de la santé mentale peu exploré en milieu insulaire.
Les chantiers restent ouverts et la profession, dont la journée d’échanges devait donner lieu hier après-midi à la rédaction d’une synthèse, compte bien restituer ses travaux qui seront centralisés à Paris le 4 avril. Les États Généraux de la pédopsychiatrie pour la promotion de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent, parrainés par le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, s’y tiendront.
« Il faut que dans cette grande loi de la santé mentale, la pédopsychiatrie ne soit pas oubliée », affichent les intervenants.