Le mot « tramway » n’est plus un tabou. Alors que, jusque-là, le terme de TCSP était privilégié, les ingénieurs du groupe Egis ont dévoilé hier un peu plus de l’avant projet de nouvelle route du Littoral.
Etendue sur un linéaire de 12 km, la future route se situera à l’extérieur de la zone à risque d’éboulements de la falaise, mais reste soumise aux aléas climatiques et aux fortes houles cycloniques. L’infrastructure mixte digue/viaduc doit accueillir quatre voies routières classiques et deux voies réservées aux transports en commun. « Elle pourra évoluer vers un mode TCSP et elle est calculée pour supporter deux voies excentrées de tramway », annonce clairement les ingénieurs du groupe Egis, maître d’oeuvre de la nouvelle route.
La digue: conçue pour durer un siècle
La digue sera l’un des ouvrages de génie civil les plus importants jamais conçus dans le monde, annonce le groupe. Elle présente des caractéristiques dimensionnelles hors du commun et doit être réalisée dans un site très exposé aux houles cycloniques extrêmes.
Dans le détail, la structure de la « digue route », telle qu’elle est envisagée à ce jour, se compose d’un noyau en matériaux d’enrochements immergés, d’une butée de pied ensouillée, d’une carapace d’enrochements lourds et de blocs en béton artificiels, d’un mur de soutènement chasse-mer, d’un remblai routier proprement dit et d’un mur arrière pare-blocs.
Sa conception passe par des études sur maquettes 2D et 3D dans un laboratoire hydraulique (Egis a choisi le laboratoire DHI au Danemark). Ces études permettent d’optimiser les options calées par Egis et de vérifier les performances de l’ouvrage vis-à-vis des franchissements d’eau et sa stabilité à long terme.
Les essais de laboratoire éclairent le concepteur pour des hypothèses à considérer en matière d’efforts sur les structures (piles de viaduc, murs, carapace…). Parallèlement aux études de laboratoire, des modélisations numériques sont faites pour calculer la propagation des houles du large vers le site, afin d’apprécier les impacts sur la courantologie, la sédimentologie et la qualité de l’eau. La digue est conçue pour durer 100 ans.
Enfin, sa conception s’accompagne d’une véritable démarche d’éco-conception, très respectueuse de l’environnement naturel du site, du sol support en fond d’océan et du milieu aquatique. Des éco-récifs (voir les images de synthèse plus bas) seront disposés pour permettre un développement écologique durable dans toute la zone du projet.
Le viaduc: le plus grand pont en mer de France
Plongé dans plus de 10 m de profondeur d’eau, le viaduc sera le plus grand pont en mer de France. Le tablier du viaduc, comme la digue, doit porter deux fois trois voies et doit être adaptable à l’évolution future des modes de transport collectifs. Sa largeur a été optimisée à 29m et autorise une structure en mono-caisson. Le tablier est en béton précontraint construit par encorbellement successif.
Les fondations et les appuis sont conçus pour assurer une stabilité garantie dans le temps et pouvant résister aux chocs de bateaux jusqu’à 300 tonneaux. Des moyens maritimes, avec grues de 2.000 tonnes, seront nécessaires pour mettre en place des pièces préfabriquées au sol et transportées sur site.
Pendant la phase de conception, 60 personnes du groupe Egis œuvreront sur le projet dont 15 au sein de la Direction de Projet et 45 en Bureau d’Études.