Une nouvelle maison d’arrêt dans le Sud, ce n’est pas pour tout de suite. Le projet était prévu pour 2017 à Saint-Louis mais il n’a pas survécu à l’arbitrage du gouvernement en a été écarté du projet de loi de finances pour l’année prochaine. Ouverte depuis 1930, l’actuelle maison d’arrêt de Saint-Pierre, communément appelé « la Cayenne » ne dispose pourtant d’aucune cellule individuelle. Les détenus sont donc incarcérés dans des dortoirs.
A Saint-Pierre, ils sont parfois jusqu’à 26 personnes dans une cellule dortoir. « Le report de ce projet, c’est une mauvaise nouvelle pour la population pénale et pour les personnels qui y travaillent. Beaucoup attendaient la construction d’un nouvel établissement pour pallier à la vétusté des conditions actuelles de détention et les mauvaises conditions de travail. (…) On est une des dernières prisons dortoir avec nos collègues de Basse-Terre en Guadeloupe », explique David Calogine, le secrétaire général Réunion Mayotte du principal syndicat de personnel pénitentiaire, l’UFAP- UNSa Justice.
Les amendes ou la fermeture de la maison d’arrêt de Saint-Pierre
Selon ses explications, ce type de maison d’arrêt fait d’ailleurs l’objet d’un moratoire de la commission européenne. La France aurait jusqu’en 2016 pour se conformer aux normes européennes et mettre fin aux prisons dortoirs. Dans le Sud de l’île, les choses semblent bien mal engagées pour respecter le timing imposé par l’Europe. Pour David Calogine, deux solutions seront envisageables si un nouvel établissement pénitenciaire ne voit pas le jour d’ici là dans le Sud. « La France pourra faire le choix de payer des amendes. Mais si elle refuse cette alternative, il faudra fermer la maison d’arrêt de Saint-Pierre », précise-t-il.
L’incertitude demeurera tant que la ministre de la justice, Christiane Taubira, n’aura pas annoncé le lancement effectif de ce projet. Dans l’attente, le personnel pénitentiaire craint la fermeture de la maison d’arrêt de Saint-Pierre et le déplacement du personnel dans les autres établissements de l’île, au Port et à Domenjod.
Quoi qu’il en soit, le projet n’est pas encore complètement enterré mais reporté. Le personnel pénitentiaire entend bien faire le nécessaire pour qu’il se concrétise. « Ça fait déjà deux ans qu’on dit que ce projet ne verra jamais le jour en 2017. C’est trop juste en terme de timing », souligne David Calogine qui garde néanmoins l’espoir. « Ils nous faut un établissement dans le Sud. On fera tout ce qui est en notre pouvoir pour forcer l’administration à créer un établissement », conclut-il. Le personnel pénitentiaire pourrait donc décider de se mobiliser prochainement sur ce dossier sensible…