La semaine dernière, le Quotidien révélait un conflit commercial -une affaire assez embarrassante- pour Christophe Vielle, l’actuel propriétaire des enseignes de bijouterie Gold Center et Océanor et depuis peu des parfumeries Beauty Success.
Embarrassante à plusieurs titres.
L’homme qui s’est enrichi dans l’importation et la vente de bijoux low cost à 9 carats a toujours soigneusement évité que l’on vienne regarder dans ses affaires. Se présentant un brin provocateur comme un petit commerçant, ce sont surtout ses pratiques hégémoniques qui seraient moyennement appréciées sur la place. Des pratiques qui lui permirent néanmoins de se construire, d’après certains, un trésor de guerre considérable réinvesti dans une multitude de sociétés immobilières.
Embarrassante aussi parce qu’elle met au grand jour des méthodes peu glorieuses (et d’un autre temps) utilisées par Christophe Vielle pour « neutraliser » la concurrence pourtant saine et nécessaire dans un territoire insulaire.
L’affaire révélée par Le Quotidien remonte à près de deux ans. Christophe Vielle s’était alors mis en tête de prendre la direction des parfumeries Mado en faisant son entrée au capital (avec son trésor de guerre). Il entre alors en discussion avec l’un des membres de la famille Ingar, Hanif le fils en l’occurrence, et propose d’apporter de l’argent frais à cette entreprise familiale qui connaît comme bon nombre de sociétés à ce moment là une mauvaise passe. Il pose comme condition que les Ingar acceptent de lui céder la majorité du capital de l’entreprise et donc la direction. Un schéma qui devait lui permettre de mettre la main sur le leader historique de la parfumerie à La Réunion, rien que ça.
Mais lorsque que l’on m’a expliqué comment les négociations se seraient déroulées, les bras m’en sont tombés.
Imaginez qu’après s’être fait présenter les comptes, détailler les marges, expliquer cette activité de luxe dont le fonctionnement est bien éloigné des bijoux fantaisies, la spécialité jusque là de Christophe Vielle, le potentiel repreneur se serait tout simplement retiré pour s’en aller installer lui même des parfumeries sous la franchise Beauty Success… juste en face des parfumeries Mado.
Et l’avocat du groupe Mado d’expliquer : « En 2014, Monsieur Veille avait déjà effectué son marché pour recueillir des informations et ainsi créer Beauty Success« .
Présenté comme ça et si tel est bien le cas, reconnaissons que cela révèle de pratiques assez cyniques. C’est un peu comme si vous invitiez votre futur gendre chez vous, qu’il s’asseye à votre table, partage votre carry, boive votre Dodo avant de passer la nuit avec votre fille… pour ensuite au petit matin s’en aller épouser la fille de votre voisin !
Les Ingar n’ont pas vraiment apprécié mais sont restés bons joueurs : après tout, ils découvraient celui que certains surnomment le « Bernard Tapie local »
Il y a de cela quelques mois, Hanif, le fils de la famille, se voit contraint de céder ses parts dans la société familiale au même Christophe Vieille pour éponger des dettes dues à une vie de flambeur invétéré, aussi bien à la Réunion qu’à Maurice avec ses copains de la jet set. Refus catégorique de son père et de sa soeur, qui estiment en plus qu’il a réalisé « un montage constitutif de fraude » pour contourner l’obligation d’agrément pour entrer dans la société Mado.
Un montage qui a finalement permis au faux gendre Christophe Veille de se retrouver « polygame économique« , c’est à dire actionnaire des parfumeries Mado et propriétaire des parfumeries Beauty Success, son principal concurrent.
Le Quotidien révèle le montage juridique très technique imaginé par les deux compères. Très technique, mais finalement assez simple à réaliser.
C’était sans compter sur l’actuelle dirigeante du groupe Mado, la fille, qui n’a pas hésité à attaquer devant le tribunal de commerce de Saint Denis la manœuvre « grossière » de son frère et de Christophe Vielle à qui elle réclame pas moins de 700.000 euros d’indemnités et l’annulation du « mariage forcé« .
Nous serons présents à l’audience le 13 septembre prochain. Une audience qui s’annonce animée et passionnante.
D’ici là, nous poursuivons notre enquête autour de la myriade d’entreprises de Christophe Vielle car il semble qu’il y ait plein d’autres choses à raconter…