La SIDR a invité ce matin la presse sur un site de désamiantage, dans la résidence de La Comète, à Montgaillard, dans le chef-lieu, afin de montrer comment le bailleur social gère la présence d’amiante dans ses logements.
Une opération de communication bien huilée avec un message clair : les normes de sécurité sont plus que respectées et les locataires ne courent aucun risque. Une opération qui intervient « compte-tenu du brouhaha« , selon les mots du directeur général de la SIDR, Bernard Fontaine, alors que le bailleur social a été interpellé par un collectif de locataires des Camélias et la Commission nationale du logement par rapport à la présence de cette pollution dans ces logements.
Bernard Fontaine, président de la SIDR, a donc donné une conférence de presse « in situ » dans une résidence où cinq appartements (sur 72, ndlr) sont concernés par la présence d’amiante et où une opération de désamiantage est en cours.
6.000 logements concernés par la présence d’amiante
« Il y a un climat de peur » chez certains résidents, admet Bernard Fontaine, alimenté d’après lui « par certains représentants de locataires qui ont une vision intentionnellement anxiogène » de la gestion de l’amiante par la SIDR.
Du coup, le bailleur social, qui représente 10% du parc locatif à La Réunion, joue la carte de la transparence : sur les 23.500 logements appartenant à la SIDR, 16.000 ont été construits avant 1997, date où l’amiante a été interdite en France. « Sur ces 16.000 logements, 6.000 sont concernés par la présence d’amiante« , explique Bernard Fontaine. Le chiffre parait élevé, mais le directeur du bailleur social rappelle qu’en métropole, l’amiante est présent dans « un bâtiment sur deux » pour les logements sociaux datant d’avant 1997.
L’amiante, cette roche naturelle au pouvoir isolant contre la chaleur, le bruit et le feu, se présente sous la forme de fibres très fines et fragiles. Elle était massivement utilisée dans la construction avant son interdiction.
On la trouve principalement dans le béton, le carrelage ou encore la colle (liste non exhaustive). Pouvant être hautement toxique sous sa forme friable, « il n’est pas dangereux », d’après le bailleur social, de vivre au contact de ce matériau si sa forme n’est pas volatile.
« Dans les diagnostics réalisés, il n’a pas été trouvé d’amiante friable », insiste Bernard Fontaine. Ce n’est en effet qu’en cas de découpe, d’arrachage, de ponçage ou de perçage qu’il y a danger, puisqu’il y a alors risque d’inhalation. Voilà pourquoi un locataire a obligation de prévenir le bailleur social s’il initie des travaux. Dans ce cas, un diagnostic doit être réalisé par la SIDR.
Toutefois, la SIDR entreprend une vaste opération de tolérance zéro vis à vis de cette pollution, même si ce n’est pas une obligation légale. « On ne peut pas prendre le parti de vivre avec l’amiante. Nous avions décidé de prendre l’option la plus lourde, la plus radicale et la plus onéreuse d’un point de vue financier : nous débarrasser complètement de toute trace d’amiante », indique le directeur général de la SIDR.
Une facture estimée à plus de 100 millions d’euros
Extraire l’amiante d’un logement et le réhabiliter coûte 15.000 à 20.000 euros. La facture s’annonce donc salée pour le bailleur social : plus 100 millions d’euros, soit « une année de chiffre d’affaires« , indique Bernard Fontaine. Il lui faudra donc trouver des financements et des solutions de relogements. Mais dans l’immédiat, la SIDR a pris l’option de désamianter systématiquement les logements.
« Les opérations de désamiantage sont réalisées dans des conditions extrêmement drastiques« , assure-t-il. Des travaux qui ne présentent aucun danger pour les résidents et les riverains. Les entreprises intervenantes sont agréées et leur personnel est formé. Pour des raisons de sécurité, les logements sont entièrement confinés. Et si de l’amiante est détecté dans les parties communes de la résidence, la SIDR et l’entreprise donneront des consignes aux résidents.
Pendant la période de désamiantage, le locataire est relogé temporairement. Après la réhabilitation de son logement, il peut le réintégrer (dans une moyenne de six mois). La procédure de désamiantage prend du temps, notamment parce que les analyses préalables et finales sont réalisées en métropole. Dans certains cas, comme aux Camélias, le bailleur social fait le choix de détruire les logements. « Mais les opérations de désamiantage sont réalisées au préalable », assure-t-on du côté de la SIDR. Quant aux déchets, ils sont stockés et envoyés en métropole car, à la Réunion, aucun site de gestion de déchets ne peut accueillir un tel matériau.
Le bailleur social admet que de désamianter son parc locatif va prendre de nombreuses années. « Mais je ne pense pas que la SIDR soit très en retard par rapport aux autres bailleurs sociaux« , conclut Bernard Fontaine.