« Dans les zones de protection intégrale, en cas de développement d’espèces envahissantes ou surabondantes, ou en cas de détérioration majeure du milieu, avérée scientifiquement, le préfet peut prendre les dispositions nécessaires pour restaurer l’état du site ». L’article 26 du décret du 21 février 2007 portant création de la Réserve naturelle nationale marine de la Réunion est assez clair. Le seul élément sujet à interprétation pourrait être « la restauration du site » qui ne dit pas vraiment son nom.
Depuis 2011, la ligne préfectorale n’a pas bougé d’un iota : aucune autorisation de pêche aux squales même partielle ne saurait être délivrée. Le troisième cas mortel en un an et demi pourrait fortement influer sur les décisions prochaines même si le dernier communiqué de Michel Lalande insistait plutôt sur les efforts fournis jusqu’à maintenant et le complément d’études attendu dans les mois qui viennent.
De plus près, un élément clé valide l’applicabilité de ce fameux article 26 du groupement d’intérêt public de la Réserve : « le caractère scientifiquement avéré » du « développement d’espèces surabondantes ». A en croire certains témoignages d’habitués des fonds marins, les requins n’ont jamais été aussi présents. La Préfecture, elle, attend les études qui le démontreront…ou pas. Et c’est bien là le fossé qui sépare aujourd’hui les tenants d’une réponse immédiate et coercitive, et l’autorité préfectorale. Les deux versions peuvent se défendre.
Nous aurions aimé approfondir les possibilités et limites des articles qui régissent la vie de la Réserve en interrogeant sa directrice mardi après-midi au moment de la rédaction de cet article mais celle-ci était momentanément injoignable. Toujours est-il qu’à en croire toutes les personnes ayant bien voulu s’exprimer depuis deux jours sur le sujet, l’étau n’en finit pas de se resserrer autour de la Réserve.